Le statut d’auto-entrepreneur continue de séduire en France, permettant à de nombreux professionnels de lancer leur propre activité avec des formalités allégées et une gestion simplifiée. Cependant, les données de 2023 montrent des tendances variées selon les secteurs, entre croissance et difficultés.
Une popularité toujours forte, mais des radiations en hausse
Les statistiques révèlent un nombre important d’immatriculations en 2023 dans certains secteurs, reflétant la poursuite de l’engouement pour ce statut. Par exemple, le secteur du BTP gros-œuvre a enregistré plus de 3 817 nouvelles inscriptions, tandis que le secteur des métiers de bouche a accueilli 1 898 nouveaux entrepreneurs. Le commerce de gros et les commerces de détail non alimentaire affichent également des chiffres significatifs, respectivement 2 894 et 1 991 immatriculations.
Cependant, l’autre face de la médaille est l’augmentation des radiations, c’est-à-dire la fermeture ou l’arrêt des activités. Toujours dans le secteur du BTP gros-œuvre, plus de 8 713 auto-entrepreneurs ont radié leur activité en 2023. Les métiers de bouche, bien qu’en croissance en termes de création d’entreprises, ont vu 3 599 radiations, un chiffre supérieur aux nouvelles immatriculations. Le commerce de gros a lui aussi connu des difficultés, avec 11 355 radiations, bien plus élevées que le nombre d’inscriptions.
Ces données montrent un dynamisme, mais aussi une fragilité certaine dans la pérennité des activités sous ce statut.
Un chiffre d’affaires moyen en stagnation
L’un des principaux attraits du statut d’auto-entrepreneur est la simplicité de gestion du chiffre d’affaires. Néanmoins, les chiffres de 2023 révèlent une stagnation voire une baisse du chiffre d’affaires moyen dans plusieurs secteurs. Prenons l’exemple des métiers de bouche, où le chiffre d’affaires moyen s’établit à environ 4 813 euros par an, ce qui reste relativement bas comparé à d’autres secteurs comme le BTP gros-œuvre où il atteint 7 268 euros.
Le secteur des commerces de gros et du commerce de détail non alimentaire affiche des résultats similaires, avec des chiffres moyens respectivement de 6 932 euros et 5 189 euros. Cette faible performance financière explique en partie l’augmentation des radiations, de nombreux auto-entrepreneurs ne parvenant pas à dégager des revenus suffisants pour assurer la viabilité de leur activité.
Une gestion administrative qui pose question
L’une des problématiques centrales soulevées par ces chiffres est le nombre d’auto-entrepreneurs administrativement actifs par rapport au total des immatriculations. Prenons par exemple le secteur du commerce de détail alimentaire, qui affiche 5 423 actifs en 2023. Toutefois, ce nombre est faible par rapport aux 253 immatriculations et 908 radiations, et montre que bon nombre d’entreprises immatriculées ne parviennent pas à maintenir une activité durable. Cela illustre les défis auxquels sont confrontés de nombreux auto-entrepreneurs dans la gestion de leur activité.
Dans le BTP gros-œuvre, on observe un total de 77 406 auto-entrepreneurs actifs, un chiffre conséquent qui montre que, malgré le nombre élevé de radiations, ce secteur reste porteur et offre des perspectives intéressantes pour ceux qui parviennent à se maintenir dans le marché.
Secteur d’activité | Nombre immatriculations 2023 | Nombre radiations 2023 | Nombre administrativement actifs 2023 | Chiffre affaire moyen 2023 |
CZ2 – Métiers de bouche | 1898 | 3600 | 30505 | 4814 |
F1 – BTP gros-oeuvre | 3817 | 8713 | 77407 | 7268 |
G2 – Commerce de gros, intermédiaires du commerce | 2894 | 11356 | 62125 | 6932 |
G3 – Commerce de détail alimentaire hors métiers de bouche | 253 | 908 | 5423 | 6543 |
G4 – Commerce de détail non alimentaire (hors pharmacie) | 1991 | 6670 | 51707 | 5190 |
IZ1 – Hébergement | 397 | 967 | 12996 | 4876 |
IZ2 – Restauration et débits de boissons | 3460 | 11454 | 56012 | 5783 |
JZ – Informatique, information et communication | 9291 | 17152 | 124531 | 7814 |
KZ – Activités financières et d’assurance | 810 | 2352 | 13027 | 6951 |
LZ – Activités immobilières | 3894 | 10316 | 65148 | 7819 |
M1 – Activités juridiques | 125 | 254 | 2153 | 9726 |
M4 – Activités spécialisées de design, graphisme et d’infographie | 4385 | 8759 | 78999 | 5005 |
M5 – Autres activités scientifiques et techniques | 6387 | 12658 | 109854 | 5175 |
N2 – Autres activités de service administratif et de soutien | 8795 | 10827 | 97934 | 4688 |
PZ – Enseignement | 7963 | 14221 | 146817 | 4193 |
R2 – Activités sportives | 3065 | 4928 | 67637 | 3433 |
AZ – Agriculture, sylviculture et pêche | 123 | 299 | 3221 | 4360 |
G1 – Commerce-réparation d’automobiles | 4635 | 9475 | 55322 | 5185 |
G5 – Commerce de détail sur marchés non classé ailleurs | 1766 | 4898 | 49418 | 3453 |
HZ1 – Taxis – VTC | 2486 | 3510 | 26565 | 4566 |
M2 – Activités comptables, de conseil et d’ingénierie | 5815 | 13542 | 96547 | 6604 |
