Cette céréale qu’est le blé tendre (Triticum aestivum) est apparue en France il y a 6000 ans. Elle fut d’abord domestiquée dans le croissant fertile (sud de la Turquie, actuel Liban, Syrie) avant d’arriver sur d’autres territoires, dont la Gaule. Suite à l’apport de nouveaux flux génétiques ou à la suite de pressions de sélection, elle a continué son évolution. Lors des premiers pas de la sélection moderne au 19e siècle, ce processus s’est accéléré. Bien sûr, cette évolution ne s’est pas déroulée du jour au lendemain, comme nous allons vous l’expliquer dans cet article avec 3 actes concernant l’évolution génétique du blé tendre.
Premier acte : des flux génétiques qui s’acclimatent au terroir français
Suite à l’installation de comptoirs commerciaux sur la côte sud (1000 ans J-C) par les colons grecs, puis par l’invasion de la Gaule par les Romains (52 av. J.-C.), le blé tendre, lors de son arrivée en France, a suivi plusieurs enrichissements génétiques. Suite à la chute de Rome et tout au long de l’époque mérovingienne, il n’y a plus eu de nouveau flux. Cela a permis au blé de pouvoir s’adapter localement et de permettre la naissance de blés de population en France. Ce qui fait que dans un même champ, ils ont pu présenter, entre eux, une diversité génétique et morphologique. Finalement, ensemble, ils ont pu composer une population bien adaptée à leur terroir.
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Second acte : les premiers pas concernant la sélection dirigée
Jusqu’à maintenant, une sélection se résumait à ressemer les graines des céréales, qui, dans une population, disposait des meilleures caractéristiques. On appelait ça la sélection massale. La sélection dirigée par hybridation, entre 2 variétés, a été dirigée par les Vilmorins dans la seconde moitié du 19e siècle. Cette méthode a été utilisée afin d’essayer d’associer en une seule les deux parents. Il est ainsi remarqué, par Henri de Vilmorin, de la complémentarité des variétés de populations, des blés aquitains disposant de qualités meunières très intéressantes ainsi que des blés anglais offrant une meilleure productivité et une plus grande résistance aux maladies.
Troisième acte : une réintroduction de la variabilité pour une stabilisation des rendements
Il faut savoir que toutes ces sélections utilisent le même fond génétique. C’est pour cette raison que Charles Crépin et Émile Schribaux conseillent de réintroduire de la variabilité afin d’optimiser le rendement, et surtout, de permettre une amélioration de la tolérance aux aléas climatiques et aux maladies. Pour arriver à cette fin, sont introduites dans les processus de sélection, des variétés qui proviennent d’autres zones géographiques. Cette transition est effectuée avec la variété « Étoile de Choisy », qui est inscrite en 1950. Une plus grande précocité est conférée à cette variété, grâce à l’apport de la variété italienne « Ardito », qui est à l’origine, en fin de cycle, d’une diminution des risques d’accident de culture. Du fait de cette transition, diverses caractéristiques agronomiques et technologiques ont eu droit à de grandes améliorations et ont pu donner des nouveautés comme « Champlein » (1959).