Safran continue de s’affirmer comme un acteur incontournable du “New Space”.
Observer la planète avec la précision d’un chirurgien et la vitesse d’un algorithme : voilà le pari du nouveau partenariat entre Safran Reosc et la nouvelle pépite toulousaine du “New Space” : Loft Orbital.
Derrière cette annonce, faite au salon du Bourget le 19 juin 2025, se cache un petit bijou de technologie optique : l’imageur SEEING 230 Ident, conçu en France, pensé pour l’espace… et désormais embarqué à bord d’une nouvelle constellation de satellites.
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Une alliance entre Safran et Loft Orbital pour faire briller le “New Space” français
Nous vous en avions parlé dans un article précédent, Safran Reosc est un des artisans secrets du spatial français, spécialisé dans les optiques de très haute précision.
Il propose lentilles, miroirs, dispositifs embarqués. Son dernier “bébé”, le SEEING 230 Ident est un concentré de technologie dans un format mini, capable de fournir des images à résolution métrique, le tout dans les conditions extrêmes du vide spatial.
Là où certains capteurs sont gros comme des valises, celui-ci tient dans une boîte à chaussures, mais sans rien sacrifier à la qualité. Sa structure est ultra stable, sa précision chirurgicale, et le tout est conçu pour fonctionner sans relâche dans la durée.
Qui est Loft Orbital, la nouvelle pépite toulousaine ?
Loft Orbital, c’est un peu le Airbnb du satellite ! Fondée en 2017, cette entreprise franco-américaine propose une solution clé en main pour envoyer des instruments dans l’espace, sans construire de satellite complet. Basée à San Francisco, Toulouse et Boulder, elle a levé plus de 300 millions d’euros pour industrialiser ses plateformes « YAM », prêtes à embarquer des capteurs, caméras ou logiciels d’IA en quelques mois seulement. Son astuce ? Des satellites déjà sur étagère, une intégration rapide et un système d’exploitation spatial baptisé « Cockpit » qui permet de piloter les charges utiles à distance, comme un ordinateur dans l’espace. Grâce à Loft, même une PME peut faire de l’observation de la Terre sans se ruiner ni attendre trois ans !
La technologie de Safran Reosc dans la constellation de Lof Orbital
Les imageurs de Safran Reosc seront intégrés dans une constellation complète, déployée par Loft Orbital. Leur objectif : fournir des images de la Terre en temps réel, accessibles à des utilisateurs civils, industriels, institutionnels ou environnementaux. Agriculture de précision, prévention des catastrophes, surveillance des forêts, ou même intelligence économique : les applications sont innombrables.
Et pour suivre tout cela au rythme du globe, chaque satellite embarquera non seulement l’imageur optique, mais aussi une intelligence artificielle dédiée, capable de traiter, trier et transmettre les données directement depuis l’espace. Fini les gigaoctets à rapatrier pour trier ensuite : l’image utile descend déjà analysée.
Une production française… qui accélère très vite
Ce contrat, c’est aussi un coup d’accélérateur pour la filière spatiale tricolore. Les imageurs seront produits intégralement en France, avec une cadence de livraison qui va doubler en un an : 10 unités prévues pour 2026, 20 pour 2027. Autrement dit : une montée en puissance jamais vue chez Safran Reosc, qui passe du rythme artisanal à celui de la série, sans perdre en exigence.
C’est aussi un geste clair vers la souveraineté technologique, cette capacité à maîtriser nos propres moyens d’observation, sans dépendre de composants importés ou de fournisseurs sous influence. Et ce n’est pas anodin, à l’heure où la donnée spatiale devient un actif stratégique aussi sensible que l’énergie.
Un partenariat qui coche toutes les cases
Côté Loft Orbital, le choix de Safran Reosc n’est pas un hasard. Comme le souligne Pierre-Damien Vaujour, leur PDG : “Nous voulions travailler avec un acteur français fiable, performant, et aligné avec notre vision du spatial agile.” Safran Reosc, de son côté, signe ici un contrat qui propulse sa gamme d’imageurs dans une nouvelle dimension, celle de la constellation, de la série, et du service global.
Pour Aurélie Girou, présidente de Safran Reosc, “ce partenariat marque un cap” : celui où la haute technologie optique quitte les bancs de test pour rejoindre des missions concrètes, rapides, utiles. C’est la preuve qu’on peut faire de l’excellence industrielle tout en répondant à un marché en pleine explosion.
La France du “New Space” en quelques chiffres
- Entre 150 et 800 entreprises, selon les définitions (150 startups dédiées en 2023 selon le CNES ; jusqu’à ~800 si l’on inclut fournisseurs & services)
- Plus de 2 000 emplois directs dans ces jeunes pousses, dont plus de 300 dédiés aux micro-lanceurs
- L’écosystème compte désormais plus de 700 salariés au sein de l’Alliance NewSpace
- Du côté des financements, on a levé 143 M € à fin septembre 2024 (contre 102,6 M € en 2023 et 164,5M € en 2022)
- Le plan France 2030 y consacre 1,052 Md € sur 99 projets, pour soutenir la structuration et l’industrialisation
Bref, le New Space français pèse aujourd’hui des centaines de millions d’euros en financement public/privé, quelques milliers d’emplois, et plusieurs centaines d’acteurs prêts à révolutionner l’espace. Les partenariats comme celui du jour entre Safran Reosc et Loft Orbital pourraient donc devenir de plus en plus fréquents dans les années à venir.
Sources :
- Communiqué de presse de Safran
- https://www.info.gouv.fr/upload/media/content/0001/14/5cd5d16f1916325afead7e673f008512b6138e32.pdf
- https://www.entreprises.gouv.fr/files/files/Publications/2025/Th%C3%A9mas/thema-31-spatial.pdf