N1 – Activités de nettoyage | 9605 | 12257 | 122842 | 4227 |
QZ – Santé | 4478 | 9377 | 112794 | 4433 |
R1 – Arts, spectacles et autres activités récréatives | 7078 | 11352 | 126831 | 3731 |
S1 – Réparations hors automobile | 1211 | 3889 | 33663 | 4081 |
S3 – Autres services personnels | 10619 | 14628 | 158570 | 3091 |
CZ1 – Industrie | 8532 | 13825 | 148922 | 3689 |
F2 – BTP travaux d’installation | 3986 | 8321 | 70009 | 8316 |
F3 – BTP travaux de finition | 5193 | 11703 | 116546 | 7241 |
G6 – Commerce de détail non spécialisé | 9347 | 16087 | 91919 | 4641 |
HZ2 – Transports routier de fret et déménagement | 1596 | 1739 | 10489 | 3449 |
HZ3 – Activités de poste et de courrier | 15967 | 72709 | 163001 | 1396 |
HZ4 – Autres activités de transports et entreposage | 502 | 855 | 5873 | 4507 |
M3 – Conseil pour les affaires et autres conseils de gestion | 10331 | 26908 | 163880 | 7298 |
S2 – Coiffure et soins du corps | 6695 | 8309 | 114744 | 3301 |
UZ – Autres | 5 | 20 | 153 | 5358 |
Analyse sectorielle détaillée
Métiers de bouche
Le secteur des métiers de bouche, regroupant boulangeries, traiteurs et autres artisans alimentaires, est marqué par un nombre d’inscriptions en hausse, mais aussi un taux élevé de radiations. Cette situation paradoxale s’explique par la concurrence forte et les difficultés à générer un chiffre d’affaires suffisant, avec une moyenne de 4 813 euros par an. L’exigence des consommateurs pour des produits de qualité, mais à des prix compétitifs, rend la survie dans ce secteur complexe, notamment pour les petites structures auto-entrepreneuriales.
BTP gros-œuvre
Le BTP gros-œuvre se distingue par un nombre important de créations d’auto-entreprises ainsi qu’un chiffre d’affaires moyen relativement élevé, dépassant les 7 000 euros annuels. Cependant, les radiations massives témoignent d’une difficulté à s’installer durablement. Les contraintes liées aux délais de paiement, aux charges opérationnelles, ainsi qu’aux fluctuations du marché de la construction peuvent expliquer ces fermetures précoces.
Commerce de gros
Le commerce de gros est également un secteur où l’on observe une forte volatilité. Avec 2 894 immatriculations et 11 355 radiations, ce secteur est particulièrement sujet à des entrées et sorties régulières. Le chiffre d’affaires moyen d’environ 6 932 euros n’est pas suffisamment élevé pour compenser les coûts opérationnels et les marges souvent réduites. Ce contexte rend difficile la viabilité des auto-entrepreneurs sur le long terme dans ce domaine.
Les défis à venir pour les auto-entrepreneurs en 2024
Les données de 2023 mettent en lumière plusieurs défis importants pour les auto-entrepreneurs, tant en termes de gestion que de performance financière. Il est clair que certains secteurs, comme le BTP ou les métiers de bouche, offrent des opportunités, mais exigent également une grande résilience pour faire face aux obstacles économiques et structurels.
L’une des premières recommandations serait de renforcer les dispositifs d’accompagnement pour les nouveaux auto-entrepreneurs. Des formations ciblées sur la gestion financière, le marketing et la négociation commerciale pourraient permettre d’améliorer la durabilité des projets.
De plus, les politiques publiques pourraient jouer un rôle important dans la réduction des radiations, notamment en facilitant l’accès au financement et en encourageant la collaboration entre auto-entrepreneurs. Les groupements d’intérêt économique, par exemple, pourraient offrir une solution pour mutualiser certaines charges et augmenter les marges.
2023 a été une année marquée par des dynamiques contrastées pour les auto-entrepreneurs en France. Si le statut continue d’attirer de nombreux nouveaux entrepreneurs, les radiations massives témoignent de la fragilité de certains secteurs. Le chiffre d’affaires reste un enjeu central, et il est clair que des actions doivent être menées pour soutenir davantage ces petites structures face aux défis économiques actuels.
L’avenir de l’auto-entrepreneuriat réside probablement dans un meilleur accompagnement et des solutions adaptées à la réalité de chaque secteur, afin de permettre à ces entrepreneurs de non seulement survivre, mais de prospérer sur le long terme.
Source de l’article : https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/auto-entrepreneurs-par-secteur-dactivite/
Excellent article qui à le mérite de remettre l’église au milieu du village. Malheureusement la réalité est fidèle à cette image avec en plus les soucis liés à la couverture sociale, et les cotisations au régime de retraite. Bcp de microentreprises se créent pour fuir l’emploi salarié, hors la seule vraie raison de créer est d’avoir un marché en face. Sachant que ces chiffres sont nationaux, il s’agit bien de moyennes ne mettant pas en visu l’énorme décalage entre villes et campagnes.