Quelles sont les vraies raison pour lesquelles le Japon continue la chasse à la baleine ?

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Depuis des siècles, le Japon pratique la chasse à la baleine. Cette activité trouve ses racines dans une tradition millénaire qui a débuté bien avant l’ère moderne. Dès le Moyen Âge, les communautés côtières japonaises chassaient les baleines pour leur viande, une ressource précieuse dans un pays où l’agriculture était parfois difficile. La viande de baleine a longtemps constitué une source de protéines essentielle pour de nombreuses générations, en particulier pendant les périodes de famine ou de difficultés économiques.

Dans certaines régions du Japon, la chasse à la baleine revêt également une dimension spirituelle et culturelle. Les pratiques anciennes entourant cette chasse témoignent d’une relation profondément respectueuse avec la nature, où chaque partie de l’animal était utilisée, limitant ainsi le gaspillage. Les cérémonies rituelles, telles que celles observées dans certaines communautés baleinières, visaient à honorer l’esprit de l’animal après la chasse, illustrant une connexion culturelle forte avec cet acte.

La sortie de la Commission baleinière internationale (CBI) et la relance de la chasse commerciale

En 2019, le Japon a surpris le monde en annonçant son retrait de la Commission baleinière internationale (CBI), une organisation créée pour réguler la chasse à la baleine et protéger les espèces menacées. Ce retrait a permis au Japon de reprendre officiellement la chasse commerciale à la baleine dans ses eaux territoriales après plus de 30 ans de restrictions imposées par le moratoire international.

Le gouvernement japonais a justifié cette décision en affirmant que certaines espèces de baleines n’étaient plus menacées et qu’il était donc possible de relancer l’industrie tout en respectant les quotas et les pratiques de gestion durable. Tokyo a également souligné que la chasse à la baleine constituait une part essentielle du patrimoine culturel du pays et qu’il était important de préserver cette tradition tout en la modernisant.

Cependant, cette décision a suscité une vague de critiques internationales, notamment de la part des organisations de défense de l’environnement et des pays qui militent pour la protection des cétacés. Malgré cela, le Japon continue de défendre sa position en insistant sur le caractère « raisonné » et réglementé de sa chasse.

Pourquoi le Japon continue-t-il la chasse à la baleine ?

Malgré les pressions internationales et les critiques, le Japon persiste dans la pratique de la chasse à la baleine pour plusieurs raisons à la fois culturelles, économiques et scientifiques. La viande de baleine, bien que moins consommée qu’auparavant, reste une source de nourriture traditionnelle pour certains Japonais. Elle est souvent présentée comme un élément culturel fort, symbolisant la résilience et l’indépendance alimentaire du pays.

Sur le plan économique, la chasse à la baleine permet de maintenir en activité des communautés côtières dont l’économie repose encore en grande partie sur cette industrie. Bien que le nombre de consommateurs ait diminué, certaines régions continuent de voir dans la chasse à la baleine un moyen de subsistance locale. Pour ces communautés, l’arrêt complet de cette pratique aurait des conséquences sociales et économiques désastreuses.

Par ailleurs, le Japon invoque également des raisons scientifiques pour justifier ses campagnes de chasse. Durant les décennies de moratoire international, le Japon a mené des chasses sous couvert de recherche scientifique, affirmant que ces opérations étaient nécessaires pour étudier les populations de baleines et leur écosystème. Les données recueillies sur les cétacés, selon les autorités japonaises, seraient indispensables à la gestion durable des ressources marines. Cette position est cependant très critiquée par les organisations internationales, qui voient dans ces pratiques une excuse pour continuer la chasse commerciale sous une autre forme.

Une partie importante de la population japonaise demeure profondément attachée à la chasse à la baleine en raison de son enracinement culturel. Selon un sondage réalisé en 2014 par le quotidien japonais Asahi Shimbun, 60 % des Japonais soutiennent cette pratique, même parmi ceux qui déclarent ne pas consommer de viande de baleine. Cette statistique montre que la chasse à la baleine représente bien plus qu’une simple question alimentaire pour le Japon ; elle est perçue comme un élément central de l’identité culturelle du pays, notamment parmi les nationalistes. Ces derniers considèrent que la chasse à la baleine symbolise la résistance aux pressions étrangères et le maintien des traditions locales.

Historiquement, cette pratique a pris de l’ampleur après la Seconde Guerre mondiale, lorsque la viande de baleine était une source essentielle de protéines pour une population japonaise en pleine reconstruction. Dans les années 1950, à l’apogée de cette activité, environ 2 000 baleines étaient pêchées chaque année. Bien que la consommation de viande de baleine ait considérablement diminué depuis, avec seulement quelques grammes consommés par habitant aujourd’hui, une grande majorité de Japonais considère que la chasse à la baleine fait partie intégrante de leur héritage national.

