La fin d’un parcours dont les grands fans de tennis romantique se souviendront longtemps.
Voilà, cette fois c’est fini. Je me lève ce matin, j’allume mon PC et je regarde les scores d’hier de l’Open d’Australie pour les matchs qui ont fini tard dans la nuit. Mon chouchou Mannarino a perdu comme on pouvait si attendre, face à l’ogre serbe : Djokovic.
Sèchement en plus 6/0 6/0 6/3…
Mais si le score est sévère et la déception présente (comme un goût d’espoir déçu), est-ce qu’on doit pour autant être triste ? La réponse est bien entendu un puissant et viril : NON.
Une éclosion tardive
Pour commencer, on ne va pas revenir sur la carrière “plus qu’en dents de scie” d’Adrian mais juste pour en avoir un aperçu ça donne ça :
On dira simplement qu’un début poussif et des blessures à répétition ont compliqué sa progression au plus haut niveau. Mais il y a un maitre mot dans la carrière du joueur qui doit faire école chez tous les sportifs en herbe ou pro : la résilience.
Mannarino fait partie de ces joueurs dont on se souviendra pendant longtemps sur le circuit pour leur amour certain pour le tennis, pour cette foi inébranlable dans leur jeu et leur capacité quasi mystique à revenir constamment sur le devant de la scène. Obtenant son meilleur classement ATP de 17ème la semaine prochaine à l’âge de 35 ans (inédit dans le Tennis français), l’Histoire lui donne jusqu’ici raison.
Djokovic fébrile face au 178ème mondial de 18 ans. La fin d’une légende ?
Adrian, le joueur romantique
Cependant le classement d’Adrian n’est pas ce qui m’attire le plus chez ce joueur. Aurait-il stagné à la 300ème du classement que ce joueur m’aurait marqué.
Car si comme moi vous êtes grand fan de tennis, ce petit sursaut d’un joueur (notamment son exploit face à Shelton) qu’on a longtemps cru passé à côté de sa carrière, a quelque chose de romantique.
Déjà côté jeu, Mannarino offre un tennis comme « ça ne se fait plus » et bon sang que cela fait du bien ! Nous avons une longue tradition de ce genre de joueurs en France (à défaut de gagner des grands Chelems) : Bahrami, Santoro, Simon jusqu’à récemment Gaston.
Ce ne sont pas de « beaux et grands » joueurs destinés à prendre le devant de la scène mais ils apportent la folie et la touche d’inattendue qui font que ce sport ne ressemble à aucun autre. Regarder des dieux de l’Olympe s’affronter à coups de sacoches du fond de court est certes très sympathique mais n’apporte en aucune façon ce romantisme sportif, cher à mon cœur, porté par des joueurs comme Adrian.
HAHAHAH le public a célébré ça comme s'il avait gagné le grand chelem calendaire pic.twitter.com/dc0KVplna2
— Remeli 🎾 (@RemeliTennis) January 21, 2024
Un doux cinglé
Pour finir, Adrian Mannarino ou « le divin chauve » comme l’appellent affectueusement ses partisans a un caractère à nul autre pareil sur le circuit. Il fait partie de ceux qu’on appelle les « doux cinglés ». Rien de péjoratif dans ma bouche ! C’est encore une fois ce qui fait qu’un joueur comme lui marque les esprits.
On l’a beaucoup lu cette semaine à droite et à gauche mais en petit récap sur le bonhomme :
- Joue avec une raquette qui ne se fait même plus
- Avec une tension très basse (pour les néophytes : normalement aux alentours de 15 kg, Adrian joue à 9 kg ce qui demande un timing extrême pour ne pas envoyer la balle dehors)
- Jamais plus de 4 raquettes en même temps dans sa sacoche
- Pas de sponsor attitré (d’où les tenus un peu farfelus du joueur qui semble parfois sortir du lit)
- Ne veut jamais savoir le nom de son prochain adversaire
- A un franc-parler d’une extrême rareté à ce niveau
Je terminerai ma petite ode donc par un petit message personnel : “Adrian, tu rends ce sport plus beau et plus intéressant. Continue à jouer le plus longtemps possible, s’il ne doit rester qu’un supporter à venir te voir sur des tournois Challenger, je serais celui-ci !”