Depuis toujours, l’orbite terrestre attire l’attention des astronomes. Pourtant, Vénus pourrait dissimuler une menace bien plus discrète, mais potentiellement dévastatrice. De récentes recherches relayées par National Geographic et LiveScience ont mis en lumière une population encore méconnue d’astéroïdes, situés près de l’orbite de Vénus et invisibles depuis la Terre.
Ces objets célestes, que l’on appelle des astéroïdes Atira, orbitent plus près du Soleil que notre planète. Ce qui les rend quasiment indétectables pour les instruments actuels. En raison de leur proximité avec le Soleil, ils ne peuvent être observés qu’à l’aube ou au crépuscule, et encore, uniquement depuis certains angles.
Des campagnes récentes de détection, notamment à l’aide de télescopes aéroportés comme Darkness embarqué sur un ballon stratosphérique, ont révélé plusieurs nouveaux objets dans cette zone. Les scientifiques estiment qu’un grand nombre d’astéroïdes pourraient encore s’y cacher, formant un “essaim” autour de Vénus.
Simulations alarmantes : un risque potentiel pour la Terre
Mais pourquoi s’alarmer maintenant ? Des modélisations numériques récentes ont démontré que plusieurs de ces astéroïdes pourraient, à long terme, être déviés de leur trajectoire et croiser l’orbite de la Terre. Ce qui signifie un risque, certes faible mais réel.
Certains de ces objets sont suffisamment massifs pour être qualifiés de “city killers” : en cas de collision, ils pourraient anéantir une ville entière. D’après les simulations menées par les chercheurs, les orbites de ces astéroïdes peuvent être perturbées par des effets gravitationnels multiples, notamment ceux des planètes proches.
À l’heure actuelle, aucun de ces astéroïdes ne présente de danger imminent, mais leur simple existence dans une zone aussi mal surveillée interroge la communauté scientifique. Si certains de ces corps célestes passaient à proximité de la Terre sans être détectés, cela laisserait très peu de temps pour réagir.
Pourquoi ces astéroïdes échappent à la détection des télescopes terrestres ?
Notre plus grande faiblesse dans la surveillance des astéroïdes est… le Soleil. Ironiquement, c’est la lumière qui nous éclaire chaque jour qui empêche nos meilleurs télescopes de repérer une menace qui pourrait venir de l’intérieur du système solaire. Les astéroïdes en orbite autour de Vénus ou à l’intérieur de celle de la Terre se déplacent dans une région éblouie en permanence par la lumière solaire, ce qui les rend extrêmement difficiles à détecter.
Les systèmes de surveillance actuels, comme Pan-STARRS, ATLAS ou NEOWISE, ont une couverture limitée dans ces zones proches du Soleil. Ces programmes sont très efficaces pour traquer les astéroïdes passant entre Mars et la Terre, mais quasiment aveugles face à ceux qui viennent “d’en dessous”. La majorité des télescopes terrestres fonctionnent de nuit, ce qui rend les observations vers l’intérieur du système solaire techniquement impossibles sans équipements spéciaux.
Même les télescopes spatiaux sont limités par leurs trajectoires et leurs instruments, qui ne sont pas toujours orientés vers la région critique. Cela laisse des angles morts entiers, où des objets de plusieurs dizaines, voire centaines de mètres de diamètre, peuvent évoluer sans être détectés pendant des années.
Faut-il craindre un “tueur de villes” ? Les plans pour mieux surveiller ces objets
L’expression “city-killer asteroid” n’a rien d’exagéré. Un objet de seulement 100 mètres de diamètre – comme ceux identifiés près de Vénus – pourrait rayer une grande ville de la carte s’il frappait la Terre à pleine vitesse. Ce type d’impact libérerait une énergie équivalente à plusieurs mégatonnes de TNT, avec des conséquences catastrophiques à l’échelle régionale.
Face à cette menace silencieuse, la communauté scientifique appelle à renforcer la surveillance dans ces zones mal couvertes. La NASA prévoit notamment le lancement du télescope NEO Surveyor, spécifiquement conçu pour détecter les objets proches du Soleil. Ce télescope infrarouge sera positionné de manière à éviter l’aveuglement lumineux et pourra enfin surveiller efficacement la région entourant Vénus.
D’autres initiatives sont également en cours du côté de l’ESA (Agence spatiale européenne), qui développe le projet Flyeye, un télescope robotisé à champ de vision large, capable de repérer des objets dans les zones critiques.
Le véritable enjeu ne réside pas dans la panique, mais dans l’anticipation. Car plus un astéroïde est détecté tôt, plus il est possible de le dévier ou de mettre en place des mesures de protection adaptées.
Ce qu’il faut retenir
- Des astéroïdes jusqu’alors inconnus évoluent près de l’orbite de Vénus, dans une zone très peu surveillée depuis la Terre.
- Leur proximité avec le Soleil les rend pratiquement invisibles pour nos systèmes de détection actuels.
- Des simulations montrent qu’une partie de ces objets pourrait, à terme, croiser l’orbite terrestre.
- Certains d’entre eux ont un diamètre suffisant pour détruire une ville entière en cas de collision.
- Des projets comme NEO Surveyor visent à combler cette faille majeure dans la surveillance spatiale.
Sources
- https://www.nationalgeographic.com/science/article/asteroids-venus-earth-danger-orbit
- https://www.livescience.com/space/asteroids/an-invisible-threat-swarm-of-hidden-city-killer-asteroids-around-venus-could-one-day-collide-with-earth-simulations-show