Une recherche révolutionnaire menée par l’Université College Dublin, la London South Bank University et la Brighton and Sussex Medical School, publiée aujourd’hui dans le BJPsych Open, révèle les défis particuliers auxquels font face les psychiatres autistes qui s’ignorent. L’étude, première du genre, explore les vécus des psychiatres neurodivergents et leurs impacts sur la reconnaissance de l’autisme chez leurs patients.
L’impact de l’auto-reconnaissance de l’autisme
L’ignorance de leur propre condition autistique peut amener certains psychiatres à ne pas reconnaître les symptômes d’autisme chez leurs patients. Dr Mary Doherty, professeure associée clinique à l’UCD School of Medicine et auteure de l’étude, souligne que savoir qu’on est autiste peut transformer positivement la vie d’un individu. Elle ajoute que plus de 187 000 personnes en Angleterre attendent actuellement une évaluation pour l’autisme, un chiffre alarmant qui pourrait être exacerbé par des diagnostics incorrects faits par des psychiatres non diagnostiqués comme autistes eux-mêmes.
Méthodologie et résultats de l’étude
L’équipe de recherche a mené des entretiens approfondis avec huit psychiatres seniors au Royaume-Uni, dont six consultants, travaillant dans différents services de santé mentale, de la santé mentale des enfants et adolescents à celle des adultes, y compris les services pour les personnes ayant une déficience intellectuelle. Plusieurs psychiatres ont réalisé qu’ils étaient autistes après des expériences personnelles, telles que le diagnostic de leur enfant, ou en reconnaissant des similitudes entre eux-mêmes et leurs patients autistes.
Cette prise de conscience a souvent mené à une meilleure identification de l’autisme chez les patients, ainsi qu’à l’établissement de relations thérapeutiques plus fortes. Les psychiatres ont également noté une amélioration de leur estime de soi et de leur santé mentale suite à cette auto-reconnaissance.
Les avantages uniques des psychiatres autistes
Dr Sebastian Shaw, auteur principal et conférencier en éducation médicale à la Brighton and Sussex Medical School, explique que cette recherche met en lumière les avantages uniques que les psychiatres autistes apportent dans le domaine. La conscience de leur propre neurodivergence améliore grandement leur capacité à connecter avec les patients autistes.
Prochaines étapes de la recherche
Les futures études chercheront à comprendre pourquoi aucun des psychiatres interrogés n’a ouvertement divulgué son autisme, ainsi qu’à évaluer l’impact de cette reconnaissance sur les soins aux patients et la pratique clinique. Cette recherche sera présentée lors de la conférence d’hiver ‘Thinking Differently: The Royal College of Psychiatrists Neurodevelopmental Psychiatry Special Interest Group’, qui se tiendra à Brighton le 11 décembre 2024.
Cette étude souligne l’importance de la sensibilisation à l’autisme non seulement parmi le grand public mais aussi parmi les professionnels de santé mentale, qui, en se reconnaissant autistes, peuvent non seulement améliorer leur propre bien-être mais aussi offrir des soins plus adaptés à leurs patients.
Source de l’article : http://dx.doi.org/10.1192/bjo.2024.756