L’astéroïde 2024 YR4, découvert en décembre 2024, a provoqué l’émission de la toute première alerte de l’International Asteroid Warning Network (IAWN) le 29 janvier 2025. Une première historique.
Selon les calculs initiaux, il existait 1,3 % de probabilité que cet objet frappe la Terre le 22 décembre 2032. Son diamètre était alors estimé entre 40 et 90 mètres, ce qui lui a valu une note de 3 sur l’échelle de Turin, un indicateur du risque d’impact qui va de 0 à 10. Ce niveau correspond à un événement méritant une observation étroite par les astronomes.
Une mobilisation scientifique mondiale
Dès l’annonce du risque, une campagne d’observation internationale a été lancée. Les chercheurs de l’université d’Helsinki, en Finlande, ont pris les devants.
Les postdoctorants Zuri Gray et Grigori Fedorets ont utilisé le télescope nordique optique (NOT), d’un diamètre de 2,5 mètres, situé à La Palma, dans les Canaries. Cet instrument est régulièrement employé par les astronomes nordiques pour scruter les objets proches de la Terre.
Leur objectif : déterminer précisément la position, la trajectoire, la rotation, la taille et la forme de l’astéroïde. Ces données sont indispensables pour améliorer la modélisation de son orbite future et affiner les estimations de collision.
L’ombre d’une collision, puis un soulagement
En février, la probabilité d’impact a brièvement grimpé jusqu’à 3 %, un record pour un astéroïde de cette taille dans l’histoire moderne de l’estimation des risques.
Cependant, l’observation a été temporairement suspendue à cause de la pleine Lune, qui a éclipsé le signal faible de l’astéroïde. Les astronomes finlandais ont été les premiers à reprendre les mesures après cet épisode. Ces nouvelles données ont permis de réduire la probabilité d’impact terrestre à moins de 0,001 %.
Autrement dit, le scénario catastrophe pour la Terre est aujourd’hui écarté. Mais un nouveau scénario s’est invité dans les calculs.
L’astéroïde récemment découvert YR4 à 1 chance sur 83 de frapper la Terre en 2032 selon la NASA :
Une menace pour la Lune et les infrastructures spatiales
Les dernières modélisations révèlent une probabilité d’impact de 4 % sur la Lune. Si cela devait se produire, les conséquences ne seraient pas anodines.
Le professeur Karri Muinonen explique qu’un tel choc pourrait projeter des particules lunaires et des débris de l’astéroïde dans l’espace, perturbant potentiellement les infrastructures spatiales humaines, notamment les satellites en orbite et les missions habitées.
Observer en lumière infrarouge : un changement de perspective
Le James Webb Space Telescope, seul capable de mesurer l’émission thermique infrarouge d’un astéroïde de cette taille, a été mis à contribution le 26 mars. Les premières tentatives du 8 mars avaient échoué.
Grâce aux images transmises plus tard, le chercheur Eric MacLennan et son équipe ont pu affiner les estimations de la taille. Résultat : une probabilité de 95 % que le diamètre se situe entre 46 et 74 mètres.
Cette précision est essentielle pour calculer l’énergie potentielle de l’impact si l’objet venait à frapper un corps céleste.
Des moyens efficaces et une réactivité exemplaire
Le télescope NOT s’est illustré en février comme l’un des plus rapides à fournir des données fiables, comparé à d’autres équipements similaires. Cette performance s’explique par la disponibilité de l’instrument et l’expérience de l’équipe.
Le professeur associé Mikael Granvik souligne l’importance de ces infrastructures réactives et bien maîtrisées pour surveiller les objets dangereux.
L’université d’Helsinki dispose d’une expertise reconnue dans l’observation astronomique, la modélisation numérique, l’analyse des rotations, des orbites, de la composition et de la morphologie des objets proches de la Terre.
Une coordination scientifique et étatique
En Finlande, l’évaluation des risques liés aux astéroïdes relève de la compétence de l’Institut national de cartographie. Bientôt, cette responsabilité sera transférée au Centre national de connaissance de la situation spatiale, en cours de création.
Ce nouveau centre devra aussi gérer les risques liés à la météo spatiale, aux débris en orbite, et aux opérations satellitaires.
La chercheuse Anne Virkki rappelle que les compétences scientifiques finlandaises en matière d’astéroïdes sont désormais stratégiques au niveau gouvernemental, à l’instar des autres pays impliqués dans la surveillance de ces menaces venues de l’espace.
Source de l’étude : http://dx.doi.org/10.3847/2515-5172/adc6f0