Les plastiques, omniprésents dans nos activités quotidiennes, représentent une ressource incontournable. Cependant, avec plus de 400 millions de tonnes produites chaque année, leur impact environnemental devient alarmant. À peine 10 % des déchets plastiques sont recyclés, ce qui exige des technologies innovantes pour répondre à cette urgence mondiale. Une étude récente de l’équipe du professeur Insoo Ro, publiée dans Nature Communications le 29 novembre 2024, pourrait bien offrir une solution prometteuse : un recyclage catalytique amélioré par l’ajout d’eau.
Le recyclage catalytique : une alternative prometteuse
Contrairement au recyclage conventionnel qui se limite à fondre et remodeler les plastiques en matériaux de qualité inférieure, le recyclage catalytique permet de transformer les plastiques en produits chimiques précieux et combustibles comme l’essence et le diesel. Cette méthode repose sur des processus chimiques, tels que l’hydrogénolyse et l’hydrocracking, qui décomposent les déchets plastiques à l’aide de catalyseurs.
Néanmoins, ces techniques nécessitent encore des optimisations avant de pouvoir être adoptées à grande échelle. C’est dans ce contexte que l’étude dirigée par le professeur Ro propose une avancée significative.
Le rôle clé de l’eau dans la dépolymérisation des polyoléfines
Les polyoléfines, qui représentent 55 % des déchets plastiques mondiaux, constituent une cible majeure pour le recyclage. L’équipe de SEOULTECH a découvert que l’ajout d’eau dans le processus de dépolymérisation, combiné à des catalyseurs à base de ruthénium (Ru), améliore considérablement l’efficacité.
Après avoir testé divers catalyseurs sur différents supports, les chercheurs ont identifié que ceux combinant des sites métalliques et acides offraient des performances nettement supérieures en présence d’eau. Selon le professeur Ro, « L’eau modifie les mécanismes de réaction, favorisant des voies catalytiques plus actives tout en réduisant la formation de coke. Cette double fonction augmente l’efficacité du processus, prolonge la durée de vie des catalyseurs et diminue les coûts opérationnels. »
Une efficacité remarquable et une approche optimisée
Parmi les catalyseurs testés, le Ru/zeolite-Y a obtenu un taux de conversion des polyoléfines de 96,9 % dans des conditions optimales. Cette efficacité repose sur un équilibre subtil entre la concentration en ruthénium et la proximité des sites actifs métalliques et acides.
Pour valider la viabilité de leur méthode, les chercheurs ont également réalisé une analyse technico-économique et une évaluation du cycle de vie. Les résultats mettent en évidence l’impact positif de cette approche sur le plan environnemental et économique. L’ajout d’eau améliore l’efficacité carbone tout en réduisant les coûts, ce qui ouvre la voie à une adoption à l’échelle industrielle.
Une solution aux enjeux environnementaux
Au-delà de l’amélioration des performances catalytiques, cette technologie pourrait transformer la gestion mondiale des déchets plastiques. Les polyoléfines, principal contributeur à la pollution des décharges et des océans, pourraient être converties en ressources précieuses plutôt qu’abandonnées dans l’environnement.
Selon le professeur Ro, « Cette méthode offre une alternative viable aux pratiques actuelles de gestion des déchets. Elle permettrait de réduire significativement la pollution des océans et des décharges, tout en répondant à la demande croissante de carburants. »
Vers un recyclage sans tri préalable
L’équipe de SEOULTECH envisage des améliorations futures permettant de traiter des déchets plastiques mélangés sans étape préalable de tri. Cette avancée rendrait le recyclage plus simple et économique, favorisant son adoption par des industries variées.
En démontrant les bénéfices économiques et environnementaux de leur approche, les chercheurs espèrent encourager des investissements dans les infrastructures de recyclage avancées et stimuler la coopération internationale pour lutter contre la crise des déchets plastiques.
Une vision pour l’avenir
Cette percée scientifique pourrait inciter à des changements dans les politiques publiques, soutenant des initiatives plus durables et des technologies innovantes. À terme, cette solution promet de contribuer à des environnements plus propres et à une réduction significative des pollutions causées par les plastiques.
L’étude du professeur Ro et de son équipe marque un pas important vers une gestion plus responsable des déchets plastiques. Leur travail ouvre la voie à une utilisation plus efficace des ressources tout en atténuant les impacts négatifs sur notre planète. Un avenir plus respectueux de l’environnement est désormais envisageable grâce à ces avancées scientifiques majeures.
Source de l’article : http://dx.doi.org/10.1038/s41467-024-54495-5