Ce géant français qui contrôle déjà 90% de ce marché en plein boom sort 2 innovations majeurs pour rester le roi des cuves à membrane pour méthaniers

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La France et la Corée du sud collaborent pour inventer les méthaniers de demain.

Deux cuves, une ambition : réinventer les navires gaziers qui pèsent de plus en plus lourd dans l’économie mondiale. Voilà le pari lancé entre deux géants de l’ingénierie maritime : GTT, le spécialiste français du confinement cryogénique, et HD Hyundai Heavy Industries, le constructeur sud-coréen au chantier naval plus vaste qu’un arrondissement de Paris. Ensemble ils veulent améliorer la performance et le confort à bord des méthaniers.
Deux projets concrets sont sur la table et ils pourraient bien être à la base des méthaniers de demain.

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Deux innovations majeurs qui pourraient révolutionner le transport de GNL

Traditionnellement, les cuves des méthaniers sont rectangulaires, voire légèrement tronquées, pour maximiser les volumes transportés. C’est pratique, mais ce n’est pas toujours très adapté à la géométrie effilée de l’avant du navire. Cela peut engendrer des espaces perdus, des contraintes structurelles, et des coûts supplémentaires.

Avec leur nouveau concept de cuve trapézoïdale convergente, GTT et HHI cherchent à optimiser l’architecture du navire dès sa proue. Cette « cuve avant n°1 »adopte une forme plus proche de la coque elle-même. Moins de vide, plus de gaz. Le système Mark III, déjà éprouvé, y est toujours utilisé, mais ajusté à cette morphologie innovante.

Cela signifie une capacité de transport accrue, une meilleure stabilité du navire et une réduction du volume mort. L’avantage est à la fois économique (plus de cargaison par traversée) et technique (réduction des tensions mécaniques dans les structures). En résumé : faire plus avec mieux.

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Un dôme qui se fond dans le décor

L’autre innovation concerne un détail qui, dans le monde des cuves cryogéniques, n’en est pas un : le dôme liquide. C’est là que transitent les canalisations cryogéniques, où passe le gaz à –162 °C, avant d’être regazéifié ou transféré.

Dans la nouvelle version, le dôme affleurant se fait discret et intelligent. Il ne dépasse plus, ou presque, du pont. Cela peut sembler anecdotique, mais c’est en réalité un gain considérable pour l’ergonomie des opérations. On simplifie les cheminements, on libère de l’espace sur le pont, et on facilite la maintenance.

Moins d’obstacles = moins de risques. Dans un environnement maritime soumis aux embruns, aux chocs thermiques et aux mouvements permanents, chaque centimètre gagné est un soulagement pour les équipes.

Du gaz liquide… au GNL intelligent

Ces deux innovations s’inscrivent dans une tendance plus large : la transformation numérique et énergétique des navires. Le transport de gaz naturel liquéfié (GNL) ne se résume plus à déplacer des molécules dans des boîtes réfrigérées. Aujourd’hui, c’est un système global qui implique des capteurs, des modèles prédictifs, de l’analyse de données et une gestion fine de la consommation énergétique.

GTT, de son côté, développe des solutions numériques qui permettent de suivre en temps réel les performances thermiques et mécaniques des cuves. Objectif : réduire les pertes par évaporation, ajuster la température de confinement, anticiper les déformations dues aux cycles de chargement.

HD Hyundai, quant à lui, mise sur le “smart ship” : une architecture électronique embarquée capable de dialoguer avec les ports, les satellites, voire les autres navires. L’avenir du GNL passera autant par des tuyaux que par des lignes de code.

L’ergonomie, nouvelle star des chantiers navals

Pendant longtemps, les navires de commerce ont été conçus comme des machines à profit. Ergonomie ? Confort ? Des sujets secondaires, parfois relégués derrière les moteurs.

Ce temps-là semble révolu. Le projet de cuve trapézoïdale comme celui du dôme affleurant s’inscrit dans une dynamique de simplification des opérations : moins de stress pour les équipages, moins d’erreurs humaines, moins de fatigue. Car un méthanier, c’est 280 mètres de long, 45 mètres de large et un volume de cargaison de plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes. Il faut savoir naviguer dans cette cathédrale glacée.

Ce virage ergonomique est l’un des leviers de compétitivité des chantiers navals du futur. Car à l’heure où le marché du GNL explose, c’est aussi la disponibilité, la sécurité et la fiabilité des navires qui feront la différence.

L’enjeu environnemental en embuscade

GNL rime souvent avec énergie « de transition ». Moins émetteur que le charbon ou le pétrole, il reste néanmoins un hydrocarbure fossile. L’enjeu est donc double : transporter plus propre, tout en réduisant l’impact des infrastructures elles-mêmes.

C’est là que l’optimisation du design devient vertueuse. Des cuves mieux intégrées, des dômes moins intrusifs, des ponts plus fonctionnels : cela se traduit aussi par des navires plus légers, plus économes, moins gourmands en carburant auxiliaire.

Et cela compte. Car un méthanier peut consommer jusqu’à 200 tonnes de fioul par jour s’il n’est pas optimisé. Chaque amélioration de structure se chiffre en millions d’euros d’économies sur la durée de vie du navire.

Un marché en pleine expansion qui carbure au GNL

Derrière ces innovations techniques se cache une réalité économique bouillonnante. Le marché mondial des méthaniers affiche une santé de fer : estimé à près de 13,1 milliards d’euros en 2025, il pourrait grimper à 24,8 milliards d’euros d’ici 2037 !
Un rythme soutenu, tiré par la soif énergétique de l’Asie-Pacifique. La Chine, l’Inde, le Japon et la Corée du Sud devraient représenter à eux seuls près de 32 % du marché dans une douzaine d’années. L’année 2022 a d’ailleurs marqué un tournant, avec 162 nouvelles commandes de méthaniers, dont beaucoup visent des capacités XXL. Et dans cette ruée vers le gaz liquéfié, la technologie française occupe une place de choix : entre 80 et 90 % des méthaniers en activité sont équipés de cuves à membrane conçues par GTT.

Ce géant français de la construction tient enfin le sésame qui va lui ouvrir une voie royale vers un marché à 151 milliards d’euros en 2037 : l’éolien offshore

Une alliance franco-coréenne qui vise long terme

Ce n’est pas la première fois que GTT et HD Hyundai collaborent. Mais ces deux JDP (Joint Development Projects) marquent une montée en gamme dans leur partenariat.

La concurrence est rude sur le marché des méthaniers, notamment face aux chantiers chinois. Se démarquer par des innovations pratiques, réplicables, et économiquement rentables est une stratégie assumée.

C’est aussi un exemple de collaboration industries européennes et asiatiques sur des enjeux partagés : mieux transporter, mieux consommer, mieux concevoir.

Sources :

  • Communiqué de presse de GTT
  • https://www.mordorintelligence.com/fr/industry-reports/lng-carriers-market

Image : Beau coucher de soleil sur la zone industrielle d’une ville de banlieue avec le soleil se reflétant sur l’eau (Freepik)

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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