Quand Framatome s’allie à Selectarc pour l’indépendance nucléaire française.
Il y a des nouvelles industrielles qui passent relativement inaperçues dans la presse et qui mériteraient pourtant qu’on s’y attarde quelques minutes.
Le 11 juin 2025, Framatome a annoncé qu’elle prenait 40 % du capital de Selectarc, un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais qui joue un rôle-clé dans l’ombre de notre industrie nucléaire !
Selectarc fabrique en effet des métaux d’apport, ces matériaux qu’on utilise pour souder des pièces dans des environnements extrêmes, comme ceux des réacteurs nucléaires, avec des noms prestigieux comme EPR ou même ITER dans sa clientèle !
Lire aussi :
- Le géant français Framatome décroche un contrat vital pour 2 millions d’habitants de la Suisse qui dépendent de cette centrale nucléaire
- Au bord du gouffre après le COVID, Aubert & Duval est aujourd’hui un pilier du réarmement français sans lequel on ne pourrait construire le moteur du Rafale
Derrière la soudure, un enjeu national pour la filière nucléaire
Selectarc est le seul fabricant de soudure français capable de fournir les secteurs hautement stratégique comme le nucléaire (avec notamment la certification ISO 19443, spécifique à la chaîne d’approvisionnement de ce secteur), l’aéronautique, l’espace et la défense. Des domaines où l’on n’a pas le droit à l’erreur, particulièrement le nucléaire. Une microfissure, un défaut de fusion, et c’est tout un réacteur qu’il faut arrêter.
En clair, cette entreprise basée en France maîtrise un savoir-faire rare, pointu, et surtout indispensable à la sécurité de nos infrastructures. Framatome l’a bien compris : mieux vaut avoir ce genre de compétences à portée de main plutôt qu’à l’autre bout du monde.
Souveraineté industrielle, mode d’emploi
Si Framatome entre au capital, ce n’est pas pour faire joli dans un communiqué. Le but est clair : sécuriser l’approvisionnement de matériaux critiques, ceux sans lesquels il est impossible de construire ou entretenir les réacteurs.
Dans les circuits primaires, les plus sensibles d’une centrale, chaque soudure doit tenir face à la pression, à la chaleur, aux radiations. Et pour cela, il faut des métaux d’apport conformes à des cahiers des charges ultra stricts. Pas question d’acheter au rabais, ni de risquer des retards à cause de fournisseurs trop lointains.
Selectarc y gagne, et la France aussi
Pour Selectarc, cette alliance est une vraie opportunité. D’abord financière : les fonds apportés permettront d’investir dans de nouvelles lignes de production, de développer des matériaux encore plus techniques, et de rester à la pointe dans un domaine qui évolue vite.
Mais c’est aussi une reconnaissance. Framatome est un des géants mondiaux du nucléaire, et quand un tel acteur mise sur vous, c’est que votre travail tient la route.
Emmanuel Viellard, le président de la maison mère Viellard Migeon & Compagnie, ne s’en cache pas : ce partenariat donne à Selectarc une visibilité à long terme, tout en consolidant la production en France.
Ces baguettes qui valent de l’or
Alors, ces fameux métaux d’apport, qu’ont-ils de si particulier ? Il ne s’agit pas de simples morceaux de métal. Ce sont des alliages sur-mesure, adaptés à chaque usage, à chaque nuance d’acier, à chaque contrainte thermique. Ils prennent la forme de fils, baguettes, ou poudres, et chaque gramme compte.
Quand vous soudez une pièce dans le cœur d’un réacteur, le métal que vous utilisez doit être aussi fiable que la pièce elle-même. Il doit résister à des années de pression et de température sans faiblir. Et tout cela repose, très concrètement, sur la qualité de ces alliages.
Un petit pas de plus pour l’atome français
Ce partenariat n’arrive pas par hasard. Il s’inscrit dans le grand retour du nucléaire en France. L’État pousse à la relance du secteur, les chantiers de nouveaux réacteurs se profilent, et avec eux, le besoin d’une chaîne d’approvisionnement fiable, maîtrisée, nationale.
Selectarc, dans cette histoire, devient un maillon stratégique. En investissant dedans, Framatome s’assure que le savoir-faire ne partira pas ailleurs, que les soudures resteront précises, et que le nucléaire français continuera de reposer sur des bases… bien assemblées.
Comme quoi, parfois, c’est en regardant de très près la soudure qu’on comprend les grands enjeux énergétiques.
Source : Communiqué de presse de Framatome
Image : Selectarc