Air Liquide investit 200 millions de dollars pour gonfler l’industrie du golfe du Mexique
Un tuyau géant traversant le Mississippi pour alimenter les usines en oxygène ? Derrière cette image se cache l’un des investissements stratégiques les plus importants du groupe Air Liquide en Amérique du Nord. Le géant français des gaz industriels vient d’annoncer 200 millions de dollars (environ 170 millions d’euros) de travaux en Louisiane pour moderniser une unité de séparation de l’air et étendre son réseau de canalisations.
Le but est de préparer l’usine à la montée en puissance de la chimie, de l’énergie et de l’industrie dans cette région hautement stratégique.
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Air Liquide va investir 200 millions de dollars dans son usine de Louisiane
Au cœur du projet, une unité de séparation des gaz de l’air, implantée sur le site de St Charles à Taft, non loin de La Nouvelle-Orléans. Cette installation, déjà existante, va être entièrement modernisée : meilleure efficacité énergétique, régulation plus fine des débits, et surtout connexion directe au réseau de canalisations d’Air Liquide, qui serpente déjà dans tout le sud des États-Unis.
Ce réseau est un véritable atout pour la Louisiane. Il permet d’acheminer, à très haut débit, de l’oxygène et de l’azote industriels à un vaste ensemble de clients, raffineries, complexes chimiques, aciéries.
Un contrat qui s’étoffe
L’opération est liée au renouvellement d’un contrat de long terme avec Dow, un poids lourd mondial de la chimie. Dow exploite un site majeur à St Charles, et a besoin d’un approvisionnement continu et fiable en gaz industriels pour faire tourner ses réacteurs.
Air Liquide reste le fournisseur exclusif de ce site pour l’azote et l’oxygène. Et pour renforcer la fiabilité de ses livraisons, le groupe français prévoit de rajouter près de 50 kilomètres de tuyaux, qui s’étendront jusque dans le golfe du Mexique. Une manière de sécuriser les flux tout en ouvrant l’accès à de nouveaux clients industriels dans la région.
Un géant français à l’américaine
Souvent discret, Air Liquide est pourtant l’un des groupes industriels français les plus implantés aux États-Unis. Présent dans le pays depuis plus d’un siècle, il y compte aujourd’hui plus de 20 000 salariés et une centaine de sites industriels. Rien qu’en 2024, le groupe y a réalisé près de 6,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit environ 25 % de son activité mondiale.
Son réseau de canalisations d’hydrogène, d’oxygène et d’azote s’étend sur plus de 3 000 kilomètres, principalement au Texas et en Louisiane. Une infrastructure aussi invisible qu’indispensable, qui permet d’alimenter les plus grands complexes chimiques et pétrochimiques d’Amérique du Nord en continu, 24 heures sur 24.
Le Mississippi en ligne de mire
En connectant cette unité au reste de son réseau, Air Liquide fait bien plus qu’un simple raccord. Il crée une infrastructure de distribution à échelle régionale, capable de livrer plusieurs sites industriels en parallèle, tout en s’adaptant à leurs pics de consommation.
Cela signifie plus de souplesse, moins de gaspillage, et une meilleure stabilité des prix pour les clients. Une équation gagnante, qui explique pourquoi la Louisiane, avec son intense activité pétrochimique, est au cœur de la stratégie américaine du groupe.
Une dynamique industrielle bien réelle
L’investissement s’inscrit dans une reprise industrielle visible sur toute la côte sud des États-Unis, du Texas jusqu’à la Louisiane. Raffineries modernisées, usines de plastiques, centres de recherche en matériaux composites… les besoins en gaz industriels explosent, notamment pour des raisons environnementales : l’oxygène permet de brûler plus propre, l’azote sert à rendre inertes des procédés chimiques sensibles.
En musclant son réseau de canalisations, Air Liquide se positionne donc non seulement comme un fournisseur fiable, mais aussi comme un acteur de l’infrastructure énergétique invisible, celle qui soutient les transformations profondes de l’industrie.
Une déclaration d’intention très claire
Du côté du groupe, on revendique cette stratégie avec aplomb. Matthieu Giard, Directeur du pôle Amériques, résume l’enjeu :
« Nous sommes fiers de prolonger la relation de longue date que nous avons nouée avec Dow. Chez Air Liquide, nous nous attachons à assurer un approvisionnement sûr et fiable de nos gaz à nos clients, afin de répondre à leurs besoins. Nous prenons des actions concrètes au service de cette ambition, en l’occurrence à travers l’amélioration de l’efficacité de notre réseau de distribution, conjuguant à la fois robustesse et souplesse. Les activités d’Air Liquide en Louisiane font partie de l’infrastructure industrielle qui contribue au développement de nombreuses industries dans le golfe du Mexique. Cet investissement témoigne de notre engagement à soutenir la croissance de nos clients . »
C’est ce que permet ce nouveau chantier, dont la mise en service est prévue pour début 2027. Une échéance raisonnable pour un projet d’infrastructure de cette ampleur.
Une discrète toile d’araignée industrielle
Au final, peu de gens le savent, mais Air Liquide gère l’un des réseaux de pipelines privés les plus étendus des États-Unis. Une véritable toile d’araignée, enfouie sous terre, qui alimente silencieusement des dizaines de sites industriels, en oxygène, azote, hydrogène ou encore dioxyde de carbone.
Avec cet investissement en Louisiane, le groupe renforce encore sa position dans le sud du pays. Et prouve qu’en matière d’énergie, les infrastructures les plus stratégiques ne sont pas toujours celles que l’on voit.*
Source : Air Liquide