La Chine passe un nouveau cap dans le nucléaire qui va faire “date” dans l’Histoire (sans mauvais jeu de mots)

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Le carbone-14 chinois s’invite sur la scène mondiale.

Le 16 mai dernier, un premier lot de carbone-14 produit en Chine a quitté la centrale nucléaire de Qinshan. Cela vous semble terriblement ennuyeux ? N’en doutez pas, cela marque un peu plus la nouvelle dimension prise par la Chine qui devient ainsi l’un des rares pays au monde capables de produire cet isotope radioactif à grande échelle, un privilège jusqu’ici réservé à une poignée de puissances nucléaires !

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Le carbone-14, ça vous parle sûrement ! C’est l’isotope qui permet aux archéologues de dater des poteries antiques ou des ossements vieux de plusieurs millénaires. Mais il ne se limite pas à nos lointains ancêtres. Cet isotope est un compagnon fidèle des laboratoires : en biologie, en chimie, en agriculture, il joue un rôle essentiel pour tracer et comprendre les processus du vivant. Les chercheurs l’emploient aussi pour mettre au point de nouvelles techniques médicales.

Jusqu’ici, seuls une dizaine de pays disposaient des infrastructures nucléaires nécessaires pour en produire. Les États-Unis, le Japon, la Russie et la France, avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique) en font partie. La Chine vient d’entrer dans ce cercle très fermé, et elle n’a pas fait les choses à moitié.

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Un chantier mené tambour battant

Pour y parvenir, les ingénieurs chinois ont puisé dans un arsenal technologique impressionnant. Depuis 2019, ils ont travaillé sur l’irradiation de cibles dans un réacteur à eau lourde de Qinshan. C’est un peu comme cuisiner un plat délicat : il faut une cuisson précise, un timing parfait et un contrôle qualité sans faille.

La première extraction de carbone-14 a eu lieu en avril de l’année dernière. Ensuite, purification, analyses, tests de pureté… jusqu’à l’expédition du premier lot en mai. La CNNC (China National Nuclear Corporation) a de quoi être fière : les normes de qualité sont respectées, et la production annuelle promet de satisfaire le marché intérieur chinois.

Un petit marché, mais de grandes ambitions

Le carbone-14 est produit en quantités modestes, mais sa valeur est immense. La France, avec le CEA, en fournit pour la recherche et l’industrie. La Chine entend faire de même, en s’appuyant sur ses propres ressources et en réduisant sa dépendance aux importations. C’est un peu comme passer du stade de client à celui de chef d’orchestre : la musique est plus belle quand on la joue soi-même !

Le site de Qinshan fabriquait déjà du cobalt-60, utilisé pour stériliser les instruments médicaux ou conserver les aliments. Bientôt, il pourrait produire du lutétium-177, un isotope très demandé pour traiter certains cancers. Une sorte de trousse à outils radioactive au service de la santé et de la recherche.

Qinshan, un site qui pèse lourd

Qinshan, c’est un peu la fierté de l’atome chinois. Sept réacteurs au total, dont un petit pionnier de 300 MWe mis en service en 1994, quatre réacteurs CNP-600 à forte fabrication locale et deux géants canadiens de 750 MWe. Le tout aligne une capacité de production d’isotopes unique en Chine, avec un degré de contrôle et d’autonomie qui a de quoi impressionner.

Pour la CNNC, le lancement du carbone-14 n’est qu’une étape. Le message est clair : la Chine entend prendre toute sa place dans le domaine des isotopes, et peut-être même en exporter, une fois ses besoins domestiques assurés.

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Des enjeux géopolitiques en toile de fond

Derrière la prouesse industrielle, il y a aussi un enjeu de souveraineté. Maîtriser la production de carbone-14, c’est garantir un accès sûr à un outil indispensable pour la science et l’industrie. C’est aussi une manière de montrer qu’on peut innover et produire en toute autonomie, même dans un domaine où la concurrence est rude et les chiffres souvent secrets.

Alors oui, la livraison de ce premier lot de carbone-14 chinois n’a peut-être pas défrayé la chronique comme un grand match de foot. Mais dans le petit monde de la science et de l’industrie nucléaire, c’est un évènement qui compte.

Un rappel que la maîtrise des isotopes, ça ne s’improvise pas : c’est un mélange de rigueur scientifique, d’outils de pointe et, avouons-le, d’une bonne dose de fierté nationale.

Image : Expérience de datation au Carbone-14 au Musée archéologique du lac de Paladru à Charavines dans l’Isère.

Source : https://www.neimagazine.com/news/china-ships-first-batch-of-carbon-14/

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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