Airbus Helicopters et Leonardo viennent d’annoncer une collaboration stratégique pour lancer l’étude d’architecture du programme NH90 Block 2. Cette initiative répond à une sollicitation formelle de la NAHEMA (NATO Helicopter Management Agency), dans une démarche qui s’inscrit dans la continuité des travaux déjà engagés sur le Block 1.
Ce projet vise à définir les contours technico-opérationnels de l’évolution à long terme de l’hélicoptère NH90. Un hélicoptère conçu dès l’origine comme un programme interarmées, interalliés, modulaire, et destiné à remplir des missions variées allant du transport tactique à la lutte anti-sous-marine.
Une architecture modulaire et évolutive
L’étude portera en priorité sur la redéfinition de l’architecture avionique, avec pour objectif d’introduire une modularité accrue des systèmes. Cela permettra à terme une meilleure adaptabilité du NH90 aux besoins des différentes forces armées utilisatrices, tout en simplifiant les opérations de maintenance et de mise à jour logicielle.
L’harmonisation des configurations entre versions terrestres (TTH) et navales (NFH) est également un objectif clé. Cette homogénéité vise à optimiser la logistique, réduire les coûts de possession et faciliter l’interopérabilité en opérations multinationales.
Un pas vers le combat collaboratif
Le Block 2 intégrera des fonctionnalités avancées liées au combat en réseau et aux opérations de type MUM-T (Manned-Unmanned Teaming). Cette capacité permet à un équipage d’hélicoptère de coopérer en temps réel avec des drones aériens ou maritimes, qu’ils soient sous contrôle direct ou opérant de manière autonome.
Ce paradigme opérationnel repose sur une infrastructure de connectivité renforcée, des protocoles de communication durcis et des traitements de données tactiques embarqués, compatibles avec les standards OTAN de dernière génération.
Une étude synchronisée avec les réflexions européennes
Le calendrier de cette étude Block 2 est conçu pour coïncider avec les travaux prospectifs actuellement menés par l’Union européenne, l’OTAN et plusieurs États membres sur les hélicoptères de prochaine génération.
Airbus Helicopters et Leonardo sont déjà coresponsables de l’étude Next Generation Rotorcraft Technologies pilotée à l’échelle européenne. Les briques technologiques explorées dans ce cadre (structures légères, motorisations hybrides, IA embarquée pour l’aide à la décision) alimenteront directement la conception du Block 2.
Un programme ancré dans l’existant
Le lancement de Block 2 capitalise sur les apports du Block 1, une modernisation en cours de déploiement signée en mai 2024 entre NAHEMA et NHIndustries. Ce dernier volet porte sur le logiciel SR3 (Software Release 3), qui améliore la gestion des capteurs, le traitement de données tactiques, les interfaces de navigation et l’intégration armement.
Le Block 1 constitue ainsi une plateforme technique consolidée, sur laquelle l’évolution Block 2 pourra s’appuyer pour garantir une continuité opérationnelle tout en préparant des ruptures capacitaires.
Un alignement industriel structurant
La collaboration entre Airbus et Leonardo s’inscrit dans le prolongement d’un mémorandum d’entente signé en juillet 2024. Ce document a pour objet de réaliser une évaluation complète de l’état du programme NH90 et d’identifier des scénarios d’évolution sur les dix à quinze prochaines années.
Par cette démarche, les deux industriels cherchent à anticiper les cycles d’obsolescence, à intégrer des technologies émergentes sans rupture de disponibilité, et à préparer les flottes actuelles à l’horizon capacitaire 2040+.
Une réponse aux besoins différenciés des États utilisateurs
Enfin, cette étude vise à adapter les futures évolutions aux attentes spécifiques de chaque nation cliente. Les exigences tactiques, les doctrines d’emploi, les environnements géographiques d’opération et les contraintes budgétaires varient d’un État à l’autre.
La conception du Block 2 devra donc permettre une certaine personnalisation sans complexité industrielle excessive, en s’appuyant sur une architecture logicielle ouverte et des interfaces normalisées.
NAHEMA jouera un rôle de coordinateur de ces exigences, garantissant l’équilibre entre standardisation mutualisée et flexibilité nationale.


