Une route, deux ours et 52 millions d’euros : bienvenue sur le chantier alaskien de Colas !
Une route pour désenclaver, des ponts pour survivre, des cailloux pour avancer : Le décor est planté. Au sud-est de l’Alaska, dans la petite ville de Haines, coincée entre montagnes et océan, un chantier hors norme a débuté en avril 2025. Aux manettes Colaska, la filiale locale de Colas, grand nom de l’infrastructure routière qui vient de décrocher ce contrat de 52 millions d’euros. pour refaire entièrement 8 kilomètres de route pour les 2 000 habitants de la région.
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Une des routes les plus insolites du monde bientôt refaite à neuve par Colas
Travailler en Alaska, ce n’est pas couler de l’enrobé sur l’A86. On parle ici d’un environnement où le sol gèle sur plusieurs mètres de profondeur. Ce qu’on appelle le pergélisol. Il faut donc creuser, stabiliser, remblayer avec méthode. Le projet prévoit une refonte complète du tracé : élargissement, assainissement, remblayage, tout y passe.
Deux conduites géantes seront installées pour canaliser les coulées de débris, fréquentes dans cette zone très pentue. Chaque conduit fera 5,8 mètres de large pour 4,5 mètres de haut. Autrement dit, assez pour y faire passer un camion.
Un pont sera également entièrement reconstruit. Un luxe dans une région qui n’en compte peut-être qu’un tous les 300 km !
Une logistique de Sioux
L’Alaska, c’est aussi des délais qui dépendent du temps et des ours. Le chantier est calé sur deux saisons de travail par an seulement : d’avril à octobre. Le reste du temps, la neige et le gel rendent toute intervention impossible.
Une équipe de 60 personnes sera mobilisée au plus fort de l’activité. Le site est isolé, il faut loger, nourrir, chauffer ces dizaines de travailleurs, tout en maintenant un flux constant de matériaux.
C’est là qu’intervient la force industrielle de Colas : production sur place de granulats et d’enrobés, directement réinjectés dans la route. De quoi réduire les transports, limiter les coûts et le carbone.
Recycler pour mieux rouler
L’environnement sera pas oublié dans ce projet puisque Colas s’engage à utiliser des matériaux recyclés, à restaurer les cours d’eau traversés et à protéger les oiseaux migrateurs qui nichent à proximité.
L’entreprise doit composer avec une faune locale qui ne plaisante pas : élans, grizzlis, caribous, tout ce petit monde a priorité sur le chantier. Des mesures sont prévues pour éviter les collisions, dérangements ou pollutions.
Préserver les cultures autochtones
Un autre enjeu traverse discrètement ce projet : la mémoire des peuples autochtones. Les Tlingits, présents dans la région depuis des siècles, ont vu passer trappeurs, forestiers, puis géologues et bétonneurs. Cette fois, Colas entend travailler en concertation avec les communautés locales pour éviter de piétiner leurs sites culturels ou de couper l’accès à certaines zones de chasse.
Des études ont été menées en amont pour identifier les zones sensibles. Sur le terrain, cela se traduit par des réunions avec les représentants tribaux, mais aussi par des ajustements de tracé ou de méthodes de travail.
Une route vitale pour Haines
Pourquoi investir autant pour 8 kilomètres de bitume ? Parce qu’à Haines, cette route est l’unique accès terrestre au reste du continent. Sans elle, tout dépend du ferry ou des avions, deux options peu fiables en hiver.
Réhabiliter cette route, c’est assurer la sécurité, permettre aux enfants d’aller à l’école, aux commerçants de se ravitailler, aux services d’urgence d’intervenir. Et c’est aussi, tout simplement, ne pas couper un village du reste du monde.
En modernisant cet axe, Colas espère aussi stimuler l’économie locale : emplois, formations, retombées pour les petits commerces. Un levier concret pour maintenir la population sur place.
L’Alaska, 18% des terres émergées américaines mais désertiques
Le réseau routier en Alaska est relativement limité et peu dense comparé aux autres États américains, en raison de son immense superficie et de son relief difficile. Il comprend environ 1 740 km d’autoroutes inter-États, dont la plus longue est l’Interstate A-1, qui s’étend sur près de 657 km. Ces routes sont souvent à deux voies non divisées et ne répondent pas toujours aux standards autoroutiers classiques, sauf sur certains segments autour des grandes villes comme Anchorage ou Fairbanks. La majeure partie des déplacements en Alaska dépend donc d’un réseau routier rural, complété par des infrastructures adaptées aux conditions extrêmes, notamment pour l’entretien en hiver. Ce réseau reste essentiel pour relier les principales agglomérations et soutenir les activités économiques dans cet État vaste et isolé.
Colas, des routes dans les veines
Colaska, c’est le numéro un de la construction routière en Alaska. Dans ce contexte, l’entreprise a su développer des savoir-faire spécifiques : résistance au gel, génie civil en terrain instable, maîtrise des matériaux extrêmes.
Colas, sa maison mère, c’est un autre gabarit. En 2024, le groupe a généré 15,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 59 % à l’international. Présente dans 50 pays, avec 64 000 collaborateurs et plus de 3 500 unités de production, elle intervient de la production industrielle au service de maintenance.
Chaque année, ce sont près de 45 000 chantiers qui sont menés à bien. Autant dire que refaire une route entre deux fjords gelés et une colonie d’aigles, c’est dans ses cordes.
Source : Communiqué de presse de Colas