Les tardigrades, ces minuscules invertebrés à huit pattes fascinants, sont célèbres pour leur incroyable capacité à survivre dans des conditions extrêmes. Connus sous le nom de “oursons d’eau”, ces organismes microscopiques peuvent endurer des stress intenses tels que de fortes pressions osmotiques, des températures glaciales, et même une déshydratation totale. Cette résilience est principalement attribuée à leur capacité à entrer dans un état appelé “tun”, où leur activité métabolique chute drastiquement, leur permettant ainsi de survivre dans des conditions autrement mortelles. Jusqu’à présent, les mécanismes déclencheurs de la formation du tun chez les tardigrades restaient largement méconnus. Une récente étude a cependant éclairé ce mystère.
Le rôle central des espèces réactives de l’oxygène (ROS)
Des recherches approfondies ont révélé que la formation du tun chez les tardigrades est régulée par les espèces réactives de l’oxygène (ROS). Ces molécules, souvent considérées comme des sous-produits nuisibles du métabolisme cellulaire, jouent en réalité un rôle crucial dans la signalisation cellulaire, en particulier dans les situations de stress. L’étude a montré que les tuns se forment en réponse à une augmentation des ROS dans les cellules du tardigrade, ce qui déclenche une série de réactions biochimiques.
L’oxydation réversible des cystéines : Un mécanisme clé
L’aspect le plus surprenant de cette découverte est le rôle de l’oxydation réversible des cystéines, un type d’acide aminé présent dans les protéines. Lorsque les tardigrades sont soumis à un stress, les cystéines dans leurs cellules subissent une oxydation, modifiant ainsi leur forme et leur fonction. Cette modification est réversible, permettant aux tardigrades de réactiver rapidement leurs fonctions normales une fois le stress éliminé. Ce mécanisme d’oxydation et de réduction des cystéines est donc essentiel pour leur entrée et sortie du tun.
Une survie remarquable à travers divers états cryptobiotiques
La recherche a également exploré la capacité des tardigrades à survivre dans différents états cryptobiotiques, tels que l’osmobiose et la cryobiose, en plus de la chemobiose. L’étude a démontré que les tardigrades peuvent être induits à entrer dans ces états de manière reproductible, et qu’ils conservent des taux de survie élevés après en être sortis. Cela ouvre la porte à de futures recherches pour explorer davantage les mécanismes de survie des tardigrades dans diverses conditions extrêmes.
On en sait désormais beaucoup plus sur les tardigrades
Cette découverte marque un tournant dans notre compréhension de la cryptobiose chez les tardigrades. En identifiant l’oxydation réversible des cystéines comme un mécanisme clé dans la régulation de la survie des tardigrades, les scientifiques ont déverrouillé un des secrets les plus profonds de la nature. Cela non seulement approfondit notre connaissance de ces créatures fascinantes mais ouvre également des perspectives prometteuses pour des applications biomédicales et technologiques, en s’inspirant de la remarquable résilience des tardigrades.
Source de l'étude : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0295062