Un problème invisible mais omniprésent
Les océans sont de plus en plus pollués par les plastiques, et ce n’est pas seulement un problème pour les poissons et les oiseaux de mer. Une nouvelle étude révèle que les microplastiques, ces minuscules particules de plastique, se retrouvent désormais dans les tissus des mammifères marins, y compris dans leur graisse. Ce phénomène pourrait avoir des conséquences graves, non seulement pour ces animaux mais aussi pour les humains qui dépendent de la mer pour leur alimentation.
Les microplastiques : Qu’est-ce que c’est ?
Les microplastiques sont des particules de plastique de taille inférieure à 5 mm. Ils proviennent de diverses sources, notamment les déchets plastiques qui se décomposent, les cosmétiques et même les vêtements synthétiques. Une fois dans l’eau, ces particules sont ingérées par les animaux marins, soit directement, soit par le biais de la chaîne alimentaire.
L’étude révolutionnaire : Des découvertes inquiétantes
Selon une étude récente, 68% des mammifères marins examinés contenaient au moins une particule de microplastique dans l’un de leurs quatre types de tissus (graisse acoustique, graisse sous-cutanée, poumon et melon). Le polymère le plus couramment observé était le polyéthylène, et la forme la plus courante était celle des fibres.
Comment les microplastiques pénètrent ils dans les tissus ?
Deux mécanismes principaux sont envisagés pour expliquer la translocation des microplastiques : l’absorption transcellulaire à travers les cellules épithéliales intestinales et la diffusion paracellulaire entre les jonctions serrées des cellules adjacentes. Ces mécanismes permettent aux particules de moins de 130 μm de se déplacer à travers le corps.
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Les risques pour la santé des Mammifères Marins
Les effets des microplastiques sur la santé des mammifères marins ne sont pas encore bien compris, mais les études suggèrent des risques tels que des changements dans l’expression des gènes, une croissance réduite, une inflammation et même une perturbation du système immunitaire.
Implications pour la santé humaine
Les populations autochtones qui dépendent des mammifères marins pour leur subsistance pourraient être directement affectées. De plus, comme les mammifères marins sont des espèces sentinelles dont le régime alimentaire chevauche celui des pêcheries commerciales et à petite échelle, leur contamination pourrait servir de signal d’alarme pour les risques potentiels pour la santé humaine.
L’impact sur la chaîne alimentaire
L’ingestion de microplastiques par les mammifères marins n’est que la partie visible de l’iceberg. Ces particules s’accumulent à chaque niveau de la chaîne alimentaire. Les petits poissons mangent du plancton contaminé, les plus gros poissons mangent ces petits poissons, et ainsi de suite, jusqu’aux mammifères marins au sommet de la chaîne alimentaire. Cette bioaccumulation signifie que même de faibles niveaux de contamination à la base de la chaîne peuvent entraîner des concentrations élevées chez les prédateurs supérieurs. Cela pose non seulement des risques pour la faune marine, mais aussi pour les humains qui consomment des fruits de mer et des poissons.
La nécessité d’une sensibilisation mondiale
Face à cette crise, une sensibilisation et une éducation accrues sont essentielles. Les consommateurs doivent être informés des dangers des microplastiques et encouragés à réduire leur utilisation de plastiques à usage unique. De plus, les gouvernements et les entreprises doivent collaborer pour développer des alternatives durables au plastique et mettre en place des infrastructures de recyclage efficaces. Seule une approche globale et unifiée permettra de lutter efficacement contre la menace silencieuse des microplastiques dans nos océans.
Vers un avenir plus conscient et responsable
La découverte de microplastiques dans les tissus des mammifères marins est un tournant dans notre compréhension de l’impact de la pollution plastique sur la faune marine. Ce n’est plus seulement une question d’ingestion accidentelle, mais d’une infiltration profonde et potentiellement nocive dans les systèmes biologiques les plus intimes de ces animaux. La nécessité de comprendre les mécanismes d’entrée, de rétention et d’impact de ces particules est plus urgente que jamais.
Alors que nous commençons à peine à gratter la surface de la compréhension des implications à long terme, une chose est claire : la pollution plastique n’est pas seulement un problème esthétique ou environnemental, mais un défi de santé publique qui pourrait avoir des répercussions sur l’écosystème marin, la faune et, inévitablement, l’humanité. Il est impératif que nous intensifiions nos efforts pour réduire la pollution plastique à la source, tout en investissant dans la recherche pour comprendre et atténuer ses effets. Seul un engagement mondial pour un avenir plus propre et plus durable nous permettra de protéger les océans et leurs habitants, et par extension, nous-mêmes.
Source de l'étude : Greg B. Merrill, Ludovic Hermabessiere, Chelsea M. Rochman, Douglas P. Nowacek, Microplastics in marine mammal blubber, melon, & other tissues: Evidence of translocation, Environmental Pollution, Volume 335, 2023, 122252, ISSN 0269-7491, https://doi.org/10.1016/j.envpol.2023.122252.