Magali Cottave prend les rênes de la Fédération Cinov. Derrière cette actualité, se dessine une mutation discrète mais puissante du monde de l’ingénierie et du conseil. Car ici, il ne s’agit pas seulement d’un changement de gouvernance. Il s’agit d’un cap.
Un profil hybride : droit, stratégie et technique
Avocate durant dix ans, diplômée à la fois de l’École du Barreau de Paris et d’HEC Paris, Magali Cottave n’a jamais cloisonné ses domaines de compétence.
En rejoignant la direction du Groupe CSD en 2010, elle intègre un univers très concret : celui des risques bâtimentaires et de la prévention incendie. Elle y développe une compréhension fine des infrastructures, des normes et des contraintes de sécurité. Ce n’est pas théorique. C’est du terrain.
Depuis janvier 2024, elle préside ce groupe. Cette légitimité managériale et opérationnelle, conjuguée à une expérience juridique pointue, lui permet aujourd’hui de proposer une gouvernance qui repose autant sur la connaissance des enjeux que sur la capacité à faire évoluer les modèles.
Une fédératrice active depuis plus d’une décennie
Adhérente à Cinov Ingénierie depuis 2014, elle ne s’est pas contentée d’y adhérer. Elle y a œuvré.
En tant qu’animatrice du groupe de travail Concurrence, puis au sein de la Commission d’agrément des contrôleurs techniques, elle a plongé dans les problématiques normatives et concurrentielles. À partir de 2019, ses mandats fédéraux s’intensifient : communication, marque, intelligence collective.
Cette trajectoire ne doit rien au hasard. Elle révèle une stratégie d’impact : comprendre les mécanismes internes pour mieux les transformer de l’intérieur.
Une vision guidée par les transitions écologiques et sociales
Sous son impulsion, la Fédération Cinov entend faire évoluer les modèles économiques des entreprises adhérentes.
Son axe central : promouvoir des modèles dits “régénératifs”. Cela signifie aller au-delà de la durabilité pour intégrer la régénération du Vivant au cœur des stratégies économiques.
C’est un changement profond. Cela implique que l’ingénierie, le conseil ou le numérique ne se contentent plus de réduire leur empreinte, mais deviennent des leviers actifs de transformation écosystémique.
Autrement dit : comment penser des infrastructures qui restaurent les milieux ? Comment concevoir des projets numériques qui recréent du lien social ou de la justice territoriale ?
Trois priorités structurantes
Le mandat de Magali Cottave s’articule autour de trois axes clairs :
- Accompagner les adhérents vers l’adoption de modèles économiques plus respectueux du vivant : Cela suppose des outils, des formations, mais aussi une nouvelle grammaire du développement.
- Faire rayonner les valeurs sociétales de la régénération : L’idée n’est pas seulement technique, elle est aussi culturelle. Il s’agit de rendre désirable une nouvelle manière d’entreprendre.
- Réinventer l’engagement militant dans les instances professionnelles : Ce point mérite une attention particulière. La Fédération ne souhaite pas uniquement représenter. Elle souhaite mobiliser. Relier les générations. Redonner du sens à l’implication collective.
Une fédération à l’échelle du pays
Cinov, ce n’est pas une niche. C’est la maison commune de plus de 100 000 entreprises, représentant 1,2 million de professionnels dans les métiers du conseil, de l’ingénierie et du numérique.
Autrement dit, chaque projet urbain, chaque développement territorial, chaque innovation numérique locale ou nationale peut, d’une manière ou d’une autre, porter la marque de ces femmes et hommes qui structurent notre quotidien invisible.
154 milliards d’euros de chiffre d’affaires transitent par cette branche. Ce n’est donc pas une orientation abstraite. C’est un changement susceptible d’influencer une part significative du PIB.
Une présidence dans la continuité, mais pas dans l’inertie
Magali Cottave succède à Frédéric Lafage, président depuis 2018. Sous son mandat, la fédération a consolidé ses réseaux, structuré ses positions, accru sa visibilité institutionnelle.
Mais la nouvelle présidente ne souhaite pas seulement poursuivre. Elle entend insuffler une dynamique nouvelle, en phase avec les impératifs environnementaux et les attentes des jeunes générations d’ingénieurs, de consultants, de développeurs.
Les transitions ne sont pas uniquement des contraintes. Elles peuvent devenir des opportunités pour redonner du sens aux métiers, pour innover, pour attirer les talents là où l’industrie classique peine à recruter.
Une force de représentation transversale
Cinov siège dans plus de 60 instances nationales et internationales : normes, formation, partenariats sociaux, organisations professionnelles.
Elle est administratrice de l’OPIIEC, de l’OPCO Atlas, membre fondatrice de la CPME et de l’UNAPL, active dans des projets structurants comme ADN Construction, Construction 21 ou encore l’Alliance HQE.
Cette capacité à intervenir sur de multiples fronts est un levier stratégique. Elle permet d’influencer les textes réglementaires, d’orienter les politiques de formation, de participer à la construction des standards de demain.
Et dans ce contexte, le mandat présidentiel de Magali Cottave peut jouer un rôle charnière.