Les terrains de football sont peuplés de joueuses aux capacités physiques impressionnantes. Mais saviez-vous qu’en regardant simplement leurs mains, on pourrait prédire leur endurance ? C’est ce que viennent de démontrer des chercheurs de Swansea University et de plusieurs instituts européens.
Le lien entre la longueur des doigts et les performances sportives n’est pas nouveau. On parle ici du rapport 2D:4D, soit la proportion entre l’index (2D) et l’annulaire (4D). Un rapport faible, c’est-à-dire un annulaire plus long que l’index, serait un témoin d’une exposition prénatale plus forte à la testostérone. Un index plus long que l’annulaire, en revanche, indiquerait une exposition plus marquée aux œstrogènes.
Mais quel rapport avec le football et l’effort physique ? La production de lactate.
Lactate : ami ou ennemi du sportif ?
Le lactate, c’est cette petite molécule qui s’accumule dans le sang quand l’intensité de l’effort augmente. Un peu, c’est normal. Trop, c’est synonyme de fatigue et de performances en chute libre.
En soumettant des footballeuses professionnelles à des tests d’effort sur tapis roulant, les scientifiques ont mesuré l’accumulation du lactate en fonction de la vitesse de course. Verdict ? Certaines joueuses affichaient une montée rapide de lactate, d’autres très peu. Et ce qui déterminait cette différence, ce n’était pas l’entraînement ou l’expérience, mais deux caractéristiques physiques : la taille et le rapport 2D:4D.
Les femmes grandes et au long annulaire produisent moins de lactate
Les résultats de l’étude sont limpides : plus une footballeuse est grande, moins elle produit de lactate. Même constat pour celles dont l’annulaire dépasse l’index.
Pourquoi ? Tout se jouerait avant même la naissance, dans l’équilibre hormonal du fœtus. Une exposition accrue à la testostérone durant la vie intra-utérine favoriserait une meilleure gestion de l’effort physique, d’où une production de lactate plus faible.
Autrement dit, les joueuses avec un faible rapport 2D:4D bénéficieraient d’un avantage naturel en endurance, puisque leur organisme retarderait l’accumulation de lactate, ce qui leur permettrait de maintenir une intensité élevée plus longtemps.
Pas qu’une affaire de football
Si cette découverte est fascinante pour le football, elle ouvre aussi des perspectives pour d’autres disciplines. En athlétisme, par exemple, les coureuses de fond pourraient elles aussi être avantagées par leur morphologie digitale.
Mais ce n’est pas tout. Une accumulation excessive de lactate n’est pas qu’un problème sportif. Elle est aussi associée à des pathologies graves comme les crises cardiaques. Comprendre ces mécanismes pourrait donc aider la médecine à mieux gérer certains états pathologiques où le taux de lactate est un indicateur de détresse métabolique.
En résumé
- Le rapport 2D:4D, soit la longueur relative de l’index et de l’annulaire, est un marqueur biologique de l’exposition prénatale aux hormones sexuelles.
- Les joueuses avec un annulaire plus long que l’index produisent moins de lactate en effort intense.
- La taille influence également la capacité à limiter l’accumulation de lactate.
- Moins de lactate, c’est plus d’endurance et un effort prolongé sans fatigue excessive.
- Ces résultats s’appliquent à d’autres sports d’endurance et pourraient être utiles en médecine.
- L’étude met en lumière l’impact des caractéristiques biologiques précoces sur la performance physique.
Source de l’étude : http://dx.doi.org/10.1016/j.earlhumdev.2025.106224