Un duo fusée-vaisseau prêt à rugir dans les cieux.
Ce 24 octobre, au Centre de lancement de Jiuquan, la fusée Longue Marche-2F (en chinois : 长征二号F火箭, Chang Zheng 2F) vient d’atteindre sa position verticale, prête à défier la gravité. Perchée à son sommet, la capsule Shenzhou-21 (en chinois : 神舟二十一号 ; pinyin : Shénzhōu èrshíyī-hào ; littéralement « Vaisseau divin numéro 21 ») attend son équipage.
Les équipes techniques s’affairent autour de la tour de service. Le compte à rebours n’est pas lancé officiellement mais ici, tout le monde sait qu’il a déjà commencé (on parle du 31 octobre 2025 même si rien n’est encore officiel). Un peu plus haut, à quelques centaines de kilomètres d’altitude, la station Tiangong tourne silencieusement autour de la Terre, attendant ses nouveaux visiteurs.
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La Chine sur le pas de tir : Shenzhou-21 prêt pour un nouveau voyage habité
Le transfert de l’ensemble fusée-vaisseau a été exécuté comme une chorégraphie militaire. Chaque mouvement est répété, chronométré, calibré, jusqu’à l’alignement des roues sur les rails. C’est un ballet que les ingénieurs chinois maîtrisent depuis plus de vingt ans.
Dans les salles de contrôle, les voyants sont au vert, les rapports s’enchaînent, et les derniers tests de synchronisation s’annoncent pour les jours à venir. Viennent ensuite les exercices grandeur nature, les simulations de compte à rebours, et enfin, le remplissage du propergol, cette étape tendue où la fusée devient réellement vivante.
On ne connaît pas encore l’heure exacte du lancement. Mais dans les couloirs du centre, on parle bas, on marche vite, on vérifie deux fois. Chacun sait que chaque minute peut changer le destin d’un vol.
Des taïkonautes bientôt en orbite, dans la continuité de Shenzhou-20
Shenzhou-21 est la suite directe d’une stratégie patiente et méthodique, amorcée avec les vols précédents. Shenzhou-20 avait consolidé les routines : sorties extravéhiculaires, expériences en microgravité, tests de long séjour.
La mission à venir devrait suivre le même schéma, mais avec plus d’assurance, plus d’automatisation, plus de précision. Bientôt, les noms des trois taïkonautes seront dévoilés. Ils ont probablement déjà bouclé leur valise. Peut-être répètent-ils une dernière fois les procédures d’urgence, les gestes en orbite, les conversations radio avec la Terre.
Pour eux, l’espace est un lieu de travail, pas un décor de science-fiction.
Une base spatiale qui tourne à plein régime
Jiuquan est un site entièrement dédiée à l’idée de faire décoller des femmes et des hommes vers l’espace. Dans cette ville au milieu de nulle part, il y a des simulateurs grandeur nature, des couloirs climatisés, des salles de briefing, des dortoirs sous surveillance. On y croise des uniformes, des badges colorés, des casques accrochés aux murs.
Les équipes de soutien, météorologues, médecins, pompiers, ingénieurs, se relaient par équipes de jour et de nuit. Plusieurs exercices de crise ont déjà eu lieu ces dernières semaines : fuite simulée, coupure de courant, alerte feu, tout a été anticipé.
Shenzhou, colonne vertébrale du vol habité chinois
Au cœur de cette mécanique bien huilée, il y a la capsule Shenzhou, inspirée de Soyouz mais adaptée à la vision chinoise. Solide, fiable, et désormais familière pour les astronautes. Elle peut embarquer trois personnes, rester plusieurs mois amarrée à Tiangong, servir de navette comme de canot de sauvetage.
Elle s’amarre, se détache, et revient se poser dans les steppes de Mongolie intérieure avec une précision déconcertante.
Pour l’emmener là-haut, la Longue Marche-2F, fidèle bête de somme du programme habité, reste imbattable en Chine.

L’ambition spatiale chinoise en orbite permanente
Tout cela n’est qu’un début. À l’horizon, la Chine regarde déjà la Lune, avec un vol habité annoncé pour d’ici 2030. Des rumeurs évoquent un véhicule interplanétaire à propulsion nucléaire, des stations de surface semi-automatisées, des bases lunaires modulaires. C’est encore loin, mais pas hors de portée si la mission Shenzhou 21 est un succès.
🚀 Principales fusées spatiales chinoises
| Nom | Type | Charge utile en orbite basse (LEO) | Charge utile en orbite géostationnaire (GTO) | Utilisation principale | Statut |
| Longue Marche 2F | Fusée habitée (2 étages) | 8,4 tonnes | NC | Lancements de vaisseaux habités Shenzhou | Active |
| Longue Marche 3B | Fusée lourde (3 étages + boosters) | 12 tonnes | 5,5 tonnes | Satellites de télécoms, sondes lunaires | Active |
| Longue Marche 4C | Fusée moyenne (3 étages) | 4,2 tonnes | NC | Satellites météorologiques et d’observation | Active |
| Longue Marche 5 | Fusée lourde nouvelle génération | 25 tonnes | 14 tonnes | Missions lunaires, modules de station spatiale | Active |
| Longue Marche 6A | Fusée légère à moyenne (avec boosters) | 13,5 tonnes | NC | Satellites multiples, lancements commerciaux | Active |
| Longue Marche 7 | Fusée cargo (2 étages) | 13,5 tonnes | NC | Lancements de cargos Tianzhou vers Tiangong | Active |
| Longue Marche 8 | Fusée semi-réutilisable | 8,4 tonnes | NC | Lancements commerciaux, constellations | En déploiement |
| Longue Marche 9 | Fusée super-lourde (en développement) | >100 tonnes | >50 tonnes | Exploration lunaire et martienne habitée | Prévue ~2030 |
Source : Xinhua



