Air Liquide s’implante en force en Corée du Sud avec DIG Airgas.
Le 22 août 2025, Air Liquide a annoncé la signature d’un accord engageant avec le fonds Macquarie Asia-Pacific Infrastructure Fund 2 pour l’acquisition de DIG Airgas, l’un des principaux acteurs des gaz industriels sud-coréens. Montant sur la table : 4 600 milliards de wons soit environ 2,85 milliards d’euros. La finalisation est attendue au premier semestre 2026, sous réserve des autorisations réglementaires de Séoul.
Si le groupe français ne découvre pas le terrain avec une présence coréenne depuis plus de trente ans dans l’oxygène médical, les gaz ultra-purs pour l’électronique ou encore les services de santé à domicile; cette acquisition vient muscler sérieusement sa présence locale.
Lire aussi :
- Et si la France abandonnait la course aux semi-conducteurs pour fournir plutôt les 3 gaz indispensables à leur production comme le fait Air Liquide à Singapour ?
- Un projet déterminant pour l’avenir de l’énergie en France va voir le jour avec cette usine de production d’hydrogène fruit d’une alliance entre Air Liquide et TotalEnergies
Air Liquide prend une sérieuse option en Corée du Sud avec un investissement de 2,85 milliards d’euros pour d’offrir DIG Airgas
La Corée du Sud est le 6ᵉ pays industriel au monde, le 4ᵉ marché des gaz industriels, et le 2ᵉ en part d’investissement dans la R&D. À titre d’exemple, Samsung, LG, Hyundai, SK Hynix ou encore Celltrion sont autant de groupes qui réclament des flux continus de gaz industriels hautement spécialisés, indispensables aux procédés de fabrication des semi-conducteurs, des batteries ou des biotechnologies.
DIG Airgas a parfaitement su s’intégrer à cet écosystème. Créée en 1979, l’entreprise emploie 550 personnes, gère 60 usines, alimente 220 kilomètres de canalisations et affiche un chiffre d’affaires de 510 millions d’euros en 2024.
Elle opère sur tout le territoire, dans tous les bassins industriels. Et surtout, elle détient un portefeuille de 20 projets sécurisés, ce qui en fait un acteur de long terme.
Une synergie parfaitement calculée
Air Liquide a une longue expérience dans les acquisitions. Le groupe ne se contente pas d’absorber une entreprise. Il mutualise les infrastructures, optimise les livraisons, harmonise les technologies de production, tout en garantissant la qualité exigée par les géants de l’électronique ou du secteur médical. C’est comme passer d’un moteur thermique à une chaîne de traction électrique optimisée : même fonction, rendement décuplé.
Un atout pour conquérir l’électronique asiatique
Le positionnement est limpide. Cette acquisition donne à Air Liquide une plateforme robuste pour répondre à la demande exponentielle de l’électronique asiatique. Semi-conducteurs gravés en 3 nanomètres, écrans OLED souples, électrolytes pour batteries lithium-ion : toutes ces technologies nécessitent des gaz d’une pureté absolue, fournis sous pression, à débit constant, sans interruption. Un gaz mal contrôlé peut entraîner la perte de milliers de wafers de silicium (une tranche ou une plaque très fine de matériau semi-conducteur monocristallin utilisée pour fabriquer des composants de microélectronique).
DIG Airgas possède les installations et l’expérience. Air Liquide y ajoute son réseau mondial, ses capacités d’analyse avancée, et son savoir-faire sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.
Le groupe français est déjà présent au Japon, à Taïwan, à Singapour et en Chine. Avec cette opération, il verrouille le triangle stratégique de l’Asie technologique.
L’hydrogène et les batteries en embuscade
Air Liquide ne vise pas que les usines de semi-conducteurs. La Corée du Sud investit massivement dans les énergies propres, notamment l’hydrogène vert et les batteries de nouvelle génération. DIG Airgas s’est déjà positionné sur ces filières en croissance, avec des livraisons pour des centres de recherche ou des usines de production d’anodes et de cathodes.
C’est là que les choses deviennent intéressantes. En combinant les capacités locales de DIG avec ses propres technologies (comme les électrolyseurs haute performance ou les compresseurs cryogéniques), Air Liquide pourra proposer des solutions clés en main aux industriels coréens. Si la législation européenne sur les importations de produits décarbonés se durcit, ces sites en Asie pourraient bien devenir des partenaires essentiels pour la filière européenne.
Résumé des dernières acquisitions d’Air Liquide
Année | Entreprise acquise | Pays | Montant estimé | Secteur d’activité | Objectif stratégique |
---|---|---|---|---|---|
2025 | DIG Airgas | Corée du Sud | 2,85 milliards € | Gaz industriels (semi-conducteurs, batteries) | Renforcer la position en Asie, capter les projets technologiques coréens |
2023 | Via Airgas : E&C Solutions | États-Unis | Non communiqué | Ingénierie & construction pour gaz ultra-purs | Développer les infrastructures liées aux semi-conducteurs |
2022 | Skagerak Naturgass | Norvège | Non communiqué | Gaz naturel liquéfié (GNL) pour transport | Accélérer la décarbonation du transport maritime |
2021 | Hydrogenics Corp (via joint-venture) | Canada | 290 millions € (part d’Air Liquide) | Électrolyse & hydrogène | Accélérer la production d’hydrogène vert à grande échelle |
2019 | Southern Industrial Gases | Malaisie | Non communiqué | Gaz industriels | Renforcer la couverture industrielle en Asie du Sud-Est |
2016 | Airgas | États-Unis | 12,5 milliards € | Gaz industriels, médical & sécurité | Créer le leader mondial du secteur gazier, renforcer la présence nord-américaine |
Source : Air Liquide