Vallourec, la revanche de l’acier français au large du Brésil.
On l’avait cru perdu, relégué au rang des géants industriels français à l’agonie. Pourtant, Vallourec vient de signer son plus beau contrat depuis des années, un retour en grâce de celui qu’on n’attendait plus. Le spécialiste des tubes sans soudure fournira Petrobras, un mastodonte brésilien du pétrole jusqu’en 2029.
Montant estimé : un milliard de dollars, soit 852 millions d’euros. Une bouffée d’oxygène pour le groupe, et un symbole fort : le savoir-faire français a encore de l’avenir dans l’énergie mondiale !
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Vallourec signe un contrat à un milliard de dollars au Brésil
Ce que Vallourec vend à Petrobras, ce ne sont pas de simples cylindres d’acier mais de véritables pièces de haute précision, capables de tenir bon sous plusieurs kilomètres de pression, dans des fonds marins où rien ne pardonne. Le contrat prévoit la livraison de tubes sans soudure, accompagnés d’un service complet : stockage, préparation, ingénierie, assistance logistique. Une formule clé en main, comme un kit industriel prêt à plonger dans les abysses de l’Atlantique Sud.
Les tubes seront installés sur les plateformes de forage brésiliennes, là où le pétrole se cache sous des couches épaisses de sel et de roche, à plus de 2 000 mètres sous la mer. Une zone que les géologues appellent le pré-salifère, et que les ingénieurs, eux, surnomment “l’enfer utile”.
VAM®, la petite pièce qui fait toute la différence
Un tube en mer ne sert à rien s’il ne peut pas s’emboîter avec les autres. C’est là qu’intervient VAM®, la technologie signature de Vallourec. Une connexion filetée, usinée avec une précision de dentiste, qui permet de visser les tubes entre eux sans fuite, sans jeu, sans faiblesse.
Conçues pour résister à la pression, la chaleur, les chocs, les torsions, les connexions VAM® équipent aujourd’hui les forages les plus complexes du monde, du Brésil au Golfe du Mexique. Elles ne se voient pas, mais elles supportent tout. Sans elles, les puits s’effondreraient ou fuiraient. Avec elles, le pétrole remonte sans incident. C’est là toute la beauté du génie industriel : une performance invisible, mais vitale.
Une renaissance après la tempête
Il faut se souvenir d’où vient Vallourec pour mesurer la portée de ce contrat. En 2020, l’entreprise était au bord du gouffre. Surendettée, concurrencée, fragilisée, elle fermait ses usines en Allemagne, supprimait 3 000 postes, et cherchait à survivre.
Cinq ans plus tard, le décor a changé. Les comptes sont repassés dans le vert, les actionnaires ont perçu leur premier dividende depuis dix ans, et le groupe affiche 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 80 % dans les secteurs du pétrole, du gaz et de la pétrochimie.
Le Brésil, nouveau cœur battant du groupe
Depuis la réorganisation, le Brésil est devenu l’épicentre industriel de Vallourec. C’est là que sont désormais fabriqués l’essentiel des tubes pour l’industrie, dans des usines modernes, proches des zones d’exploitation. En 2024, l’activité hors énergie ne pesait plus que 380 millions d’euros : tout ou presque passe par le pétrole, le gaz et leurs applications techniques.
Les sites brésiliens servent aussi de plateforme pour l’Afrique et le Moyen-Orient. Ils concentrent le savoir-faire, la production et désormais, les marges.
Un contrat qui compte, et pas qu’un peu
D’un point de vue comptable, ce contrat pourrait représenter jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires annuel de Vallourec sur trois exercices. En tenant compte des prix moyens du marché, environ 1 600 euros par tonne de tube sans soudure, et des services techniques associés, le milliard de dollars est plus qu’une estimation : c’est une fourchette crédible.
Ce n’est pas un hasard si ArcelorMittal est entré dans le capital en 2024, à hauteur de 27,5 %, pour 955 millions d’euros. Le sidérurgiste voit dans Vallourec une pépite en phase de redécollage, positionnée sur les bons marchés, au bon moment.
Chiffres clés du contrat Vallourec – Petrobras
Élément | Valeur |
Montant estimé | 1 milliard de dollars (environ 852 M€) |
Durée du contrat | 2026 – 2029 |
Client | Petrobras (Brésil) |
Produits fournis | Tubes sans soudure, connexions VAM® |
Services associés | Ingénierie, logistique, préparation |
Centres historiques | Valenciennes, Montbard |
Chiffre d’affaires 2024 | 4 milliards d’euros |
Effectif mondial | 13 000 salariés |
Part des ventes énergie | 80 % |
Actionnaire de référence | ArcelorMittal (depuis 2024, 27,5 %) |
Source : Vallourec