L’Union européenne se positionne comme le troisième plus grand consommateur d’énergie au monde, une réalité qui découle tant de son peuplement dense que de son avancée industrielle significative. En 2022, la consommation énergétique primaire de l’UE s’élevait à environ 1,4 milliard de tonnes équivalent pétrole, révélant un appétit énergétique considérable pour ses 447 millions d’habitants. À titre de comparaison, les États-Unis, avec moins de population (333 millions), affichaient une consommation de 2,3 milliards de tonnes, soulignant une intensité énergétique encore plus marquée.
Dépendance aux énergies fossiles
Malgré une inclinaison croissante vers les énergies renouvelables, l’UE reste profondément ancrée dans les énergies fossiles, qui représentent près de 70 % de son énergie disponible. Cette prédominance s’illustre clairement dans la répartition des sources énergétiques : 34 % pour le pétrole, 23 % pour le gaz et 11 % pour le charbon. L’impact de cette dépendance est significatif, notamment en termes de sécurité énergétique et de vulnérabilité géopolitique, surtout visible lors des crises, comme celle induite par le conflit en Ukraine.
L’énergie, vecteur de dépendance géopolitique
L’importation d’énergie est une nécessité pour l’Europe, qui tire environ 63 % de son énergie de sources externes en 2022, un chiffre en hausse par rapport aux décennies précédentes. Cette dépendance varie grandement entre les pays membres, avec des taux qui dépassent 60 % dans 16 des 27 États. À l’inverse, des pays comme l’Estonie affichent des niveaux d’autonomie énergétique beaucoup plus élevés grâce à leurs ressources spécifiques.
Une diversité de situations nationales
La France et la Pologne, avec des dépendances respectives de 52 % et 46 %, se situent sous la moyenne européenne, grâce à l’exploitation du nucléaire pour l’une et du charbon pour l’autre. Cependant, d’autres, comme l’Espagne ou l’Italie, doivent importer jusqu’à trois quarts de leur énergie. La situation est extrême à Malte, Chypre et au Luxembourg, où les taux d’importation atteignent des sommets (99 %, 92 % et 91 %, respectivement).
Les politiques européennes pour une transition énergétique
Des fondements historiques à l’engagement actuel
La politique énergétique de l’Union européenne s’ancre dans une histoire riche, débutant avec la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1952. Cet engagement précoce visait à stabiliser le continent en mutualisant les ressources énergétiques essentielles, pour prévenir les conflits. Peu après, l’adoption de la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom) en 1958 consolidait cette approche, orientant l’Europe vers une plus grande autonomie énergétique, notamment par le développement de l’énergie nucléaire.
Le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) et ses objectifs
Le TFUE articule clairement les objectifs de la politique énergétique européenne. Parmi ces derniers, on trouve la garantie du fonctionnement du marché de l’énergie, l’assurance de la sécurité d’approvisionnement et la promotion de l’efficacité énergétique. Ces objectifs témoignent de la compétence partagée entre l’Union et les États membres, qui conserve un droit souverain sur le choix des sources d’énergie et la gestion de leurs ressources.
Réduire la dépendance aux énergies fossiles
L’un des défis majeurs pour l’UE est de diminuer sa dépendance aux énergies fossiles, un impératif qui prend une dimension urgente avec les crises énergétiques et climatiques actuelles. Le plan “RePowerEU”, lancé en réponse à la guerre en Ukraine, symbolise cet effort. Il vise une indépendance énergétique vis-à-vis des fournitures fossiles russes d’ici 2027, en accélérant le déploiement des énergies renouvelables et en diversifiant les sources d’approvisionnement.
Une transition vers les renouvelables
En 2022, les énergies renouvelables représentaient plus de 23 % de la consommation finale d’énergie de l’UE. Cette transition est cruciale non seulement pour des raisons écologiques mais aussi pour réduire la vulnérabilité extérieure de l’Europe. Le TFUE a facilité des initiatives ambitieuses telles que les objectifs de 42,5 % d’énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici 2030, un bond significatif par rapport aux engagements précédents.
Ces politiques sont essentielles pour orienter l’Union vers une indépendance énergétique accrue et une réduction substantielle de son empreinte carbone. Elles montrent également comment l’UE évolue pour faire face aux défis énergétiques et climatiques mondiaux, en intégrant la durabilité au cœur de ses préoccupations économiques et politiques.
Objectifs et avancées environnementales de l’UE
Une lutte renforcée contre le changement climatique
La lutte contre le changement climatique occupe une place prépondérante dans la politique énergétique de l’Union européenne. Avec le lancement du Pacte vert pour l’Europe en 2019, la Commission européenne, sous la présidence d’Ursula von der Leyen, a manifesté une volonté ferme de renforcer les ambitions environnementales du continent. L’objectif est clair : atteindre la neutralité climatique d’ici 2050, un engagement qui s’accompagne de mesures concrètes et d’une révision stratégique des politiques énergétiques.
