Air Liquide injecte 70 millions d’euros pour alimenter les semi-conducteurs de Singapour.
Une usine flambant neuve, des gaz ultra-purs à très haut débit, et un partenariat sur le long terme au cœur du « Silicon Valley » asiatique. Le groupe français Air Liquide vient d’annoncer un investissement de 70 millions d’euros pour construire une unité de production à Singapour, destinée à alimenter le géant des semi-conducteurs VSMC en azote, oxygène, argon et autres gaz nobles.
Un exemple à suivre pour le reste de l’Hexagone très en retard dans le domaine stratégique des semi-conducteurs ?
Lire aussi :
- Ce projet énergétique du champion français Air Liquide en Chine confirme la position de l’hexagone comme investisseur n°1 de l’Europe dans l’Empire du Milieu
- Eramet positionne idéalement la France sur un des métaux les plus stratégiques du monde à 14 300 € / tonne en Indonésie : le nickel
Air Liquide va fournir ces gaz indispensables à la production de semi-conducteur pour le géant des semi-conducteurs VSMC
Dans le domaine de la production de semi-conducteurs, la pureté est une obsession. Chaque wafer (fines tranches de silicium sur lesquelles on grave des milliards de transistors) doit être traité dans un environnement aussi propre qu’une salle d’opération. Et pour y arriver, les propriétés de ces 3 gaz est nécessaire :
- l’azote sert à évacuer l’oxygène, qui pourrait perturber la chimie
- l’argon est utilisé comme gaz d’ambiance dans les procédés de gravure
- l’oxygène pur intervient dans certaines étapes de dépôt de couches.
Bref, à chaque étape, un gaz, une fonction, une exigence de pureté extrême et ça tombe bien puisque Air Liquide accuse un degré de pureté délirant de 99,999999 % !
Une usine stratégique au cœur de la Silicon Island
La nouvelle installation sera construite à Tampines Wafer Fab Park, un nom qui pourrait évoquer un parc d’attractions, mais qui abrite en réalité l’un des plus gros pôles industriels de Singapour. C’est là que la coentreprise VSMC, créée par Vanguard International Semiconductor et NXP Semiconductors, a choisi d’implanter son usine de production de puces.
Pourquoi ici ? La cité-état détient environ 20 % du marché mondial des équipements de semi-conducteurs (mais une part bien inférieure dans leur création), ce qui en fait un acteur clé dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, notamment pour l’assemblage, le packaging et la fabrication d’équipements liés aux semi-conducteurs.
En revanche sa part dans la création de ces derniers est bien inférieure (voir tableau plus bas) et c’est à ça que la nouvelle usine doit palier..
Un contrat sur le long terme avec VSMC
Dans cette affaire, Air Liquide ne vend pas du gaz au kilo, mais un service intégré : infrastructure, production, maintenance, sécurité, fiabilité. Le contrat signé avec VSMC s’inscrit dans une logique de partenariat durable, qui garantit à la jeune coentreprise un approvisionnement continu et stable.
La mise en service de l’usine est prévue pour 2026, mais les travaux ont déjà débuté. Objectif : être prêt à alimenter les lignes de production de puces dès leur lancement.
Pourquoi Air Liquide investit dans les semi-conducteurs ?
C’est simple : parce que le marché explose, et que l’électronique moderne ne tourne plus sans gaz industriels. Smartphones, ordinateurs, voitures électriques, satellites, intelligence artificielle… chaque microprocesseur est passé, à un moment donné, par une atmosphère contrôlée fournie par Air Liquide ou ses concurrents.
Et avec la demande croissante en puces à basse consommation, les besoins en gaz ne vont pas ralentir. Bien au contraire. C’est pourquoi Air Liquide, à travers son plan ADVANCE, multiplie les investissements dans les grands bassins de production mondiaux, dont Singapour fait clairement partie.
La France peut-elle miser sur une expertise dans les gaz indispensables à la production des semi-conducteurs ?
La France accuse aujourd’hui un net retard dans la fabrication de semi-conducteurs, avec une part de marché mondial marginale et une dépendance forte vis-à-vis des acteurs asiatiques et américains.
Pourtant, comme nous venons de le voir elle dispose d’un atout stratégique souvent sous-estimé : la maîtrise des gaz ultra-purs, indispensables à chaque étape de production des puces. Air Liquide, donc, génère 4,1 milliards d’euros rien que sur ce secteur, avec des unités capables de fournir de l’azote, de l’argon, de l’hélium ou de l’hydrogène à plus de 99,999999 % de pureté.
Linde, Air Products, Messer ou encore Gazechim complètent ce paysage avec des savoir-faire industriels pointus reconnus dans le monde entier.
Miser sur cette spécialisation française, produire moins de puces, mais fournir les gaz indispensables à ceux qui les fabriquent, pourrait être une voie de sortie qui permettrait de diminuer le poids des semi-conducteurs dans la balance commerciale… Idée à suivre !
Part de marché mondial sur le marché de la production de semi-conducteurs
Pays / Région | Part de marché mondiale (%) |
Chine | 22 % |
Taïwan | 22 % |
Corée du Sud | 25 % |
Japon | 13 % |
Amériques (USA, etc.) | 8 % |
Europe & Moyen-Orient | 6 % |
Asie du Sud-Est* | 4 % |
*L’Asie du Sud-Est inclut Singapour, la Malaisie, le Vietnam, la Thaïlande, etc. Singapour représente une part significative de cette catégorie, mais sa part spécifique dans la production totale de puces est estimée à environ 5-6 %
Source :
- https://fr.statista.com/infographie/31385/capacite-mondiale-de-fabrication-de-semi-conducteurs-par-pays-region
- Air Liquide
Pourquoi opposer fabrication des semis conducteurs et production de gaz ?
Ce sont des entreprises différentes avec des activités et spécialisations différentes…
Bref un article sur air liquide aurait été suffisant.