Singapour se positionne à l’avant-garde de la décarbonation de l’aviation, avec l’hydrogène comme potentiel vecteur de transformation. Le Comité de Coopération sur l’Hydrogène de Singapour, fruit d’une collaboration entre Airbus, le Groupe Aéroportuaire de Changi, l’Autorité de l’Aviation Civile de Singapour (CAAS) et Linde, explore depuis février 2022 les avenues possibles pour intégrer l’hydrogène comme solution à la réduction des émissions de carbone dans l’aviation.
Une collaboration stratégique
En février 2022, une alliance stratégique s’est formée à Singapour, marquant le début d’une exploration approfondie de l’hydrogène comme pilier de la décarbonation de l’aviation. Les travaux du comité ont notamment porté sur l’analyse de la demande et de l’offre régionales et locales d’hydrogène, les exigences en matière de chaîne d’approvisionnement et d’infrastructure, ainsi que sur les considérations potentielles pour l’établissement d’un écosystème hydrogène réussi pour l’aviation dans la cité-état.
L’hydrogène liquide : une technologie d’avenir
Le comité reconnaît que la technologie permettant d’utiliser l’hydrogène liquide pour alimenter les avions est en cours de développement et sera appliquée aux futures générations de grands avions commerciaux. Cette anticipation permet à Singapour de se préparer efficacement à l’incorporation de l’hydrogène liquide dans sa stratégie de décarbonation de l’aviation.
Investissements et intérêts croissants en Asie-Pacifique
Sabine Klauke, directrice technique d’Airbus, souligne l’intérêt croissant des acteurs de la région Asie-Pacifique pour les investissements significatifs dans l’hydrogène, le développement de nouvelles technologies et la mise en place de chaînes d’approvisionnement. L’hydrogène est reconnu comme une voie de décarbonation à long terme, complémentaire au carburant d’aviation durable, dans le cadre de la transition vers le zéro net d’ici 2050.
Scénarios d’infrastructure à Changi
Le comité a identifié des scénarios d’infrastructure pouvant soutenir le déploiement progressif d’une offre à grande échelle d’hydrogène liquide pour l’aviation à l’aéroport de Changi à long terme. Singapour pourrait consommer jusqu’à 50 tonnes d’hydrogène liquide par jour à partir des années 2040, et jusqu’à 600 tonnes par jour au-delà de 2050, basé sur l’entrée en service d’avions à hydrogène de 100 à 200 passagers entre 2035 et 2040.
Défis et perspectives
Malgré l’optimisme, le comité souligne l’importance de considérer la préparation à l’hydrogène des aéroports de destination potentiels et les considérations commerciales des compagnies aériennes pour réaliser les vols à hydrogène. De plus, les aspects tels que les opérations, la sécurité, la réglementation et les économies liées à la technologie hydrogène doivent être examinés plus avant.
Vers une aviation propulsée par l’hydrogène
John Panikar, EVP et CEO APAC chez Linde, affirme que l’hydrogène joue un rôle clé dans la transition énergétique propre mondiale, notamment dans l’aviation, en réduisant les émissions des avions en vol et en décarbonant les activités au sol. Linde, avec plus de 100 ans d’expérience dans le domaine de l’hydrogène, se positionne comme un acteur clé pour développer cette promesse dans l’aviation.
Bien que l’hydrogène en aviation soit encore à ses débuts, avec de nombreuses incertitudes, les efforts concertés à Singapour pour étudier et préparer l’infrastructure, la technologie, les réglementations et la chaîne d’approvisionnement soulignent un engagement fort vers une aviation plus durable et moins carbonée. Les prochaines étapes, y compris le développement de l’Airbus ZEROe et l’adaptation des opérations aéroportuaires, seront cruciales pour concrétiser cette vision ambitieuse.