Toulouse bientôt détrônée par cette ville du Nord-Est comme capitale européenne de l’espace qui est prête à attaquer le marché florissant du NewSpace

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Latitude, la start-up de Reims qui veut dominer l’espace.

C’est au cœur de la Champagne, à Reims, qu’est né l’un des projets les plus audacieux du secteur spatial européen de ces dernières années ! Aller pour être moins chauvin (l’auteur de l’article étant né à Reims), tout du moins en France…
Fondée en 2019 sous le nom de Ventions, la start-up devenue Latitude s’est donnée pour mission de révolutionner l’accès à l’espace grâce à des micro-lanceurs capables de placer de petits satellites en orbite de manière flexible et économique.

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L’histoire de Latitude est avant tout celle d’un pari visionnaire, porté par Yohann Leroy (ancien directeur général délégué d’Eutelsat) et une équipe de passionnés d’aéronautique. Rapidement, l’entreprise s’entoure de talents issus de grandes écoles d’ingénierie et s’ancre dans un territoire en pleine transformation industrielle. La région Grand Est soutient en outre fortement les initiatives innovantes à dimension industrielle. Notons que la Ville a d’ailleurs un passé glorieux dans l’histoire de l’aviation… Comme quoi rien n’est jamais du au hasard !

Latitude s’est ainsi développée en marge des géants du spatial, en adoptant une approche plus agile, plus rapide, plus proche des standards des start-up technologiques que des mastodontes institutionnels. Son objectif est de proposer une alternative européenne crédible aux lanceurs américains comme ceux de Rocket Lab ou SpaceX, mais à échelle réduite.

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Passage à l’échelle industrielle : un cap décisif pour Latitude

2025 marque un tournant pour Latitude. Après plusieurs années de R&D, la jeune pousse passe à la vitesse supérieure avec la mise en service imminente de sa première usine de production à Reims, conçue pour fabriquer jusqu’à 50 micro-lanceurs par an. Ce passage à l’échelle industrielle s’annonce comme un défi stratégique majeur.

L’usine, flambant neuve, s’étend sur 3000 m² et a nécessité plusieurs millions d’euros d’investissement, soutenus notamment par Bpifrance, des investisseurs privés et des aides régionales. Cette usine permettra de maîtriser l’intégralité de la chaîne de production, de la conception à l’assemblage final, pour assurer la réactivité, la compétitivité et la souveraineté technologique.

Latitude parie sur une fabrication intégrée, automatisée et rationalisée, un modèle inspiré des meilleures pratiques de l’aéronautique et du spatial. L’outil industriel doit permettre à l’entreprise de tenir ses promesses commerciales, avec un premier vol orbital de son micro-lanceur Zéphyr prévu fin 2025.

Avec ce site de production, Latitude ne se contente plus d’expérimenter : elle s’installe durablement comme un acteur industriel du spatial européen, prêt à répondre à la demande croissante de lancements de petits satellites, en forte croissance avec l’essor du NewSpace.

Mais c’est quoi le NewSpace ?

Le NewSpace désigne la nouvelle ère du secteur spatial, marquée par l’arrivée massive d’entreprises privées qui bouleversent les modèles traditionnels avec des technologies innovantes et des coûts réduits. On compte aujourd’hui plus de 100 entreprises mondiales spécialisées dans le développement de fusées, dont des géants comme SpaceX (États-Unis), Blue Origin (États-Unis) et Virgin Galactic, ainsi que des acteurs européens et français comme Latitude, HyprSpace, Sirius, Opus ou MaiaSpace. En France, près de 150 entreprises privées travaillent dans le NewSpace, représentant plus de 2 000 emplois. Le marché mondial du NewSpace connaît une croissance rapide, avec une forte compétition sur les mini-lanceurs (ou micro-lanceurs) et les services satellitaires. Cette dynamique rend l’accès à l’espace plus accessible, accélère l’innovation et ouvre la voie à de nouveaux usages comme l’Internet des objets, l’observation de la Terre et le tourisme spatial.

Le marché mondial du NewSpace est estimé à environ 630 milliards de dollars en 2023, soit environ 600 milliards d’euros. Les projections indiquent qu’il pourrait atteindre 1 800 milliards de dollars d’ici 2035, soit environ 1 700 milliards d’euros, porté par la multiplication des satellites, la baisse des coûts de lancement et l’essor des applications commerciales et de défense.

Une stratégie technologique centrée sur Zéphyr, un micro-lanceur de nouvelle génération

Au cœur de la stratégie de Latitude se trouve Zéphyr, son micro-lanceur réutilisable conçu pour emporter jusqu’à 100 kg de charge utile en orbite basse (LEO). Pensé pour offrir une solution de lancement flexible, économique et rapide, Zéphyr vise un marché en pleine explosion : celui des constellations de nanosatellites.

