En 2023, au large de la côte sud-est de l’Australie, un requin blanc de 4,7 mètres s’est échoué sur une plage avec une large plaie abdominale et un foie manquant. Une analyse ADN a confirmé que l’attaque ne promenait pas d’un requin mais d’un mammifères marins, une première en eaux australiennes. Cette découverte met en lumière un comportement prédateur qui pourrait être plus répandu qu’on ne le pensait.
Une stratégie de chasse ciblée sur le foie
Les orques sont des chasseurs redoutables et adaptables. Dans plusieurs régions du monde, elles ont développé des techniques de chasse propres à leurs groupes. En Afrique du Sud, le duo d’orques surnommé Port et Starboard est connu pour sa spécialisation dans la chasse aux requins blancs. Leur mode opératoire est particulièrement efficace : ils ciblent précisément le foie, riche en nutriments, en délaissant le reste de la carcasse.
L’étude australienne révèle que ce comportement ne se limite pas aux eaux sud-africaines. L’analyse ADN des morsures retrouvées sur le cadavre du requin blanc a permis d’identifier des traces d’ADN d’orques, confirmant leur implication. Ce phénomène pourrait être un comportement naturel et global des orques prédatrices.
Une menace pour les requins blancs et l’équilibre marin
L’élimination progressive des requins blancs d’un écosystème peut avoir des conséquences importantes. En Afrique du Sud, la disparition des requins blancs sous l’effet de la prédation des orques a provoqué un bouleversement de la chaîne alimentaire. La baisse de la prédation sur certaines espèces, comme les phoques éléphants, modifie l’équilibre des populations et augmente la compétition alimentaire.
Si un phénomène similaire se produit en Australie, les conséquences sur les écosystèmes marins pourraient être profondes. Les requins blancs jouent un rôle essentiel dans la régulation des populations de poissons et de mammifères marins. Leur disparition ou leur raréfaction pourrait entraîner une prolifération de certaines espèces et une diminution de la diversité marine.
Une stratégie prédatrice qui se répand ?
La question qui se pose est de savoir comment cette stratégie de chasse a pu apparaître en Australie, alors que les populations d’orques du monde entier ne se croisent pas et ne communiquent pas entre elles. S’agit-il d’un comportement inné ou acquis, d’une transmission culturelle entre groupes d’orques ?
Les observations montrent que les orques australiennes ont déjà prédaté d’autres espèces de requins, comme les makos, les requins bleus ou encore les requins-tigres. L’étude du cas australien ouvre ainsi la voie à une hypothèse : ce comportement prédateur pourrait être bien plus ancien et répandu qu’on ne le pensait.
Des recherches nécessaires pour comprendre l’impact
Les scientifiques estiment que la surveillance de ces interactions entre orques et requins blancs est essentielle. Si les orques commencent à régulièrement chasser ces super-prédateurs en Australie, les conséquences écologiques pourraient être majeures.
Le suivi des populations de requins blancs et l’analyse des comportements des orques dans la région devront permettre d’affiner ces observations. La disparition ou la diminution des populations de requins blancs pourrait avoir des effets en cascade sur tout l’écosystème marin.
Cette nouvelle découverte souligne une fois de plus l’incroyable intelligence des orques, leur capacité à adapter leurs techniques de chasse et l’impact qu’elles peuvent avoir sur les équilibres marins. Les scientifiques continueront d’observer ces interactions pour mieux comprendre l’évolution de ce comportement et ses conséquences à long terme.
Source : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ece3.70786