Les Etats-Unis se rapprochent de la Chine et se replacent dans la course aux réacteurs nucléaires high-tech de génération IV

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Natura Resources lance le premier réacteur de 4e génération des États-Unis.

Un petit réacteur dans un campus universitaire texan pourrait bien écrire une nouvelle page de l’histoire de l’atome du pays de l’Oncle Sam. En 2026, Natura Resources compte déployer le tout premier réacteur à sels fondus à combustible liquide des États-Unis, un prototype de 1 MW appelé MSR-1.

Cette technologie de 4e génération promet plus de sécurité, moins de déchets, et même une production d’isotopes médicaux.

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Le MSR-1 est une grande avancée pour les Américains dans le domaine des réacteurs nucléaires de génération IV

La génération IV désigne la nouvelle classe de réacteurs nucléaires encore en gestation qui visent à réduire les déchets radioactifs, à fonctionner à haute température et à fermer le cycle du combustible (recyclage).
On trouve notamment parmi eux : les réacteurs à sels fondus, à gaz, au sodium, ou au plomb, souvent modulaires et plus compacts.

Le MSR-1 est aujourd’hui le seul réacteur à combustible liquide à avoir obtenu une licence de construction de la NRC (Nuclear Regulatory Commission). Installé sur le campus de l’université chrétienne d’Abilene (ACU), il est développé par Natura Resources avec l’aide du Department of Energy (DOE) et le soutien de lÉtat du Texas. Le projet est également accompagné de partenaires industriels comme Zachry Nuclear Engineering et Teledyne Brown Engineering.

« Nous sommes en tête de course pour déployer le premier réacteur de 4e génération du pays », affirme Doug Robison, fondateur de Natura Resources.

La mise en service est prévue pour 2026, et Natura entend déposer deux autres demandes de licences avant fin 2025 : l’une pour la production d’isotopes médicaux, l’autre pour de l’électricité à léchelle réseau.

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Le pari du combustible liquide

Contrairement aux réacteurs à eau pressurisée classiques, le MSR-1 utilise du combustible dissous dans un mélange de sels fondus. Ce concept présenté dans les années 1960 avait été laissé de côté… avant de revenir en force grâce à ses nombreux avantages :

  • fonctionnement à basse pression (moins de risques d’explosion)
  • hautes températures (meilleur rendement thermodynamique)
  • capacité à recycler les déchets nucléaires existants
  • production possible d’éléments rares pour la médecine

En utilisant du HALEU (uranium faiblement enrichi jusqu’à 20 %), Natura compte optimiser la réactivité et la durée de vie du cœur tout en réduisant la masse critique.

Un modèle exportable : le MSR-100

Dérivé du MSR-1, le MSR-100 proposera une puissance de 100 MW, adaptée aux besoins industriels ou régionaux. Modulaire, il sera fabriqué en usine et assemblé sur site, ce qui réduit les coûts et les délais de construction par rapport aux réacteurs classiques.

Ses applications ?

  • production d’électricité décarbonée 24h/24
  • dessalement de l’eau dans des zones arides
  • résilience énergétique pour les sites industriels isolés

Avec un coût projeté compétitif face au gaz naturel, Natura espère faire du MSR-100 une alternative crédible au charbon et au gaz dans les zones pétrolières américaines comme le bassin permien.

Un financement local pour une ambition mondiale

Le projet MSR-1 est soutenu à hauteur de 120 millions de dollars (environ 114 millions d’euros) par l’État du Texas, et Natura a levé autant en capitaux privés. L’objectif est clair : prouver que le modèle fonctionne, et passer rapidement à l’échelle commerciale.

Les prochaines étapes d’ici fin 2025 :

  • dépôt de la demande d’autorisation d’exploitation
  • achat des derniers composants
  • recrutement des opérateurs
  • accords commerciaux pour la vente d’électricité ou d’isotopes

Natura ambitionne de devenir un leader mondial de la filière MSR, en répondant simultanément à trois besoins mondiaux : l’énergie, la médecine, et l’accès à l’eau potable.

Où en sont les autres pays ? Une course à l’atome nouvelle génération

Si les États-Unis sont en passe de concrétiser le tout premier réacteur à sel fondu autorisé par la NRC, ils ne sont pas seuls sur la ligne de départ. La Chine construit actuellement deux réacteurs à neutrons rapides refroidis au sodium, les CFR-600, dans la province du Fujian. La Russie, de son côté, exploite déjà le BN-800 et a lancé le projet BN-1200, basé sur la même technologie. Le Canada, avec Terrestrial Energy et son IMSR (Integral Molten Salt Reactor), mise aussi sur les sels fondus pour produire à la fois de l’électricité et de l’hydrogène. Quant à la France, elle concentre ses efforts sur l’héritage d’Astrid et un projet plus discret de SMR de 4e génération porté par le CEA tandis qu’une startup franco-italienne newcleo, développe un petit réacteur au plomb autofertile, avec un premier démonstrateur prévu d’ici 2030. L’Inde, la Corée du Sud et le Japon avancent également leurs pions, avec des prototypes ou des collaborations internationales.

Bref, la génération IV est bien lancée : chaque pays y voit une réponse locale à un défi mondial : produire une électricité pilotable, décarbonée, sûre… et rentable.

Une alliance franco-américaine pour maitriser le carburant du futur sans lequel il sera impossible de faire tourner les centrales nucléaires

Quelques exemples de réacteurs nucléaires de génération IV en projet dans le monde en 2025

Projet Pays Technologie Puissance prévue Calendrier annoncé
MSR-1 (Natura) États-Unis Réacteur à sel fondu, combustible liquide 1 MW (MSR-1), 100 MW (MSR-100) 2026 (MSR-1), 2030s (MSR-100)
Newcleo LFR Royaume-Uni / France / Italie Réacteur rapide refroidi au plomb (LFR) 30 MW (démonstrateur), 200-400 MW (industriel) 2030 (prototype), après 2032 (industriel)
Natrium (TerraPower / GE Hitachi) États-Unis Réacteur rapide au sodium (SFR) 345 MW 2030 (objectif initial repoussé)
HTGR-Rongcheng Chine Réacteur à haute température gaz (HTGR) 210 MW (2×105 MW) 2023 (en phase de montée en puissance)
Myrrha Belgique Réacteur à neutrons rapides piloté par accélérateur (ADS) 100 MW (thermiques) 2036 (démonstrateur)
BREST-OD-300 Russie Réacteur rapide au plomb (LFR) 300 MW 2030 (chantier en cours)
Naarea France Réacteur à sels fondus, micro-SMR 40 MW thermiques / 10 MW électriques 2030 (prototype visé)

 

Installation de démonstration MSR-1 – Vue du réacteur depuis le dessus
Installation de démonstration MSR-1 – Vue du réacteur depuis le dessus

Source : Communiqué de presse de Natura Resources

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Guillaume AIGRON
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