La France inaugure la première ferme éolienne flottante écoconçue au monde : 30 MW au large de l’Occitanie.
Trois éoliennes géantes qui flottent en pleine mer, à 16 kilomètres des côtes, reliées au réseau par un câble sous-marin, et entourées de récifs artificiels conçus pour favoriser la biodiversité au large de Port-La Nouvelle : bienvenue à EFGL, la première ferme éolienne flottante de 30 mégawatts intégrant la nature dans sa conception, une première mondiale signée France !
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La France étrenne trois éoliennes de 10 mégawatts qui ne touchent pas le fond
Sur cette ferme flottante, aucun pieu n’est enfoncé dans les fonds marins. Chaque éolienne repose sur une fondation flottante géante, ancrée par des câbles. L’avantage ? On peut s’installer dans des zones beaucoup plus profondes, là où les vents sont puissants et constants.
Chaque turbine affiche une puissance de 10 mégawatts, soit environ 1,5 fois plus qu’une éolienne terrestre standard. Assemblées sur terre à Port-La Nouvelle, elles ont été remorquées à 16 kilomètres au large, puis ancrées et mises en place dans un ballet d’ingénierie millimétré.
De l’énergie pour 50 000 personnes, sans béton sous-marin
Une fois connectées au réseau par le gestionnaire RTE, ces éoliennes devraient produire assez d’électricité pour alimenter l’équivalent de 50 000 habitants chaque année. Et tout cela sans sceller de béton dans l’écosystème marin, ce qui limite les perturbations sur la faune des fonds.
La ferme EFGL devient donc la démonstration grandeur nature que l’éolien flottant est prêt pour le grand bain, et qu’il peut être intégré de manière respectueuse à l’environnement.
Biohuts et biodiversité en pleine mer
Innovation discrète mais déterminante : autour des flotteurs ont été installés des récifs artificiels, appelés Biohuts. Ces modules métalliques agissent comme des nurseries pour les poissons, abritant les jeunes espèces marines vulnérables aux prédateurs. Conçus avec des scientifiques et des biologistes marins, ces Biohuts transforment les installations techniques en véritables zones de refuge pour la biodiversité locale.
On parle ici d’une “ferme éolienne respectueuse de la nature” (nature-inclusive en anglais), une première mondiale qui combine production d’électricité et restauration de l’écosystème marin.
Une vitrine mondiale pour l’Occitanie
Le projet EFGL est porté par Ocean Winds, une coentreprise née d’Engie et d’EDP Renewables. Ce démonstrateur de 30 mégawatts arrive après cinq années d’expérience sur leur projet portugais WindFloat Atlantic, une ferme flottante de 25 mégawatts.
EFGL, c’est un pas de géant pour l’éolien marin en France, qui prépare déjà la suite. En ligne de mire : EFLO, une version XXL de 250 mégawatts, attribuée fin 2024 à Ocean Winds et à la Banque des Territoires. La région Occitanie espère devenir un hub européen de l’éolien flottant, avec à la clé des emplois, de la formation et une filière industrielle durable.
Un chantier collectif, entre port, mer et expertise locale
Du design initial à la mise en mer, tout a été fait en lien avec les acteurs locaux : les pêcheurs, les autorités portuaires, les entreprises régionales et les spécialistes de la mer. Le port de Port-La Nouvelle a été modernisé pour accueillir le chantier, devenant un maillon central de cette nouvelle économie bleue.
Jérémy de Barbarin, directeur du projet EFGL, résume bien l’état d’esprit : « Chaque phase, du bureau d’études à l’installation offshore, a été un effort collectif. Ce projet n’est pas juste un démonstrateur technique, c’est une preuve que la transition énergétique peut s’ancrer localement. »
Prêts à changer d’échelle
EFGL ne sera pas un cas isolé. Le succès de cette ferme préfigure une montée en puissance rapide du secteur. D’un côté, les technologies flottantes permettent d’aller chercher le vent là où il est le plus fort, même en Méditerranée. De l’autre, l’intégration de dispositifs comme les Biohuts répond aux inquiétudes environnementales, sans ralentir les ambitions énergétiques.
La France, qui accuse encore du retard sur l’éolien offshore par rapport à ses voisins du Nord, pourrait bien rattraper le peloton de tête en misant sur l’innovation et l’ancrage local. L’Occitanie, avec EFGL et bientôt EFLO, montre le chemin.
D’autres records mondiaux notables dans l’éolien (2025)
Type de record | Projet / Modèle | Localisation | Détail | Année |
Plus grande éolienne terrestre | MingYang MySE 18.X-28X | Chine (prototype en mer) | Rotor de 280 m, puissance de 18 MW | 2025 |
Plus puissante éolienne flottante | EFGL (France) | Golfe du Lion (Occitanie) | 3 turbines de 10 MW, nature-inclusive | 2025 |
Plus grande ferme éolienne terrestre | Gansu Wind Farm | Chine | Plus de 10 GW installés, projet en cours | Depuis 2009 |
Plus grande ferme éolienne offshore | Dogger Bank | Mer du Nord (Royaume-Uni) | 3,6 GW prévus (installation par phases) | 2023–2026 |
Plus haute éolienne sur terre | Max Bögl Wind AG | Allemagne | Hauteur en bout de pale : 246,5 m | 2017 |
Première éolienne en Antarctique | Scott Base Wind Farm | Antarctique (Nouvelle-Zélande) | Résiste à des vents > 250 km/h | 2009 |
Première ferme flottante au monde | Hywind Scotland | Écosse | 5 turbines de 6 MW sur flotteurs | 2017 |
Éolienne la plus proche du pôle Nord | Havøygavlen Wind Farm | Norvège arctique | Latitude : 71°N, conditions extrêmes | 2002 |
Éolienne la plus au sud du globe | McMurdo Station | Antarctique (États-Unis) | Fournit énergie de base en site isolé | 2009 |
Plus longue pale jamais produite | GE Haliade-X | USA / Europe | 107 mètres par pale (3 × 107 m = 321 m de diamètre) | 2021 |
Source : https://www.oceanwinds.com/news/uncategorized/ocean-winds-completes-offshore-turbine-installation-of-first-floating-wind-project-in-occitanie-france