Le Creusot prépare une des plus grandes forges du monde pour relancer l’atome en France.
Le Creusot, bastion de la métallurgie française s’apprête à “forger” l’avenir du nucléaire de l’Hexagone avec notre fleuron national Framatome qui sort le grand jeu : 579 millions d’euros pour un projet au nom évocateur : “Forge +” !
Une forge unique en Europe qui doit façonner les pièces géantes nécessaires aux EPR et EPR2.
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Une presse hydraulique 2x plus grosse que la tour Eiffel et un renouveau industriel français grâce à Framatome
On parlerait d’une presse de 18 000 tonnes (soit presque 2x la tour Eiffel et ses 10 000 tonnes), soit la plus grande forge du monde ! Une information que Framatome n’a pas encore souhaité confirmer pour l’instant mais c’est vous donner l’idée de la taille du projet “Forge +” !
Installé sur un terrain de 8 hectares appelé Feu de verse et acheté l’an dernier par l’équipementier nucléaire, cette forge sera capable de transformer des lingots d’acier en pièces maîtresses pour les réacteurs.
Le poids de l’histoire dans les murs du Creusot
Ce n’est pas un hasard si Framatome a choisi Le Creusot pour installer sa forge XXL. Cette ville porte dans ses murs des siècles de savoir-faire. Au XIXe siècle, le site était déjà le théâtre des premiers exploits industriels français, sous la houlette des maîtres de forge Schneider. De gigantesques marteaux-pilons martelaient l’acier pour équiper locomotives et navires, dans un vacarme de métal qui faisait vibrer la ville entière.
Les aciéries du Creusot ont traversé les révolutions industrielles sans jamais renoncer à leur fierté. De la première locomotive française au fleuron nucléaire d’aujourd’hui, elles ont toujours su s’adapter aux défis de leur temps. Dans chaque coup de marteau, dans chaque coulée d’acier, résonne un héritage qui trouve aujourd’hui un nouvel élan. Cette continuité, c’est aussi un gage de confiance pour Framatome : une tradition qui sait se réinventer, sans jamais perdre sa puissance.
Doubler la capacité de production pour sécuriser la filière nucléaire
Actuellement, l’usine de Framatome au Creusot produit environ 100 pièces forgées par an, alors que chaque réacteur EPR nécessite près de 90 forgés. Cette capacité limite donc la production à un peu plus d’un réacteur par an, obligeant à recourir à la sous-traitance, notamment auprès du japonais Japan Steel Works. Le projet Forge+ vise à doubler cette capacité afin de produire en interne toutes les pièces nécessaires à la construction de deux EPR2 par an, garantissant ainsi une meilleure maîtrise industrielle et une autonomie stratégique pour la France.
Sébastien Martoia, directeur du site Framatome au Creusot, résume ainsi l’enjeu : « Fournir plus et fournir tout ». Il précise que sans Forge+, la réalisation des deux EPR2 déjà commandés nécessiterait une part importante de sous-traitance. Ce projet est donc vital pour assurer la souveraineté énergétique française et répondre aux objectifs de neutralité carbone à travers le développement du nucléaire.
Un coup de pouce pour l’économie locale
À son ouverture prévue en 2032, le site devrait employer entre 190 et 240 personnes, principalement des techniciens et ingénieurs spécialisés. Ce développement industriel s’accompagne également d’un raccordement électrique souterrain, réalisé en partenariat avec RTE, pour alimenter les installations en énergie, avec des travaux de pose de câbles notamment sous la route nationale RCEA.
La phase actuelle est celle de la concertation publique, qui se déroule du 27 mai au 27 juillet 2025, permettant aux habitants et parties prenantes de s’informer, poser des questions et faire part de leurs avis sur le projet. Cette démarche, encadrée par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP), est essentielle pour assurer la transparence et l’acceptabilité sociale du projet.
La sobriété comme mot d’ordre
Dans un monde qui compte ses émissions de CO2 à la tonne près, la forge du Creusot doit montrer patte blanche. Framatome promet des procédés plus sobres, une gestion fine de l’énergie, et une intégration des enjeux climatiques dès la conception.
Des études d’impact environnemental sont déjà en cours, et les habitants, bien que globalement favorables, veillent au grain. Les usines du passé ont parfois laissé des traces ; la forge du futur devra, elle, conjuguer puissance et respect des sols.
Des défis à la hauteur des ambitions
Les 579 millions d’euros investis, c’est un pari sur l’avenir. Framatome joue la carte de l’excellence, convaincue que la filière nucléaire française peut encore peser sur la scène mondiale. Mais la réussite passera par la capacité à livrer des pièces fiables, sans accroc, et dans des délais records.
Les équipes du Creusot ont un savoir-faire forgé par l’histoire. Reste à l’adapter aux exigences de la transition énergétique, où chaque tonne de CO2 évitée compte. Avec cette forge XXL, le Creusot veut prouver que l’on peut conjuguer industrie lourde et responsabilité environnementale.
Source : https://www.framatome.com/fr/implantations/le-creusot/
Image : Marteau-pilon du Creusot.
Il existe beaucoup plus imposant en France avec la presse installée à Issoire il y a près de 40 ans.
Lien ci dessous
https://www.rnm-metallurgie.fr/le_saviez_vous/une-presse-geante-pour-forger-les-trains-datterrissage/
Merci André, l’auteur ne connaissait pas cette forge et a furieusement envie d’écrire dessus à présent !