La chasse à la baleine est également devenue un enjeu diplomatique majeur pour le Japon, qui refuse de céder face aux critiques internationales. Pour le gouvernement japonais, la pression exercée par des pays étrangers, comme l’Australie ou les États-Unis, est perçue comme une attaque contre la culture japonaise. En 2014, la Cour internationale de justice a ordonné au Japon d’arrêter la chasse à la baleine dans l’océan Antarctique, une décision qui a été vivement rejetée par les autorités nippones. Selon certains observateurs, comme l’historien Jean-Marie Bouissou, il s’agit également d’une question d’honneur : le Japon ne veut pas être perçu comme un pays se pliant aux exigences étrangères, ce qui pourrait être interprété comme un signe de faiblesse sur la scène internationale.

En quittant la Commission baleinière internationale (CBI) en 2018, le Japon a affirmé son indépendance diplomatique et sa volonté de défendre ce qu’il considère être un droit souverain. Cette position reflète une détermination à ne pas céder face aux pressions extérieures, tout en réaffirmant son engagement à réguler la chasse de manière durable, sans pour autant sacrifier une tradition perçue comme précieuse.

Opposition internationale et préoccupations écologiques

Le retour du Japon à la chasse commerciale a provoqué une indignation mondiale, en particulier parmi les organisations de défense des animaux et les militants écologistes. De nombreux pays, dont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont exprimé leur profond désaccord face à cette reprise, la qualifiant de retour en arrière pour la protection des cétacés.

Les écologistes s’inquiètent particulièrement de la chasse de certaines espèces comme le rorqual commun, une baleine considérée comme vulnérable par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Bien que le Japon affirme respecter des quotas stricts, les scientifiques estiment que la chasse commerciale pourrait déséquilibrer les populations de certaines espèces et nuire à la biodiversité marine.

De plus, la chasse à la baleine va à l’encontre des efforts mondiaux de conservation qui visent à protéger les écosystèmes marins déjà menacés par le changement climatique, la pollution et la surpêche. La communauté internationale continue donc de faire pression sur le Japon pour qu’il abandonne définitivement cette pratique, jugée anachronique et néfaste pour l’environnement.

Résumé en 5 points :

  • Le Japon pratique la chasse à la baleine depuis des siècles, inscrite dans son patrimoine culturel.
  • En 2019, le Japon a quitté la CBI pour relancer la chasse commerciale à la baleine dans ses eaux.
  • La chasse à la baleine est justifiée par des raisons économiques (subsistance des communautés côtières) et scientifiques.
  • La communauté internationale et les organisations écologiques dénoncent cette pratique, en particulier la chasse au rorqual commun.
  • Les efforts de conservation et la protection des cétacés sont au cœur des tensions entre le Japon et les militants environnementaux.

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Eric GARLETTI
Eric GARLETTIhttps://www.eric-garletti.fr/
Je suis curieux, défenseur de l'environnement et assez geek au quotidien. De formation scientifique, j'ai complété ma formation par un master en marketing digital qui me permet d'aborder de très nombreux sujets.

4 Commentaires

  1. La tradition culturelle a bon dos. Tuer des rhinocéros et les éléphants c’est aussi culturels ?
    L’homme est en train de supprimer des espèces que les générations futures ne connaîtront qu’en image ou empaillés dans les musées.
    Il faut arrêter le massacre

  2. Vos explications du pourquoi certains États dont le Japon et d’autres continuent la chasse aux cétacés est désastreuses.
    Les baleines sont les fermiers des océans…. Une respiration sur deux provient de la production d’oxygène des océans. Cette chasse est barbare, elle est inutile et économiquement non rentable. L’industrie baleiniere Japonaise est associée à des groupes gangrené par des m*****. Le Japon n’a pas besoin de consommer des cétacés pour sa sécurité alimentaire. Enfin si nous continuons à piller les Océans ceux qui en auront vraiment besoin pour se nourrir n’y trouveront plus rien.
    Arrêtons de piller si nous continuons comme celà nous ne faisons s’accélérer la sixième extinction.

  3. Un article équilibré, bien fait. Les nouveaux et gigantesques baleiniers-usines du Japon pratiquent de la surpêche, et chassent en Antarctique, ce que prohibe la Commission baleinière de l’ONU, mais pour se soustraire aux règles onusiennes de préservation des espèces marines, et de leurs écosystèmes, le Japon s’est retiré de la Commission… L’ONU ne reconnaît pas la justification de ce pays à chasser les baleines (donc mettre en péril ses diverses espèces) sous prétexte que la viande des cétacés est une source alimentaire indispensable pour les nippons insulaires. Allez tous signer la pétition pour faire libérer Paul Watson, emprisonné à Nuuk Groenland, alors qu’il est en attente d’une probable extradition demandée… par le Japon qui veut le faire “juger” et condamner à 15 ans de taule… Lui qui a 73 ans ! Le Japon déteste P. Watson, dit le “protecteur des océans”, donc. des baleines… Signez via internet sur seashepherd.fr/petitions/petition/10/ OU sur… mesopinions.com/petition/top-petition ici voir pétition “Macron-Watson”. Au total ces 2 pétitions cumulent tout près de 1,000,000 (1 million) de signatures. Soyez le ou la million-niėme… ❤️

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