La fusion nucléaire : une course contre la montre pour maîtriser le tritium.
Le Royaume-Uni et l’Italie s’associent pour écrire un nouveau chapitre de la fusion nucléaire. L’United Kingdom Atomic Energy Authority (UKAEA) et la multinationale italienne Eni SpA ont annoncé un partenariat pour un projet vital à la maîtrise de l’énergie infini (ou quasi) : la construction du plus grand centre de recherche sur le cycle du tritium au monde. H3AT Tritium Loop Facility sera installé à Culham, en Angleterre et sera opérationnel en 2028. Pourquoi cet investissement ? Parce que le tritium est la clé de voûte des futurs réacteurs à fusion. Il faut non seulement l’exploiter, mais aussi le recycler pour rendre cette énergie plus efficace et moins gourmande. Une mission complexe qui nécessite des infrastructures de pointe.
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Le tritium, un carburant aussi rare que précieux
Le tritium est un isotope de l’hydrogène essentiel à la fusion nucléaire. Contrairement à son cousin le deutérium, il est extrêmement rare sur Terre (on en compterait moins de 25 kg à l’état naturel). Actuellement, il est principalement produit dans les réacteurs nucléaires classiques, un processus coûteux et limité.
Or, pour espérer faire fonctionner les réacteurs de fusion en continu, il faudra produire des kilogrammes de tritium par an. Un défi majeur que le centre H3AT ambitionne de relever.
Un laboratoire géant pour comprendre, stocker et réutiliser le tritium
Le centre H3AT ne sera pas un simple entrepôt de tritium et compte devenir une plateforme expérimentale ultra-moderne, où chercheurs et industriels pourront :
- Étudier les meilleures méthodes de stockage du tritium.
- Tester des systèmes de récupération et de recyclage.
- Développer des technologies pour une gestion plus sûre et plus efficace.
- Former la prochaine génération d’ingénieurs spécialisés dans la fusion.
Avec un prototype de centrale à fusion à échelle réduite, H3AT va permettre de simuler en conditions réelles le fonctionnement du cycle du tritium. Un atout de taille pour préparer l’arrivée des premiers réacteurs industriels.
Un partenariat entre recherche et industrie
L’UKAEA apporte son expertise historique dans la recherche sur la fusion nucléaire. De son côté, Eni injecte son savoir-faire dans la gestion de projets industriels de grande ampleur. Cette alliance permettra de réduire les risques liés au développement des futures centrales à fusion.
Eni a déjà misé sur la fusion en investissant dans Commonwealth Fusion Systems, une start-up travaillant sur le tokamak à champs magnétiques supraconducteurs, et en participant à d’autres initiatives internationales. Sa collaboration avec l’UKAEA montre une fois de plus son engagement dans cette technologie.
La fusion nucléaire ? Un futur plus proche qu’on ne le pense
La fusion nucléaire est souvent perçue comme une technologie du futur, voire inatteignable, mais les choses s’accélèrent depuis quelques mois.
L’UKAEA travaille déjà sur son propre réacteur expérimental : le STEP (Spherical Tokamak for Energy Production), prévu pour 2040.
D’autres entreprises, comme First Light Fusion, explorent des approches innovantes. Cette société britannique avait annoncé en 2022 un projet de centrale pilote de 60 MW, avant de changer de cap pour se concentrer sur le développement de sa technologie d’amplification de fusion.
Source : UKAEA