L’un des atouts majeurs de Zéphyr réside dans l’utilisation de moteurs-fusées imprimés en 3D, technologie qui permet à Latitude de réduire considérablement les délais et les coûts de fabrication. La propulsion repose sur un moteur à propergol liquide (oxygène liquide et kérosène), optimisé pour des tirs fréquents et fiables.

Latitude se distingue également par son approche modulaire. Chaque micro-lanceur pourra être personnalisé selon les besoins des clients, un avantage clé face à la rigidité des lanceurs classiques. L’entreprise mise sur des cycles de développement courts, à l’image des start-up de la Silicon Valley, afin de rester à la pointe des technologies émergentes.

Latitude prévoit de  proposer des lancements commerciaux dès 2026.

Latitude dans l’écosystème spatial européen : ambitions et perspectives

Avec l’essor du NewSpace européen, Latitude se positionne comme l’un des acteurs les plus prometteurs du continent. Dans un marché encore largement dominé par les États-Unis et leurs champions comme SpaceX ou Rocket Lab, la start-up rémoise entend défendre une souveraineté technologique européenne et offrir une alternative fiable aux clients institutionnels et commerciaux.

Latitude bénéficie d’un environnement favorable : soutien des pouvoirs publics, collaborations avec des centres de recherche et un accès privilégié aux talents issus des grandes écoles d’ingénieurs. L’entreprise vise notamment le marché des agences spatiales nationales, des universités, et des entreprises tech ayant besoin de déployer rapidement des satellites.

Avec l’inauguration de son usine, les premiers vols de Zéphyr et une roadmap ambitieuse, Latitude affiche clairement ses intentions : devenir la référence européenne du lancement léger et conquérir une part significative d’un marché en pleine mutation.

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Autres exemples d’acteurs français du NewSpace

Acteur français Spécialité / secteur d’activité Description succincte
Kinéis Constellation de nanosatellites IoT Fournit des services de connectivité mondiale pour objets connectés grâce à une constellation de nanosatellites.
Unseenlabs Observation de la Terre, surveillance maritime Développe des satellites pour la détection de signaux radiofréquence, spécialisés dans la surveillance maritime.
Exotrail Propulsion et logistique spatiale Propose des solutions de propulsion électrique et de gestion de trajectoire pour satellites et constellations.
Venture Orbital Systems (Latitude) Mini-lanceurs spatiaux Développe des micro-lanceurs pour mettre en orbite de petits satellites.
Share My Space Surveillance de l’espace (SSA) Fournit des services de suivi et de gestion du trafic spatial pour éviter les collisions en orbite.
U-Space Services de données spatiales Développe des solutions d’analyse et de valorisation des données issues de l’espace.
Prométhée Nanosatellites, constellations Développe des constellations de nanosatellites pour l’observation de la Terre et la sécurité.
RIDE! Services de lancement Facilite l’envoi de satellites en orbite en proposant des services de lancement clé en main.
Sirius Mini-lanceurs et technologies spatiales Travaille sur le développement de lanceurs innovants pour le marché des petits satellites.
Greenerwave Antennes intelligentes pour le spatial Développe des technologies d’antennes reconfigurables pour optimiser les communications satellites.
Loft Orbital Infrastructure satellitaire mutualisée Déploie et opère des satellites partagés permettant à plusieurs clients d’embarquer leurs instruments ou capteurs sur une même plateforme, avec un service clé en main incluant lancement, gestion et accès aux données. Basée à Toulouse, la société accélère la cadence de lancement de constellations pour des clients institutionnels et privés.

 

Source : Latitude

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour,

    Latitude et Reims ne risque pas de détrôner Toulouse dans le monde des lanceurs,…. Jamais aucun lanceur n’a été fabriqué à Toulouse et Yohann Leroy n’a jamais été CEO de Latitude, mais CTO d’Eutelsat et CEO de MaiaSpace.

    Sinon, Latitude veut exploiter le marché des petites charges utiles qui ne fonctionne que si le lanceur est suffisament gros pour emporter plusieurs charges utiles afin de rentabiliser les couts de lancements, cela s’appel du rideshare. Le cout d’un lancement d’une charge utile de 50 kg sur SpaceX Falcon 9 est d’environ $200k en rideshare et de $890k pour 200kg. Latitude compte vendre sont lanceur pour des charges utiles de 200kg à environ $2.5m. Leurs modèle économique ne fonctionne pas, le seul modèle économique viable dans les lanceurs et pour les lanceurs lourds ou au moins capable d’emporter sur un SSO et LEO 250kg au même tarifs que SpaceX.

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