Cette ville asiatique dont la population équivaut à 50% de la France peuple même ses ponts comme avec ce viaduc sur la rivière Liziang

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Une ville perchée sur un pont : l’étrange miracle d’ingénierie au sud de la Chine.

À première vue, rien ne distingue ce viaduc chinois d’un autre ouvrage traversant une vallée. Une ligne de béton de 400 mètres tendue au-dessus du vide, reliant deux versants escarpés de la rivière Liziang, à quelques kilomètres de Chongqing (dont vous ignoriez jusqu’à l’existence et qui fait la moitié de la population française avec 32 millions d’habitants pour son aire urbain) une mégapole industrielle et montagneuse du sud-ouest de la Chine.

Sauf qu’ici, on ne se contente pas de rouler : on y vit. On y boit son thé, on y fait sécher son linge, on y installe son antenne satellite. Ce pont-là n’est pas qu’un simple passage, c’est un village suspendu.

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Un viaduc devenu quartier résidentiel dans la ville de Chongqing

L’idée semble sortie d’un carnet de croquis d’architecte un peu joueur : construire une rangée de maisons directement sur un pont, avec des fondations ancrées dans le tablier en béton, comme si l’ouvrage s’était mué en rue principale. Pas de pilotis dans la rivière, pas de quartier rive gauche ou rive droite : tout se passe sur le pont.

Les habitations qui s’y alignent rappellent à la fois les façades européennes à colombages et les toits en tuile des provinces chinoises. Ce mélange est voulu. L’ambition du projet était simple : attirer les visiteurs grâce à une architecture inédite. Une sorte de carte postale en béton armé.

Chongqing, capitale mondiale des ponts ?

La ville compte plus de 20 000 ponts, dont plus de 2 000 urbains et 38 traversant de grands fleuves et détient 17 records mondiaux dans ce domaine. Parmi eux :

  • Chaotianmen Bridge : plus grande arche d’acier du monde (552 m de portée)
  • Egongyan Rail Transit Bridge : pont à plus grande portée auto-anchored de 600 m pour métro
La ville de Chongqing aurait 20 000 ponts dont le viaduc de la rivière Liziang qui comprend ces curieuses habitations. Source : people.cn
La ville de Chongqing aurait 20 000 ponts dont le viaduc de la rivière Liziang qui comprend ces curieuses habitations. Source : people.cn

Des enjeux environnementaux bien réels

Le projet, au-delà de son aspect photogénique, propose une réponse inattendue à un défi d’urbanisme : occuper l’espace sans artificialiser davantage les sols. En Chine comme ailleurs, les terres agricoles reculent, les plaines se couvrent d’immeubles et les vallées sont grignotées par l’expansion urbaine. Vivre sur un pont, c’est vivre au-dessus de l’empreinte.

Le viaduc de la rivière Liziang évite les fondations multiples, préserve les berges, et limite l’étalement. Une sorte de densification horizontale… en hauteur.

Entre curiosité touristique et quartier endormi

Malgré l’originalité du projet, la fréquentation reste timide. On est loin de la cohue des villages perchés italiens ou des ponts habités de Florence ou de Bath. L’effet carte postale ne suffit pas toujours. Les visiteurs passent, mais ne restent pas.

Pourtant, le lieu a ses adeptes. Certains habitants apprécient la tranquillité et la vue dégagée sur la vallée. D’autres soulignent les vibrations, les variations de température et les bruits très particuliers qu’émet le pont lors des changements de pression atmosphérique. On est loin du confort des résidences classiques.

Un modèle à exporter ?

L’idée d’une ville-pont n’est pas neuve. Les ponts habités ont traversé les siècles en Europe, comme à Paris avec le pont Notre-Dame ou à Londres avec le vieux London Bridge, aujourd’hui disparus. La différence ici, c’est l’échelle et l’intention : faire du pont un espace de vie permanent, pensé dès sa conception comme un quartier.

À l’heure où les mégapoles cherchent à se réinventer, où les inondations, les séismes ou la rareté du foncier imposent des contraintes fortes, cette solution – à la fois radicale et poétique,pourrait bien connaître une seconde vie ailleurs. Peut-être dans les Alpes, sur les fleuves d’Afrique, ou le long des ravins d’Amérique du Sud.

Pour l’instant, le village de la rivière Liziang reste une curiosité, presque une anomalie dans le paysage urbain mondial. Un pont entre l’idée folle et l’innovation concrète, qui n’a pas encore trouvé son public, mais qui pourrait devenir demain une nouvelle norme.

Sources :

  • https://www.chinadaily.com.cn/a/201802/26/WS5a9366afa3106e7dcc13e0af_6.html
  • https://bridgehunterschronicles.wordpress.com/2023/04/29/best-kept-secret-town-on-a-bridge-in-chonquin-china

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

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