Eiffage monte à bord du vent : cap sur l’éolien offshore avec HSM Offshore Energy
C’est officiel : Eiffage passe à la vitesse supérieure dans l’éolien en mer. En annonçant l’acquisition de 100 % de la société néerlandaise HSM Offshore Energy, le groupe français, via sa filiale belge Smulders, renforce ses positions sur un marché en pleine expansion en Europe.
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Un vent de consolidation souffle sur l’industrie
HSM Offshore Energy n’est pas un nouveau venu : fondée en 1914, l’entreprise située près de Rotterdam emploie 140 personnes et génère près de 300 millions d’euros de chiffre d’affaires. Elle se spécialise dans les projets complexes d’ingénierie, de construction et d’installation, notamment dans les systèmes électriques et mécaniques offshore.
Ce rapprochement stratégique vient combler les vides entre les savoir-faire de Smulders et ceux de HSM : de quoi créer une offre intégrée, plus musclée, plus compétitive.
Deux experts, une même houle
Smulders, filiale d’Eiffage Métal, est déjà un acteur reconnu dans les structures offshore métalliques de grande envergure : pièces de transition, jackets, sous-stations haute tension… Son domaine : le gros œuvre en pleine mer.
De son côté, HSM Offshore Energy excelle dans les équipements complexes embarqués : intégration des systèmes de puissance, installation offshore, services multidisciplinaires. Ensemble, ces deux sociétés couvrent désormais la quasi-totalité de la chaîne de valeur de l’éolien offshore.
Les deux entreprises ont déjà collaboré sur des projets récents au large des côtes allemandes et belges, notamment pour l’intégration d’équipements de haute tension. Leur synergie est donc une continuité logique.
Parcs géants en mer du Nord
Les projets offshore sont de plus en plus vastes, plus techniques, plus risqués. Pour y répondre, il faut des équipes capables de concevoir, fabriquer et installer des structures pesant parfois plusieurs milliers de tonnes, en respectant des calendriers serrés, des normes draconiennes, et des conditions météo… Compliquées.
Le marché visé est clair : la mer du Nord, cœur européen de l’éolien offshore. Les Pays-Bas, la Belgique, l’Allemagne et le Royaume-Uni prévoient des capacités installées de plusieurs dizaines de gigawatts d’ici 2030. On peut donc envisager des centaines de sous-structures, de stations électriques offshore et de modules techniques à produire.
Avec cette acquisition, Eiffage anticipe cette vague et renforce sa capacité à délivrer en volume et en précision. Une position qui pourrait devenir très enviée à mesure que les appels d’offres se multiplient.
Des débouchés au-delà de l’éolien
L’éolien offshore n’est pas le seul moteur de cette acquisition. HSM Offshore Energy développe également des solutions pour deux secteurs émergents : le captage et stockage du carbone (CCS) et la production d’hydrogène.
Deux domaines qui, même s’ils sont encore balbutiants en termes d’industrialisation, attirent déjà des financements publics et privés massifs. Le savoir-faire d’HSM dans l’installation de modules techniques offshore, combiné à l’ingénierie de Smulders, positionne Eiffage sur trois marchés à fort potentiel : l’éolien, le carbone et l’hydrogène.
L’acquisition et ses conditions
La transaction n’est pas encore complètement finalisée : elle reste soumise à l’approbation des autorités de la concurrence, étape obligatoire.
Une fois validée, Eiffage intégrera HSM dans l’écosystème Eiffage Métal, qui compte déjà plus de 2 000 employés et neuf usines de production en Europe. Ce renforcement permettra au groupe de doubler sa force de frappe industrielle offshore, en particulier dans les projets multitechniques.
C’est une démonstration de la stratégie de spécialisation par secteur adoptée par Eiffage : une logique de filiales ciblées, chacune experte dans son domaine, mais toutes coordonnées dans une mécanique bien huilée.
Eiffage vise ine forte croissance verte
En 2024, le groupe Eiffage a réalisé un chiffre d’affaires de 23,4 milliards d’euros, dont 34 % à l’international. Ce mouvement vers les énergies marines renouvelables s’inscrit donc dans une ambition clairement affichée : faire de l’ingénierie verte un pilier de sa croissance européenne.
Le choix de renforcer Smulders plutôt que de créer une entité parallèle montre aussi que l’expérience prime sur l’expérimentation. HSM Offshore Energy n’aura pas besoin d’être formée ou adaptée : elle fait déjà partie du jeu.
En combinant leurs expertises, Eiffage, Smulders et HSM se préparent à une décennie qui ne manquera ni de vent, ni de projets.
La France en retard sur l’éolien par rapport à ses voisins
En 2023, la production éolienne en France a atteint 50,7 TWh, représentant 10,2 % de la production d’électricité nationale. En Europe, l’Allemagne a produit 142,1 TWh, soit 29,8 % du total éolien européen, tandis que l’Espagne a généré 64,2 TWh, soit 13,5 %. La France se classe au troisième rang européen avec 10,6 % du total éolien de l’UE. En mer, la France a produit 1,9 TWh en 2023, un chiffre en progression par rapport à 2022. Au niveau mondial, la France représente 2,2 % de la production éolienne totale.
La France accuse un retard significatif dans le développement de l’énergie éolienne, ne parvenant pas à atteindre ses objectifs fixés pour 2023. Les obstacles réglementaires et la lenteur des autorisations sont des freins majeurs, avec des délais moyens de sept ans pour l’éolien terrestre et dix ans pour l’éolien en mer. En 2022, la puissance éolienne totale était de 20 GW, loin de l’objectif de 24,1 GW pour fin 2023. La loi d’accélération des énergies renouvelables (AER) vise à simplifier les procédures pour accélérer le développement éolien.
Source : Communiqué de presse d’Eiffage
La cote Atlantique de la France, et notre Méditerranée n’attendent que ça pour nous permettre de nous passer du nucléaire