Le grand retour du nucléaire en Italie passe par une startup méconnue.
L’Italie s’apprête à réécrire l’histoire énergétique qu’elle avait refermée depuis le référendum de 1987. Cette fois, elle mise sur l’innovation privée. Le gouvernement envisage d’investir jusqu’à 200 millions d’euros dans Newcleo, une entreprise franco-italienne spécialisée dans les réacteurs de 4ᵉ génération refroidis au plomb.
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L’Italie ferait-elle son grand retour dans le nucléaire avec Newcleo ?
Deux ministres de notre voisine transalpine, celui de l’Environnement Gilberto Pichetto Fratin et celui de l’Industrie Adolfo Urso, ont affirmé vouloir intégrer Newcleo au cœur du futur nucléaire italien. Le but affiché : assurer la sécurité énergétique, la compétitivité technologique et la transition écologique. Rien que ça !
Une technologie qui ne date pas d’hier, mais remise au goût du jour
Newcleo travaille sur des réacteurs dits LFR (lead-cooled fast reactors). Ce sont des réacteurs rapides refroidis au plomb. L’idée n’est pas nouvelle : les Soviétiques y ont pensé dès les années 1950 pour les sous-marins nucléaires. Mais Newcleo propose un modèle repensé pour le civil, sans uranium enrichi, capable de recycler les déchets radioactifs des anciennes centrales. Un prototype préliminaire non nucléaire est attendu en 2026 en Italie. Le premier réacteur opérationnel, lui, verra le jour en France d’ici 2031. La première centrale commerciale pourrait sortir de terre vers 2029, si les investissements continuent sur le rythme actuel.
L’État italien sort du bois, discrètement mais sûrement
La somme évoquée par les 2 ministres, 200 millions d’euros via des entités publiques, n’a rien d’anecdotique. Elle marque un changement de doctrine. Depuis des années, Rome évitait soigneusement toute mention du mot « nucléaire ». Aujourd’hui, le vent tourne. Un projet de loi adopté en février prévoit la création d’un cadre juridique pour réintroduire cette énergie dans le mix national, avec un horizon calé sur la neutralité carbone de 2050.
L’État ne veut pas simplement acheter de l’électricité nucléaire. Il veut bâtir une filière, avec des compétences locales, des emplois qualifiés, et une souveraineté technologique renforcée.
Une filière à reconstruire de zéro en Italie… ou presque
Depuis l’arrêt des centrales italiennes dans les années 1990, l’écosystème industriel nucléaire du pays a fondu comme neige au soleil. Mais il reste quelques bastions : des ingénieurs formés, des instituts de recherche (comme l’ENEA), et désormais Newcleo, qui agit comme un catalyseur.
L’entreprise vient même de signer un partenariat avec le groupe Danieli, géant italien de la sidérurgie, pour intégrer ses réacteurs dans des sites de production d’acier. L’objectif est de décarboner un secteur parmi les plus polluants, en remplaçant les fours à arc classiques par une source nucléaire continue et propre.
Paris, Londres, Rome : un triangle nucléaire inattendu
Newcleo est une véritable aventure européenne. Le siège est à Paris, les essais ont lieu en Italie, et une partie du financement provient du Royaume-Uni. Ce mélange d’influences a permis à la startup de lever plus de 400 millions d’euros en quelques années, malgré l’absence totale de prototype nucléaire actif à ce jour.
A l’heure actuelle, aucune entreprise européenne ne pousse aussi loin la vision du réacteur rapide au plomb avec une ambition industrielle aussi affirmée. Le soutien de l’État italien lui donne une crédibilité institutionnelle de plus. D’autant que l’annonce survient quelques semaines après celle du choix de la ville de Chusclan (Gard) comme centre de recherche de Newcleo.
La réintroduction du nucléaire : prudence politique, calendrier technique
Le retour du nucléaire en Italie reste politiquement sensible. Le projet de loi évoqué ne lance pas encore la construction de centrales : il prépare le terrain législatif. L’exécutif joue sur deux tableaux : rassurer une opinion publique encore méfiante, tout en gardant un pied dans la course technologique au niveau européen.
Newcleo, avec son approche modulaire et sa technologie orientée recyclage, semble taillée sur mesure pour cette phase exploratoire. Pas besoin de relancer des réacteurs géants type EPR. Ici, on parle de petits réacteurs, adaptables, intégrables à des réseaux décentralisés. En bref, une forme de nucléaire moins effrayante… mais aussi plus stratégique.
Résumé du projet :
Éléments clés | Données |
Montant envisagé par l’État | Jusqu’à 200 millions d’euros |
Type de réacteur | LFR (refroidi au plomb) |
Prototype non nucléaire prévu | 2026 (Italie) |
Premier réacteur opérationnel | 2031 (France) |
Première centrale commerciale | Décision vers 2029 |
Partenaire industriel | Danieli Group |
Objectif national | Neutralité carbone en 2050 |
Source : Communiqué de presse de Newcleo
Tant de gens que cela ont de l’argent à perdre dans ces cul de sacs énergétiques ?
Donc un confetti de réacteurs nucléaires décentralisés, sans (ou avec peu ) de contrôle??? Et c’est censé nous rassurer. Moi, perso, ça m’effraie plus (risque de trafic de matières fissiles, qui prend la responsabilité en cas de problème grave (type Fukushima), risque d’enlever les sécurité pour produire plus (Tchernobyl !!)…..)
Ce n’est pas l’Italie qui a décidé de construire ce genre de gadjet à l’étranger, c’est ue start-up (industrie privé) qui comme toutes start up qui se respecte par à la chasse aux subventions qui sont attribuées par des politiciens de passage au pouvoir