Deux monstres de l’Atlantique en préparation chez GTT.
Le 3 septembre 2025, GTT, notre champion français du gaz liquéfié, a décroché un nouveau contrat avec le chantier naval Hanwha Ocean, en Corée du Sud.
Au programme : deux méthaniers géants, capables chacun de transporter 174 000 mètres cubes de méthane liquéfié à -163 °C, direction le marché américaine avec de de quoi alimenter une bonne partie de la côte Est en énergie.
Le client final s’appelle Hanwha Shipping, une société basée aux États-Unis, ce qui montre bien que la technologie tricolore s’exporte toujours aussi bien, surtout quand il s’agit de contenir du gaz bouillant dans un frigo géant.
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GTT, l’industriel qui gère le gaz des méthaniers géants comme un horloger suisse
Ces cuves ne sont pas des simples réservoirs. Ce sont des bijoux d’ingénierie thermique. GTT y installe son système NO96 L03+1, une double membrane en acier inoxydable, séparée par des couches d’isolant thermique, le tout conçu pour minimiser les pertes et éviter les fuites à tout prix.
Pourquoi ? Parce qu’à cette température, le gaz naturel est aussi fluide qu’un café glacé, et il adore s’évaporer à la moindre faille. Or, chaque petite perte, c’est de l’argent qui s’envole… Et du méthane dans l’atmosphère. Ce gaz est 84 fois plus réchauffant que le CO₂ sur 20 ans. Autant dire qu’il est inenvisageable d’avoir une micro-fuite !
Avec son système, GTT garantit une évaporation inférieure à 0,1 % par jour. C’est l’équivalent de quelques centilitres dans une piscine olympique.
C’est quoi un méthanier et pourquoi sont-ils si grands ?
Un méthanier, c’est tout simplement un navire-citerne conçu pour transporter du gaz naturel liquéfié (ou GNL) sur de très longues distances. Pour pouvoir embarquer ce gaz à bord, il faut d’abord le refroidir à -163 °C, ce qui le fait passer à l’état liquide et divise son volume par 600. Résultat : on peut en transporter beaucoup, mais à condition d’avoir de la place… et une isolation irréprochable. Voilà pourquoi ces navires atteignent parfois des tailles dignes des plus gros porte-conteneurs. Prenez le Mozah, par exemple : un monstre de 345 mètres de long, capable de transporter 266 000 m³ de GNL. Ou le Q-Max Al Dafna, long comme trois terrains de football, qui alimente le Royaume-Uni en gaz qatari. Ces géants des mers ne sont pas seulement impressionnants à quai. Ils sont devenus la colonne vertébrale d’une grande partie du commerce énergétique mondial, et sans eux, pas de chauffage, pas d’électricité, et pas d’industrie chimique. Tout simplement.
Des cargos réfrigérés qui sillonnent la planète
Plus de 550 milliards de mètres cubes de gaz liquéfié ont été transportés dans le monde en 2024. Cela représente environ 650 méthaniers sur les mers, naviguant entre l’Australie, le Golfe Persique, les États-Unis et l’Europe.
Les trois principales routes du GNL :
- Du Qatar vers l’Asie (Chine, Japon, Corée),
- Des États-Unis vers l’Europe, notamment depuis la Louisiane,
- Et de l’Australie vers les pays de l’ASEAN.
Les États-Unis sont désormais les rois du méthane liquide, avec 122 milliards de mètres cubes exportés en 2024. Une grande partie de ce gaz passe par des terminaux comme Sabine Pass, Corpus Christi, ou encore Cameron LNG. Il faut bien des navires fiables pour traverser l’Atlantique avec tout ça à bord.
Une véritable thalassocratie du froid
Avec ses contrats qui pleuvent aux quatre coins du globe, GTT ressemble de plus en plus à une thalassocratie moderne. Ses membranes équipent déjà plus d’un méthanier sur deux sur les mers, mais l’entreprise française ne s’en contente plus. Depuis quelques années, elle déploie une stratégie d’achats et de diversification qui l’installe comme acteur central de l’écosystème maritime. En 2023, elle a racheté le danois Danelec, spécialiste des boîtes noires maritimes et de l’électronique embarquée, pour muscler ses compétences dans la gestion de données en temps réel à bord des navires. GTT s’appuie aussi sur sa filiale Ascenz Marorka, dédiée aux solutions numériques de performance énergétique, de routage intelligent et de suivi des émissions. Ainsi l’entreprise ne se contente plus de garder le gaz au froid, elle s’installe dans les cerveaux des navires, à la croisée du froid industriel et de l’intelligence algorithmique. À chaque fois qu’un méthanier lève l’ancre, une part non négligeable de sa matière grise est désormais made in France.
Son chiffre d’affaires tourne autour de 400 millions d’euros par an, dont 90 % à l’exportation.
Récapitulatif de la commande Hanwha auprès de GTT
Élément | Détail |
Chantier naval | Hanwha Ocean (Corée du Sud) |
Client final | Hanwha Shipping (États-Unis) |
Capacité des navires | 174 000 m³ chacun |
Technologie utilisée | NO96 L03+1 |
Température de stockage | -163 °C |
Livraison prévue | 1er trimestre 2028 |
Nombre de navires | 2 méthaniers |
Rôle de GTT | Conception des cuves cryogéniques |
Source : GTT
Image : Le méthanier Gaselys, d’une capacité de 154 000 m3.