Et si nos réacteurs de 1 300 mégawatts repartaient pour dix ans de plus ?
Quarante ans, c’est l’âge auquel beaucoup de machines commencent à tirer la langue. Un frigo fatigue, un lave-vaisselle prend du jeu, une voiture devient capricieuse. Et une centrale nucléaire ? Eh bien, elle peut continuer à fonctionner. À condition qu’on la bichonne.
C’est précisément ce que vient de confirmer l’Autorité de sûreté nucléaire française. Les vingt réacteurs de 1 300 mégawatts électriques, construits entre 1985 et 1993, vont pouvoir pousser jusqu’à 50 ans de fonctionnement, voire davantage. Un peu comme une 205 qui redémarre au quart de tour… après avoir changé le moteur, les freins, les phares et le châssis.
Lire aussi :
- 25,8 milliards d’euros de perdus mais la France reprend des couleurs en Europe de l’Est avec cette prise de contrôle d’un acteur important du nucléaire
- La France appelée à la rescousse des centrales nucléaires belges après une volte-face à 180° du plat pays sur la question de l’atome
L’Autorité de sûreté nucléaire française valide l’extension de durée de vie de 10 ans pour les réacteurs de 1300 MW
Les réacteurs nucléaires ne sont pas des yaourts dans le sens où ils n’ont pas de date de péremption. Ils sont inspectés tous les dix ans dans le cadre d’un grand réexamen technique. On appelle ça la “visite décennale” et pour les réacteurs de 1 300 MWe, celle des 40 ans vient d’avoir lieu.
Ce cap n’est pas symbolique. Lors de leur conception dans les années 80, les ingénieurs tablaient justement sur quarante ans de fonctionnement. Donc au-delà, on sort du contrat initial. Pour continuer, il faut démontrer noir sur blanc que tout reste sûr. Et ça ne se résume pas à changer une poignée de boulons.
EDF a dû revoir ses études de conception, remplacer des pièces critiques, renforcer la résistance aux séismes, et imaginer comment les réacteurs réagiraient à des situations extrêmes. Bref, une vraie cure de jouvence technologique.
Une consultation publique digne d’un débat national
Avant de trancher, l’ASN n’a pas décidé dans son coin. Elle a ouvert une grande phase de concertation nationale, où experts, collectivités, associations et simples citoyens ont pu donner leur avis sur les mesures proposées.
Les résultats ont été analysés, consolidés, puis traduits dans une décision finale rendue le 4 juillet 2025. Verdict : feu vert pour dix années de plus, à condition qu’EDF applique toutes les améliorations prévues, et quelques-unes en supplément.
Ce feu vert ne s’applique pas automatiquement à tous les réacteurs. Chacun passera son tour entre 2025 et 2040, avec un examen individuel, une enquête publique, et une liste d’obligations techniques bien précise.
Un chantier à 6 milliards d’euros
Rénover 20 réacteurs nucléaires, ce n’est pas comme repeindre des volets. C’est un chantier titanesque. Selon EDF, l’opération coûtera environ 6 milliards d’euros. C’est beaucoup ? Oui. Mais construire une nouvelle centrale coûte entre 10 et 12 milliards, donc sur le papier, si on devait remplacer ces “vieilles” centrales par des neuves le coût serait de 240 milliards contre 120 pour une prolongation soit 120 milliards d’euros d’économie.
Et surtout, ce programme permet de garder en fonctionnement près de 26 000 mégawatts de puissance installée. Soit l’équivalent de 26 réacteurs EPR, ou encore 25 millions de foyers alimentés en électricité bas carbone.
C’est aussi une excellente nouvelle pour l’industrie française du nucléaire : les pièces détachées, les interventions, les audits, tout cela représente des milliers d’emplois industriels et techniques, en majorité localisés en France.
Ce n’est pas une première : Tricastin a ouvert la voie
Si ce feu vert pour les 1 300 MWe est une grande étape, ce n’est pas la première. En 2021 déjà, l’ASN avait autorisé la prolongation des 900 MWe, les doyens du parc nucléaire. Et en août 2023, le réacteur Tricastin 1 est devenu le premier à passer officiellement la barre des 40 ans.
L’enjeu est clair : prolonger au maximum ce qui fonctionne encore bien, plutôt que de tout démanteler dans la précipitation et ce, sans jamais baisser le niveau de sûreté, qui reste le critère numéro un.
Faire durer, oui, mais pas à l’aveugle
Alors, allons-nous faire tourner les centrales jusqu’à 80 ans ? Pas si vite. Chaque décennie de prolongation implique des travaux lourds, un suivi au millimètre, et des arbitrages industriels complexes. Il faut aussi que les sous-traitants soient capables de livrer dans les délais, que les plannings soient tenus, et que tout soit transparent.
L’ASN exige un rapport annuel public sur l’état d’avancement des travaux, site par site, avec les marges de sécurité, les retards éventuels et les solutions prévues.
En clair, on ne bricole pas un réacteur de 1 300 mégawatts. On le refait à neuf, en grande partie, pour le faire repartir en confiance, avec de jolies économies à la clé.
Source : https://www.asnr.fr/actualites/poursuite-de-fonctionnement-des-reacteurs-de-1300-mwe-au-dela-de-40-ans
Image : Vue aérienne de la centrale nucléaire de Cattenom © EDF/HappyDay/J.-L. Burnod
Si les contrôles et la transparence démocratique est aussi rigoureuse que la présentation sur le papier ou ce média, c’est une solution importante parmi d’autres. Attention aux zones où les refroidisseurs en eaux risque de ne plus suffire avec le réchauffement climatique. Des mini centrales au Danemark sont à l’étude aussi avec apparemment moins de besoin de refroidissement , au therus pour les industries moyennes et petites mais avec moins de contrôles démocratiques transparents à la clefs….. Pour ces centrales qui manquent de potentiel de refroidissement à l’avenir et qui peuvent altérer la faune ou la flore des rivières ou fleuves, cela peut devenir très intéressant.
On ne peut pas comparer une voiture un frigo à une centrale nucléaire. La centrale est bichonnée chaque jour le frigo on attend qu’il casse et la voiture cela dépend des personnes.