L’exploitation des fonds marins sous surveillance : une étude qui inquiète fortement

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À plus de 4000 mètres sous l’océan, une ruée vers les métaux

Imagine un désert sous-marin, une vaste plaine tapissée de petits galets métalliques. Ces “cailloux” ne sont pas anodins : ce sont des nodules polymétalliques, des trésors gorgés de nickel, cobalt et cuivre, formés au fil de millions d’années.

Et forcément, quand on parle de métaux rares, on parle aussi d’exploitation minière. Le problème ? Ces grands fonds marins, méconnus et inaccessibles, sont aussi des écosystèmes fragiles où chaque perturbation peut avoir des conséquences sur des siècles.

Depuis 2015, le projet européen MiningImpact scrute les effets de cette industrie naissante. Une récente étude, publiée dans Nature Communications, révèle pour la première fois l’étendue exacte du nuage de sédiments généré par l’extraction des nodules. Et les résultats sont édifiants.

Une machine sous-marine en action

Le 19 avril 2021, un prototype de collecteur de nodules a été plongé dans les abysses, à 4 500 mètres de profondeur. Pendant 41 heures, il a parcouru 20 km, aspirant et rejetant des tonnes de sédiments, générant ainsi un gigantesque panache sous-marin.

Armés de capteurs ultra-sensibles, les chercheurs ont suivi la dispersion de ce nuage. Ils ont découvert que, bien que la majorité des particules retombent à moins de 500 mètres, certaines atteignent jusqu’à 4,5 km du site minier.

Autrement dit, l’impact ne se limite pas au site d’extraction.

Ce robot sous-marin dans l’Atlantique a dévoilé la première bonne nouvelle depuis des années pour le climat et qui prouve la résilience des océans

Une pluie de sédiments sur les fonds marins

Mais que devient ce nuage de particules une fois dispersé ?

L’étude révèle que :

  • Près du site minier, les concentrations de sédiments sont 10 000 fois supérieures à la normale.
  • Ces particules mettent 14 heures à retomber.
  • La couche de sédiments redéposés atteint 3 cm d’épaisseur, ensevelissant complètement l’habitat des organismes vivant à proximité.
  • À 100 mètres du site, les nodules disparaissent sous cette nouvelle couche, compromettant la survie des espèces qui en dépendent.

Un impact sur plusieurs siècles

Les traces d’exploitations passées montrent que les écosystèmes peinent à se remettre d’un tel bouleversement. Des observations menées sur des perturbations vieilles de 30 ans dans la zone Clarion-Clipperton indiquent que la biodiversité ne s’est toujours pas reconstituée.

Et pour cause : dans cet environnement extrême, la vie évolue au ralenti. Certains coraux et éponges mettent des siècles à se développer. Une couche de sédiments de quelques centimètres peut donc suffire à anéantir des écosystèmes entiers pour plusieurs générations.

Réguler avant d’exploiter

L’Autorité Internationale des Fonds Marins (ISA) se retrouve face à un dilemme : autoriser l’exploitation de ces ressources tout en préservant ces écosystèmes méconnus. Cette étude apporte des données précises pour orienter les futures réglementations.

Des solutions existent :

  • Limiter la hauteur du panache en développant des technologies de collecte plus précises.
  • Cartographier précisément les zones d’extraction avant toute exploitation.
  • Mettre en place une surveillance accrue pour mesurer les impacts en temps réel.

Les chercheurs de MiningImpact poursuivent leurs analyses pour mieux comprendre ces perturbations et proposer des stratégies plus respectueuses du milieu marin.

À retenir :

  • Les nodules polymétalliques sont exploités à plus de 4000 mètres de profondeur.
  • Un test en 2021 a permis d’évaluer la dispersion des sédiments générés.
  • Les particules en suspension se propagent jusqu’à 4,5 km du site d’extraction.
  • Une couche de 3 cm recouvre le fond marin sur des centaines de mètres.
  • Les écosystèmes affectés mettent plusieurs siècles à se reconstituer.
  • Cette étude apporte des données essentielles pour réguler l’exploitation minière sous-marine.

L’exploitation des grands fonds marins est une frontière encore floue entre innovation et catastrophe écologique. Une question demeure : voulons-nous vraiment prendre ce risque ?

Source de l’étude : http://dx.doi.org/10.1038/s41467-025-56311-0

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Eric GARLETTI
Eric GARLETTIhttps://www.eric-garletti.fr/
Je suis curieux, défenseur de l'environnement et assez geek au quotidien. De formation scientifique, j'ai complété ma formation par un master en marketing digital qui me permet d'aborder de très nombreux sujets.

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