En 2016, les partisans du Brexit, armés du slogan “Take back control”, promettaient une souveraineté retrouvée pour le Royaume-Uni, y compris un meilleur contrôle des frontières et une prospérité économique renouvelée. Leur campagne visait principalement à regagner une autonomie perçue comme perdue au sein de l’Union européenne (UE). La perspective était alléchante : moins de contributions financières au budget de l’UE et plus de liberté dans la gestion des affaires économiques nationales.
Les premiers impacts économiques du Brexit
Dès l’annonce des résultats du référendum, les marchés financiers ont réagi de manière négative, anticipant les complications à venir. La livre sterling a subi une dépréciation immédiate de 7 % par rapport à l’euro, signalant l’inquiétude des investisseurs. Les négociations sur les futures relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE ont été marquées par une grande incertitude, provoquant une baisse notable des investissements dans le pays. En 2019, une étude menée par des économistes de renom estimait que l’anticipation du Brexit avait réduit les investissements de 11 %.
Les conséquences de la sortie de l’UE
Le Brexit s’est matérialisé en deux phases : le retrait officiel de l’UE le 31 janvier 2020, suivi de la sortie du marché unique le 31 décembre de la même année. Bien que l’accord de commerce et de coopération ultérieur ait permis de maintenir des échanges sans droits de douane ni quotas, l’introduction de nouvelles formalités administratives et de contrôles douaniers a complexifié les transactions commerciales. Les premières semaines après la sortie du marché unique ont vu des pénuries de produits frais, tels que fruits et légumes, dans les supermarchés britanniques, soulignant les défis logistiques induits par le Brexit.
L’économie britannique face au Brexit et à d’autres chocs mondiaux
L’année 2023 a été particulièrement difficile pour le Royaume-Uni, avec une croissance économique stagnante, bien en deçà des performances de ses voisins européens. L’impact du Brexit, combiné aux effets de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, a plongé l’économie dans une récession technique après deux trimestres consécutifs de croissance négative. Tandis que le Royaume-Uni enregistrait une croissance quasi nulle en 2023, d’autres grandes économies européennes affichaient des taux légèrement plus élevés, malgré des conditions économiques globalement difficiles.
L’opinion publique britannique et le Brexit
L’opinion publique au Royaume-Uni a évolué significativement depuis le référendum de 2016. Initialement divisés, les Britanniques sont de plus en plus nombreux à regretter la décision de quitter l’UE, comme le montrent les enquêtes régulières de l’institut YouGov. En mai 2024, 55 % des personnes interrogées considéraient le Brexit comme une erreur, reflétant un changement notable dans la perception publique des effets du Brexit.
Un bilan mitigé pour le Brexit
Selon une étude récente de Goldman Sachs, le PIB britannique a chuté de 5 % depuis 2016, une perte considérable attribuée en partie au Brexit. Cependant, les avis des économistes sur l’ampleur exacte de cette perte restent partagés. Ce qui est clair, c’est que le Brexit a introduit un niveau d’incertitude et de complexité dans l’économie britannique qui continue de peser sur les échanges commerciaux et la confiance des investisseurs. La question demeure : les bénéfices de la souveraineté retrouvée compenseront-ils les coûts économiques du Brexit à long terme ? Seul l’avenir le dira.
Source de l’article : https://www.touteleurope.eu/l-ue-dans-le-monde/fact-checking-le-brexit-a-t-il-gravement-nui-a-l-economie-du-royaume-uni/