La décision rendue sur le fond par le Conseil d’État concernant la fermeture du golfe de Gascogne continue de susciter des réactions. Le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins (CNPMEM) exprime son désaccord face à ce qu’il considère comme une entrave aux efforts déployés par la filière pour une pêche durable. Retour sur les points clés de cette affaire complexe.
Une décision qui entérine une fermeture controversée
Le 22 décembre 2023, une ordonnance du Conseil d’État imposait une interdiction de pêche d’un mois dans le golfe de Gascogne à 338 navires côtiers français. Cette décision, confirmée sur le fond le 30 décembre 2024, s’inscrit dans une démarche visant à réduire les captures accidentelles, notamment de dauphins. Le CNPMEM, tout en respectant le cadre légal, déplore une approche qu’il juge inadaptée et lourde de conséquences pour l’ensemble de la filière.
Des indemnisations sous surveillance
L’un des principaux points d’attention du CNPMEM réside dans la pérennisation des indemnisations promises aux pêcheurs pour 2025 et 2026. La viabilité de ces aides est cruciale, d’autant que les restrictions imposées ont engendré une fragilisation du secteur aval, en particulier pour les marchés et les emplois dépendants de l’activité halieutique.
Une critique des méthodes et des données scientifiques
Le Comité s’interroge sur l’inclusion des bolincheurs dans le dispositif d’interdiction. Selon lui, cette pêcherie est faiblement responsable des captures accidentelles mises en avant par les données du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM). De plus, le CNPMEM regrette l’absence de dérogations pour les navires équipés de dispositifs innovants comme des caméras ou des dispositifs mitigateurs. Ces initiatives, souvent basées sur le volontariat, sont perçues comme essentielles pour allier efficacité économique et préservation de la biodiversité.
Les efforts du secteur méconnus
Les responsables juridiques, techniques et scientifiques, ainsi que des collectivités locales, ont soutenu le CNPMEM dans ses démarches pour défendre les intérêts des pêcheurs. Malgré cela, les avancées techniques visant à réduire les captures accidentelles peinent à être reconnues. Ce manque de continuité dans les expérimentations freine les progrès et renforce le sentiment d’abandon des professionnels.
Une filière mise à rude épreuve
L’interdiction a entraîné des pertes significatives sur les marchés, affectant directement les armateurs et les travailleurs du secteur. Certains ont dû affronter des conditions météorologiques difficiles dès la réouverture pour limiter les dégâts économiques. Pour Olivier Le Nézet, président du CNPMEM, ces décisions successives illustrent une incompréhension des réalités économiques de la pêche artisanale française.
Une pêche française exemplaire à préserver
Le CNPMEM rappelle que la pêche française, notamment dans le golfe de Gascogne, se distingue par ses pratiques respectueuses de l’environnement. Elle joue un rôle essentiel dans l’économie et la vie sociale des territoires littoraux. Les mesures restrictives, bien qu’ayant des objectifs environnementaux légitimes, ne devraient pas compromettre la survie d’une activité aussi vitale.
Une vision pour l’avenir
Le CNPMEM reste engagé aux côtés des professionnels pour leur offrir visibilité et stabilité. La mise en place de politiques équilibrées et concertées est essentielle pour concilier préservation des écosystèmes marins et durabilité économique.
La question reste posée : comment parvenir à des solutions durables sans compromettre l’avenir des pêcheurs et de leurs familles ? Les défis sont immenses, mais les réponses devront être collectives et fondées sur une compréhension mutuelle des enjeux.