Des directives ambitieuses pour les énergies renouvelables
En juillet 2021, une révision majeure de la directive sur les énergies renouvelables a été présentée, fixant l’objectif de porter à 40 % la part des énergies propres dans le mix énergétique de l’UE d’ici 2030. Cet objectif a été ajusté à 42,5 % en mars 2023, suite à un accord entre les États membres et les eurodéputés, démontrant un engagement accru pour l’adoption des énergies vertes.
Réduction de la consommation énergétique
L’efficacité énergétique est également au cœur des préoccupations de l’UE. Les institutions européennes ont convenu de réduire la consommation finale d’énergie d’au moins 11,7 % en 2030 par rapport aux prévisions de 2020. Cette initiative vise à optimiser la consommation énergétique en favorisant des technologies et des pratiques plus efficaces et moins énergivores.
Bilan des émissions de gaz à effet de serre
À l’heure actuelle, les émissions européennes de gaz à effet de serre sont principalement issues de la production et de la consommation d’énergie, constituant les trois quarts des émissions totales. Les politiques mises en œuvre visent donc non seulement à transformer le mix énergétique mais aussi à atténuer directement ces émissions, avec des cibles révisées et des mesures de suivi renforcées pour assurer la conformité et l’efficacité des efforts déployés.
Les défis de l’approvisionnement en gaz et électricité
Sécurisation de l’approvisionnement en gaz face aux crises
Depuis le début du conflit en Ukraine en février 2022, l’Union européenne a été confrontée à la nécessité de sécuriser son approvisionnement en gaz, traditionnellement dépendant des importations russes. En réponse, l’UE a adopté un règlement exigeant que ses stocks de gaz soient remplis à au moins 80 % avant l’hiver 2022, et à 90 % pour les hivers suivants. Cette mesure a permis de surmonter partiellement la vulnérabilité immédiate et de renforcer la résilience énergétique européenne.
Diversification des sources et réduction de la dépendance au gaz russe
La réduction de la dépendance au gaz russe est une priorité renouvelée, avec une baisse significative des importations de 45 % en 2021 à 15 % en 2023. Parallèlement, l’Europe a augmenté ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL), notamment en provenance des États-Unis, pour diversifier ses sources d’approvisionnement. Cette stratégie a été cruciale pour maintenir la stabilité du marché du gaz en Europe.
Maîtrise des prix du gaz et de l’électricité
La flambée des prix de l’énergie, accentuée par la hausse des tarifs du gaz, a eu un impact direct sur les prix de l’électricité. Pour y faire face, les États membres de l’UE ont convenu en septembre 2022 de réduire volontairement la consommation brute d’électricité de 10 % et de façon contraignante de 5 % aux heures de pointe. Cette initiative a été essentielle pour limiter les pics de demande et stabiliser les prix sur le marché européen.
Renforcement du cadre réglementaire
En réponse à ces défis, la Commission européenne a proposé en juillet 2022 de nouvelles mesures pour réduire la consommation de gaz de 15 % entre août 2022 et mars 2023. Ces mesures ont été renouvelées pour l’année suivante, témoignant de l’engagement de l’UE à long terme pour la gestion prudente des ressources énergétiques. De plus, en mai 2024, une révision du marché de l’électricité a été adoptée, visant à favoriser les contrats de long terme et à limiter les fluctuations des prix sur les marchés de gros.
Conclusion stratégique sur l’énergie
Ces mesures, combinées aux efforts de diversification des sources et à la régulation des prix, montrent comment l’Union européenne s’adapte et réagit aux défis énergétiques contemporains. La gestion de la crise énergétique et la transition vers des sources plus durables restent au cœur des préoccupations de l’UE, illustrant une stratégie énergétique qui évolue constamment face aux réalités géopolitiques et environnementales.
Résumé en points clés :
- Réponse rapide de l’UE à la crise du gaz : adoption de règlements pour remplir les stocks de gaz avant l’hiver.
- Réduction de la dépendance au gaz russe : baisse significative des importations et augmentation des alternatives comme le GNL.
- Initiatives pour stabiliser les prix de l’énergie : réduction de la consommation d’électricité et plafonnement des recettes des producteurs à bas coût.
- Révision du marché de l’électricité : favorisation des contrats de long terme pour éviter les fluctuations de prix.
- Adaptation continue aux défis énergétiques : mesures renouvelées et stratégies de diversification des approvisionnements.
Source de l’article : https://www.touteleurope.eu/environnement/l-energie-dans-l-union-europeenne/