Le monde de l’aviation est fascinant, et parmi les nombreux aspects intéressants que l’on trouve dans ce domaine, il y a la manière dont les constructeurs aéronautiques nomment leurs avions. En particulier, on constate que deux des principaux fabricants mondiaux d’avions de ligne, Airbus et Boeing, ont adopté respectivement les chiffres 3 et 7 pour désigner leur gamme d’appareils. Dans cet article, nous allons explorer les raisons pour lesquelles ces deux géants de l’industrie ont choisi ces numéros en étudiant les origines de ces choix ainsi que certains liens potentiels avec le marché et la convention.
Origine du choix du chiffre 3 chez Airbus
L’histoire remonte aux débuts de la société Airbus, qui prend racine en Europe à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Le premier appareil d’Airbus, l’A300, a été conçu pour être un concurrent direct des avions bimoteurs associés occidentaux (rouge) existant à l’époque majoritairement produits par Boeing et McDonnell Douglas.
C’est à cette époque qu’a été décidé d’utiliser le chiffre 3 pour représenter le caractère tricontinental du projet Airbus. Il s’agissait alors de matérialiser la volonté de coopération entre les partenaires européens de l’époque, à savoir le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne. Ce choix traduisait également une certaine ambition, car il signifiait que l’A300 se positionnait sur un marché à vocation mondial.
Au fil des ans, Airbus a poursuivi cette tradition en conservant le chiffre 3 pour désigner ses nouveaux appareils, tels que les A310, A320, A330, A340, A350 et A380. Cette approche confère une certaine cohérence et continuité dans la gamme des produits Airbus, tout en soulignant l’origine européenne de la marque.
Origine du choix du chiffre 7 chez Boeing
De son côté, Boeing développe et produit des avions civils depuis les années 1950. Toutefois, c’est avec les modèles 707 et 727 lancés au début des années 1960 que la société américaine commence à dominer véritablement le marché des avions de ligne. Comme on peut s’en douter, cette domination n’a pas été due uniquement au hasard ou aux circonstances favorables de l’époque : elle résulte plutôt d’une stratégie délibérée et soigneusement planifiée par Boeing.
Dès le départ, l’entreprise américaine a décidé d’utiliser le chiffre 7 pour marquer ses réalisations dans le domaine de l’aviation civile, en adoptant une convention de nommage qui se distingue clairement de celles utilisées par ses concurrents directs. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer ce choix :
- la première est liée à la nature hautement symbolique du chiffre 7, généralement perçu comme porteur de chance et d’étapes importantes dans l’histoire humaine (les 7 merveilles du monde, les 7 continents, etc.);
- la deuxième est d’ordre arithmétique : le chiffre 7 est obtenu en additionnant plusieurs valeurs significatives pour Boeing : 3 correspondant au design triréacteur (représentatif des premières générations de jets civils) et 4 évoquant la technologie quadrimoteur mise en œuvre à bord des avions long-courriers tels que le 747;
- enfin, une autre explication serait que le choix a été mélioratif lors de la présentation des produits et approuvé lors de sa proposition par un dirigeant prestigieux déclarant “Seven it is !” (“que ce soit donc sept !”).
Quelle que soit l’explication retenue, le fait demeure que le chiffre 7 a fonctionné comme un véritable catalyseur pour Boeing, qui s’est imposé rapidement comme leader sur le marché de l’aviation civile avec ses modèles emblématiques tels que le 737, le 747, le 757, le 767, le 777 et plus récemment le 787 Dreamliner.
C’est arrivé un 30 septembre : le premier Boeing 747 sort de l’usine en 1968
Lien entre ces conventions et le marché
La question se pose alors de savoir si l’utilisation de ces numéros par Airbus et Boeing a eu ou a encore un impact significatif sur le marché de l’aviation civile. Pour répondre à cette interrogation, il convient de souligner que cette pratique contribue certainement à donner une image forte et cohérente à chacune des deux marques, ce qui peut constituer un atout marketing non négligeable.
De plus, ces conventions de nommage permettent aux fabricants d’appareils de affirmer leur positionnement concurrentiel et leur différenciation par rapport aux autres acteurs du marché. En utilisant le chiffre 3 et en mettant l’accent sur ses racines européennes, Airbus revendique clairement sa volonté de proposer une alternative crédible aux gammes d’avions américaines représentées principalement par Boeing et son fameux chiffre 7.
Bien que les raisons derrière ces choix semblent avoir évolué au fil du temps, on ne peut nier que l’utilisation systématique du chiffre 3 par Airbus et du chiffre 7 par Boeing participe activement à façonner leurs histoires respectives et à renforcer leur identité dans l’esprit des consommateurs et des acteurs du marché aéronautique.