Dans le royaume animal, les infections constituent un risque majeur de mortalité, surtout chez les animaux vivant en groupe, où la transmission de pathogènes contagieux est une menace constante. Cependant, une découverte révolutionnaire a été faite concernant les fourmis Megaponera analis. Ces fourmis, connues pour leur comportement prédateur envers les termites, ont développé une capacité remarquable à soigner les blessures infectées de leurs congénères.
Un Traitement Ciblé et Efficace
Les chercheurs ont découvert que les fourmis Megaponera analis peuvent non seulement identifier les blessures infectées mais aussi les traiter efficacement. Elles utilisent pour cela des composés antimicrobiens et des protéines sécrétées par leur glande métapleurale, réduisant ainsi de 90% la mortalité des individus infectés.
Un système de détection et de traitement sophistiqué
Les fourmis M. analis possèdent une aptitude extraordinaire à détecter les infections. Les changements spécifiques dans le profil d’hydrocarbures cuticulaires des individus infectés permettent à leurs congénères de diagnostiquer l’état de l’infection et d’appliquer le traitement approprié. Cette étude démontre que les sociétés de fourmis M. analis utilisent les composés antimicrobiens produits dans les glandes métapleurales pour traiter les plaies infectées, réduisant ainsi considérablement la mortalité au sein de leur colonie.
La Bactérie Pseudomonas aeruginosa comme Agent Pathogène : La recherche a identifié la bactérie gram-négative Pseudomonas aeruginosa comme cause principale des infections mortelles chez les travailleurs blessés de M. analis. Les fourmis blessées et exposées à cette bactérie ont une charge bactérienne dix fois plus élevée que celles exposées à un environnement stérile.
Comportement de soin et utilisation de la glande Métapleurale
Les fourmis de la colonie traitent les blessures infectées en déposant des sécrétions de la glande métapleurale, connues pour leurs propriétés antimicrobiennes. Ce comportement de soin est plus fréquemment observé chez les fourmis infectées et implique un nettoyage préalable de la blessure avant l’application des sécrétions.
Une Capacité à Discriminer les Ants Infectés : De manière remarquable, les fourmis M. analis sont capables de distinguer les individus infectés des non-infectés. Elles fournissent des soins plus fréquents aux premiers, en particulier 10 à 12 heures après l’introduction dans le nid, période correspondant à l’apogée de l’infection.
Les profils d’hydrocarbures cuticulaires comme indices d’infection
Les chercheurs ont également constaté que le profil d’hydrocarbures cuticulaires des fourmis change significativement en cas d’infection, fournissant ainsi un indice vital pour le diagnostic de l’état de santé de l’individu. Ces changements sont régulés par des gènes exprimés différemment dans les corps adipeux des fourmis, reflétant les ajustements biochimiques face à une infection.
Implications et perspectives
Cette découverte offre un aperçu fascinant des comportements complexes et des adaptations chez les insectes sociaux. Elle souligne également le potentiel d’exploration de nouveaux composés antimicrobiens pour des applications médicales humaines, notamment dans le traitement des blessures infectées.
L’importance de la Collaboration Scientifique : Il convient de souligner que cette recherche a été réalisée grâce à une collaboration internationale, bien que l’implication des scientifiques locaux ait pu être plus importante. Cette étude rappelle l’importance de l’engagement et de la collaboration scientifique à travers les frontières pour explorer et comprendre les phénomènes biologiques complexes.
Cette recherche révolutionnaire ouvre de nouvelles perspectives sur les stratégies de survie dans le règne animal et pourrait influencer de manière significative le domaine médical, notamment dans la recherche de nouveaux traitements antimicrobiens.
Source de l'étude : Frank, E.T., Kesner, L., Liberti, J. et al. Targeted treatment of injured nestmates with antimicrobial compounds in an ant society. Nat Commun 14, 8446 (2023). https://doi.org/10.1038/s41467-023-43885-w