La France s’intéresse de très près à ce nouvel “Or Noir” qui pourrait faire 1 pierre 2 coups : relancer son agriculture et stocker du CO2 à moindre frais

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Le biochar : l’or noir du futur pour une agriculture durable.

Le biochar, ce charbon végétal produit à partir de matières organiques, pourrait bien révolutionner l’agriculture moderne et offrir une réponse intelligente à plusieurs défis environnementaux.

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Le biochar ne date pas d’hier mais pourrait participer au futur de l’agriculture

Le biochar n’est pas une invention récente. Son utilisation remonte à plus de 2000 ans en Amazonie, où les populations indigènes l’incorporaient déjà dans leurs sols pour en améliorer la fertilité. Ces “terres noires” amazoniennes, appelées “terra preta”, ont conservé leur fertilité exceptionnelle jusqu’à nos jours, témoignant de l’efficacité à long terme de cette pratique.

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Un processus simple, des bénéfices multiples

La production du biochar repose sur un principe simple : la pyrolyse. Il s’agit de chauffer de la biomasse (résidus agricoles, déchets forestiers, etc.) en l’absence d’oxygène. Ce processus transforme la matière organique en un charbon poreux, riche en carbone et stable dans le temps.

Les avantages du biochar sont nombreux. Incorporé au sol, il améliore sa structure, augmente sa capacité de rétention d’eau et de nutriments, et favorise le développement de micro-organismes bénéfiques. Résultat : des rendements agricoles accrus, une utilisation plus efficace des engrais et une meilleure résistance des cultures aux stress hydriques.

Un allié de taille contre le changement climatique

Le biochar représente également un outil prometteur dans la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, le carbone contenu dans le biochar peut rester stable dans le sol pendant des siècles, voire des millénaires. Cette séquestration durable du carbone pourrait contribuer significativement à la réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Un intérêt économique

Reconnu par le GIEC comme une “technologie à émissions négatives” en 2018, le biochar permet de stocker 2,5 à 3 tonnes de CO2 par tonne produite pendant des siècles. L’entreprise normande Terra Fertilis vend la tonne de CO2 séquestrée à 280 euros sur le marché des crédits carbone.

D’autres start-ups émergent en flairant le bon filon comme NetZero et Carbonloop. NetZero a inauguré une usine au Brésil capable de produire 4 500 tonnes de biochar par an, avec un objectif de séquestration de 2 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030. L’entreprise, soutenue par des géants comme Stellantis et L’Oréal, a levé 11 millions d’euros et remporté un prix XPRIZE. Carbonloop vise quant à elle 1 million de tonnes de CO2 séquestrées d’ici 2030, tandis que Suez prépare aussi des unités de production.

Un intérêt croissant en France

En France, l’intérêt pour le biochar ne cesse de croître. Agriculteurs, chercheurs et pouvoirs publics s’y intéressent de près. Des projets pilotes fleurissent dans plusieurs régions, notamment dans le Sud-Ouest où des viticulteurs expérimentent son utilisation pour améliorer la qualité de leurs sols et la résistance de leurs vignes au stress hydrique.

L’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement) mène actuellement plusieurs études pour évaluer le potentiel du biochar dans différents contextes agricoles français. Les premiers résultats sont encourageants, montrant des gains de productivité significatifs, particulièrement dans les sols pauvres ou dégradés.

Des défis à relever

Malgré son potentiel, le déploiement à grande échelle du biochar en France fait face à plusieurs obstacles. Le premier est d’ordre économique : la production de biochar nécessite des investissements initiaux importants. Des mécanismes de soutien financier et une valorisation des services écosystémiques rendus par le biochar seront nécessaires pour encourager son adoption.

Le deuxième défi est d’ordre réglementaire. Actuellement, le statut juridique du biochar n’est pas clairement défini en France, ce qui freine son utilisation. Un cadre réglementaire adapté, garantissant la qualité et l’innocuité du biochar, devra être mis en place.

Enfin, il faudra veiller à ce que la production de biochar ne rentre pas en compétition avec d’autres usages de la biomasse, notamment alimentaires. Une gestion durable des ressources sera cruciale pour éviter tout effet pervers.

Vers une révolution verte ?

Le biochar pourrait bien être l’une des clés d’une agriculture plus durable et résiliente. Son potentiel pour améliorer les sols, augmenter les rendements agricoles tout en séquestrant du carbone en fait une solution particulièrement séduisante dans le contexte actuel.

Cependant, comme toute innovation, son déploiement à grande échelle nécessitera un effort concerté de la part des agriculteurs, des chercheurs, des industriels et des pouvoirs publics. La France, avec sa tradition agricole forte et son engagement dans la lutte contre le changement climatique, pourrait jouer un rôle de premier plan dans cette révolution verte.

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Chiffres sur le biochar : L’Europe très en retard sur les Etats-Unis

En 2024, la production mondiale de biochar était estimée à environ 1,2 million de tonnes aux États-Unis et 0,2 million de tonnes au Canada. En Europe, la production atteignait 53 000 tonnes en 2022, avec une capacité de séquestration d’environ 90 000 tonnes de CO2. Une tonne de biochar peut stocker entre 2,5 et 3 tonnes de CO2 dans le sol sur des centaines d’années. Les projections pour l’Union européenne estiment une séquestration potentielle de 6 millions de tonnes équivalent CO2 par an d’ici 2030 et jusqu’à 100 millions de tonnes par an en 2040. Le biochar est reconnu comme une technologie à émissions négatives essentielle pour atteindre les objectifs climatiques.

En France, la production de biochar, comme nous l’avons vu, est encore limitée. En 2021, Terra Fertilis produisait 400 tonnes par an, avec une capacité doublée à 800 tonnes en 2023. Il n’y avait que 4 unités industrielles en 2022. Le potentiel de biomasse pour le biochar en France est estimé à 1,6 Mt/an, permettant une absorption significative de CO2.

Le biochar n’est pas une solution miracle, mais il représente indéniablement une piste prometteuse pour relever les défis agricoles et environnementaux du XXIe siècle. À l’heure où l’agriculture française cherche à se réinventer, le biochar pourrait bien être l’or noir de demain, un trésor enfoui dans nos sols qui n’attend que d’être exploité.

Sources :

  • https://www.novethic.fr/actualite/environnement/climat/isr-rse/biochar-la-ruee-vers-ce-nouvel-or-noir-a-demarre-impulsee-par-les-credits-carbone-151598.html
  • https://www.pleinchamp.com/actualite/tout-savoir-ou-presque-sur-le-biochar

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Matthieu Aigron
Matthieu Aigron
Matthieu Aigron est un cuisinier passionné de gastronomie traditionnelle française, "revisitée" ou non. Il a fait ses études chez Ferrandi avant de faire ses armes aux Plaza Athénée Paris et au Saint-James. Il vous donne rendez-vous sur Media24.fr pour vous parlez des dernières nouveautés en matière de gastronomie ou tout simplement vous partager une recette !

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