Un cargo rempli de voitures électriques part en flammes au large de l’Alaska.
Un navire long comme deux terrains de football avec plus de 3 000 véhicules à bord, dont plus de 700 électriques a pris feu à des centaines de kilomètres de toute côte dans le Pacifique. Le Morning Midas, un cargo parti de Chine en direction du Mexique, le 3 juin dernier a dû être abandonné en pleine nuit par son équipe.
La cause probable de l’incendie serait les batteries lithium-ion, malheureusement réputées pour leur possible emballement thermique qui peut provoquer une réaction en chaîne et un incendie violent.
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Que s’est-il vraiment passé sur le Morning Midas la nuit du 2 juin ?
Tout commence le 26 mai 2025, lorsque le Morning Midas quitte la Chine. À son bord : 3 048 véhicules, dont 70 100 % électriques et 681 hybrides. Une cargaison standard, sauf que… huit jours plus tard, dans la nuit du 2 au 3 juin, de la fumée apparaît sur un pont inférieur.
Très vite, l’équipage repère l’origine : une zone qui transporte des véhicules électriques. Les systèmes d’extinction embarqués se déclenchent, les procédures d’urgence sont suivies à la lettre… mais le feu ne se laisse pas faire. Résultat : les 22 membres de l’équipage montent dans des canots de sauvetage et quittent le navire.
Heureusement, le Cosco Hellas, un autre navire commercial, était à proximité. Il a permis de récupérer tout l’équipage sain et sauf. Ouf !
Pourquoi ces incendies sont-ils si dangereux ?
Les batteries lithium-ion, comme celles utilisées dans les véhicules électriques, sont très efficaces pour stocker de l’énergie. Mais elles ont un défaut : si elles sont endommagées ou surchauffent, elles peuvent entrer en réaction thermique incontrôlée. En clair ? Elles brûlent de l’intérieur, parfois jusqu’à l’explosion (raison pour laquelle il est interdit de laisser votre PC portable dans la soute d’un avion).
Et une batterie qui prend feu, ça ne s’éteint pas comme une friteuse. Il faut des quantités d’eau énormes, et surtout, du temps. En mer, sans pompiers spécialisés ni moyens lourds, c’est un cauchemar logistique.
C’est ce qui rend ce genre d’incendie si redouté par les marins.
Ce n’est pas la première fois que ça arrive…
En 2022, le Felicity Ace avait lui aussi pris feu dans l’Atlantique. À bord 4 000 voitures de luxe, dont des Porsche, Bentley et Lamborghini. Le feu a duré deux semaines, et le navire a fini par sombrer. Résultat ? Plus de 150 millions de dollars de pertes, et une ligne de production relancée chez Lamborghini pour remplacer une voiture partie en fumée.
Ces accidents ne sont plus anecdotiques. Et le transport maritime de véhicules électriques commence sérieusement à inquiéter les compagnies.
Que devient le navire ?
À l’heure actuelle, le Morning Midas est toujours en dérive dans le nord du Pacifique, quelque part au sud de l’Alaska. La fumée est toujours visible, et l’incendie n’est pas maîtrisé. On ignore l’état de la cargaison, mais les risques de pollution sont bien réels : fuites de carburant, produits chimiques des batteries, etc.
Les garde-côtes américains et la société Zodiac Maritime travaillent main dans la main pour décider des prochaines étapes. Rapatrier le navire ? Tenter un remorquage ? Le saborder si nécessaire ? Rien n’est encore tranché.
Peut-on encore transporter des voitures électriques par bateau ?
La réponse est… oui, mais pas n’importe comment.
Pour l’instant, la mer est le seul moyen de livrer des milliers de véhicules d’un continent à l’autre. On ne va pas envoyer 3 000 voitures par avion… ce serait un non-sens énergétique. Mais face à ces incendies à répétition, certains commencent à changer de stratégie.
En Norvège, par exemple, la compagnie Havila Kystruten a annoncé qu’elle n’embarquerait plus de véhicules électriques sur ses ferries. D’autres entreprises renforcent les systèmes anti-incendie à bord, repensent la répartition des véhicules, ou développent de nouveaux compartiments ignifugés.
L’enjeu est clair : adapter les cargos au transport de batteries, car ce ne sont plus des cargaisons d’exception… c’est le nouveau standard.