Pendant longtemps, on a cru que porter une tenue rouge dans les sports de combat olympiques conférait un avantage significatif aux athlètes. Une nouvelle étude démontre qu’il n’en est plus rien.
Une hypothèse forgée en 2005
En 2005, une étude menée par des chercheurs de l’université de Durham avait soulevé l’idée que le rouge pouvait influencer les résultats des compétitions de boxe, de taekwondo et de lutte. Cette hypothèse reposait sur l’analyse de compétitions où les athlètes, attribués aléatoirement à des tenues rouges ou bleues, semblaient avoir de meilleures chances de victoire lorsqu’ils portaient du rouge. L’avantage, selon les chercheurs, était particulièrement visible dans les combats serrés, où les marges de points étaient réduites.
Cependant, cette observation restait limitée à un cadre restreint et ne couvrait pas un large éventail de compétitions. Le débat restait ouvert sur l’étendue réelle de cet effet.
Une analyse sur 25 ans de compétitions internationales
Pour tester à nouveau cette hypothèse, des chercheurs de la Vrije Universiteit Amsterdam, de Northumbria University et de Durham University ont collaboré. Leur objectif était de vérifier si l’avantage du rouge persistait à travers un large éventail de compétitions internationales.
Ils ont utilisé des techniques d’analyse de données avancées pour examiner les résultats de plus de 6 500 compétiteurs dans 16 grands tournois internationaux organisés entre 1996 et 2020, comprenant sept éditions des Jeux olympiques d’été et neuf championnats du monde de boxe.
Leur conclusion est sans appel : les athlètes portant du rouge ont gagné 50,5 % des combats, un résultat statistiquement équivalent à un pur hasard. Dans les combats les plus disputés, où l’écart de points était faible, le taux de victoire en rouge atteignait 51,5 %, mais cette différence est également jugée insignifiante.
Un avantage disparu après 2005
Les chercheurs ont toutefois relevé une différence notable avant et après 2005. Avant cette date, les athlètes vêtus de rouge remportaient 56 % des victoires dans les combats serrés, ce qui soutenait l’idée d’un véritable avantage.
Selon Leonard Peperkoorn, psychologue social à la Vrije Universiteit Amsterdam, ce changement peut être attribué à l’évolution des règles et des méthodes de notation. Il explique : « Les arbitres jouaient autrefois un rôle plus important dans l’attribution des points. Aujourd’hui, les systèmes de notation sont de plus en plus soutenus par des technologies, et la clarification des règles réduit la marge d’interprétation. Ces évolutions offrent un cadre plus impartial. »
Une synthèse d’une ampleur inédite
Cette étude va bien au-delà des analyses antérieures limitées à des tournois individuels. Thomas Pollet, professeur de psychologie comportementale à Northumbria University, souligne : « En examinant de multiples tournois, les données montrent qu’il existe peu de preuves que le rouge influence encore les performances des athlètes au plus haut niveau. »
Russell Hill et Robert Barton, professeurs d’anthropologie à l’université de Durham, qui avaient mené l’étude de 2005, ont également participé à cette nouvelle recherche pour assurer la cohérence des méthodes d’analyse. Selon eux, « la prise de conscience des effets potentiels des couleurs et les changements réglementaires introduits après 2005 ont contribué à neutraliser cet avantage ».
Un terrain désormais équitable
Cette nouvelle méta-analyse, publiée dans Scientific Reports, démontre que les évolutions technologiques et les ajustements des règles ont permis d’éliminer toute influence notable des couleurs des tenues sur les performances des athlètes. Pour les amateurs de sports de combat, cette conclusion marque une avancée vers une compétition où seules les compétences des athlètes dictent l’issue des combats.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter l’étude complète intitulée Meta-analysis of the red advantage in combat sports dans Scientific Reports. : http://dx.doi.org/10.1038/s41598-024-81373-3