250 millions d’euros d’azote ultra-pur : quand Air Liquide dope les puces européennes.
Les puces électroniques ne supportent ni la poussière ni les variations d’humidité ni les traces d’oxygène mal maîtrisées. Pour leur production, il est ainsi primordial d’utiliser du gaz ultra-pur, sans la moindre impureté, livré à un débit constant. Cela tombe bien car comme nous l’avions vu dans un article précédent, Air Liquide est leader mondial dans ce domaine !
Pour renforcer ce statut, le géant français de la chimie vient d’annoncer un investissement de plus de 250 millions d’euros pour s’imposer comme fournisseur clé de la première zone de production de semi-conducteurs du continent : la Silicon Saxony.
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Dresde bientôt cible d’un investissement de 250 millions d’euros d’Air Liquide
Située à Dresde, dans le Land de Saxe, la “Silicon Saxony”, concentre depuis vingt ans une part croissante de la production microélectronique du continent. Les grands noms du secteur s’y bousculent : Infineon, Bosch, GlobalFoundries, et bientôt TSMC. C’est là qu’Air Liquide va construire trois unités de séparation des gaz de l’air (ASU), deux unités d’hydrogène, et toute l’infrastructure de distribution souterraine nécessaire pour alimenter ses clients directement sur site.
Mise en service prévue en 2027.
Des gaz invisibles, une performance capitale
Le futur complexe fournira une gamme complète de gaz : azote, oxygène, argon, hydrogène, CO₂ et hélium, tous d’une pureté extrême. Ces gaz sont essentiels à chaque étape de la fabrication des puces, depuis le nettoyage des wafers jusqu’au dépôt de couches atomiques. L’objectif est de garantir une fiabilité maximale, avec une logistique interne qui élimine les livraisons en camion et leurs émissions associées. Le tout sera alimenté par de l’électricité 100 % renouvelable.
Un pari technologique au service de la souveraineté
En optant pour la production sur site, Air Liquide anticipe les besoins croissants du secteur tout en réduisant son empreinte carbone. Ce type d’installation modulaire, standardisée, pilotée numériquement, permet aussi d’accélérer les délais de mise en route et de limiter les incidents. Autrement dit, l’azote coulera à flot sans la moindre fluctuation, même en cas de pics de production. Ce projet est, à ce jour, le plus grand investissement d’Air Liquide dans l’électronique en Europe.
Une brique invisible de la réindustrialisation européenne
Derrière ce contrat signé avec un grand nom des semi-conducteurs (non dévoilé), c’est toute une stratégie industrielle européenne qui se dessine avec l’ambition de moins dépendre de l’Asie, sécuriser les chaînes d’approvisionnement, et relocaliser certaines étapes critiques de la fabrication de composants. Ce mouvement est porté par les plans européens de soutien à la microélectronique, à commencer par l’EU Chips Act.
Profiter de l’European Chips Act pour investir
Le EU Chips Act est une initiative de l’Union européenne lancée en 2022 pour renforcer la production et la recherche en semi-conducteurs en Europe.
Son objectif est de doubler la part de marché mondiale de l’UE dans ce secteur, de 10 % à 20 % d’ici 2030.
Il prévoit plus de 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés pour soutenir usines, R&D et chaînes d’approvisionnement.
Ce plan vise à réduire la dépendance de l’Europe face aux importations asiatiques et américaines.
Air Liquide entend profiter de l’aubaine pour jouer ici un rôle discret mais structurant, avec un élément indispensable à toute la filière.
Un statut de leader à consolider pour Air Liquide
Emilie Mouren-Renouard, membre du Comité Exécutif d’Air Liquide, résume l’ambition du projet :
« Ce nouvel investissement renforce la position d’Air Liquide en tant que principal fournisseur mondial et européen de l’industrie des semi-conducteurs. C’est une illustration concrète de notre expertise et de notre capacité à livrer des gaz ultra-purs, en toute sécurité et fiabilité. Accompagner nos clients dans le développement des technologies futures à travers l’Europe, tout en réduisant leur empreinte carbone est au cœur de notre stratégie. Cet investissement renforce également notre leadership au sein de la “Silicon Saxony”, tout en contribuant à la souveraineté technologique européenne. »
Source : Air Liquide
