La Slovénie invente la clim qui refroidit… sans polluer.
C’est en Slovénie, un pays de 2,12 millions d’habitants que des chercheurs viennent de secouer un secteur vieux de plus d’un siècle : la réfrigération. Fini le gaz qui s’évapore puis se liquéfie pour produire du froid. Place à un alliage métallique, le nickel-titane, qui se contente d’un peu de pression mécanique pour rafraîchir l’air !
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La Slovénie et ses 2 millions d’habitants montrent l’exemple en matière d’innovation “verte” avec une clim’ sans gaz
Ce système, en apparence simpliste, pourrait bouleverser le fonctionnement des climatiseurs et des réfrigérateurs. Le tout, sans émission de gaz à effet de serre ni risque de fuite toxique. C’est une piste sérieuse, issue du programme européen SUPERCOOL, et portée par l’université de Ljubljana.
En remplaçant les fluides frigorigènes classiques par un matériau qui reste entièrement solide, cette technologie s’attaque à un problème souvent ignoré : le coût climatique caché du froid domestique et industriel.
Une technologie invisible, un impact massif
Le fonctionnement de la climatisation actuelle repose sur un principe physique bien connu : le changement d’état de la matière. Quand un liquide devient gaz, il absorbe de l’énergie, ce qui crée du froid. Simple en apparence, mais très polluant.
Même les gaz de remplacement comme les hydrofluorocarbones (HFC), censés être plus propres, affichent un potentiel de réchauffement jusqu’à 12 000 fois supérieur au CO₂. Une fuite de 1 kg de HFC équivaut à plus de 15 000 km parcourus en voiture. Les réglementations européennes ont déjà entamé leur suppression progressive. Les alternatives naturelles comme l’ammoniac ou l’isobutane existent, mais elles sont inflammables, toxiques ou peu efficaces dans les régions chaudes.
Le métal qui refroidit quand on le déforme
Le principe s’appelle élastocalorie. Certains métaux, comme le nitinol, ont une propriété étonnante : quand on les comprime, ils chauffent ; quand on relâche, ils refroidissent. Pas besoin de changer d’état, ni de faire circuler de fluide. Une simple déformation mécanique suffit à produire du froid.
Le nitinol, bien connu dans le domaine médical pour sa biocompatibilité, devient ici le cœur d’un futur climatiseur. Il réagit rapidement, il est recyclable, et surtout, il ne dégage aucun gaz nocif.
Encore à l’état de prototype, cette technologie affiche pour l’instant une efficacité de 15 %, contre 20 à 30 % pour les systèmes classiques. Mais les chercheurs n’en sont qu’au début : moins de 10 ans de développement à ce jour, là où les compresseurs ont eu un siècle pour s’optimiser.
Une alliance européenne pour créer une climatisation propre
Le projet actuel, baptisé E-CO-HEAT, se poursuit jusqu’en 2026. L’objectif est d’industrialiser le système, le breveter et trouver des partenaires capables de le produire à grande échelle.
Une collaboration a déjà vu le jour avec une entreprise irlandaise et plusieurs universités allemandes et italiennes. Ce consortium travaille sur un prototype d’air conditionné baptisé SMACool.
L’enjeu dépasse largement le laboratoire. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la climatisation représente 10 % de la consommation mondiale d’électricité. Et ce chiffre est en train d’exploser avec le réchauffement climatique, en particulier dans les pays en développement.
Une réponse aux dérives du confort thermique
Aujourd’hui, on compte environ 2 milliards de climatiseurs dans le monde. D’ici 2050, ce chiffre pourrait tripler, avec une explosion de la demande en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud. Si cette croissance s’appuie encore sur les technologies actuelles, les conséquences climatiques seraient catastrophiques.
La solution slovène offre donc une alternative à fort potentiel : un refroidissement local, silencieux, modulaire et surtout propre. On imagine déjà son intégration dans les habitats passifs, les data centers, les véhicules électriques ou même les réfrigérateurs domestiques.
Une Europe qui ne veut plus perdre son sang-froid
La Commission européenne suit le dossier de près. Dans le cadre de la Heating and Cooling Strategy, l’un des piliers du Green Deal, l’UE finance les recherches les plus prometteuses pour verdir la production de froid.
La technologie slovène, si elle tient ses promesses, pourrait faire partie des solutions-clés du continent pour réduire les émissions dans les bâtiments, les transports et l’industrie. Avec un marché mondial estimé à plus de 1000 milliards d’euros d’ici 2035, l’enjeu économique est aussi colossal que l’enjeu climatique.
Reste à franchir les dernières étapes : améliorer le rendement, réduire les coûts de fabrication, et convaincre les industriels que le futur de la climatisation…
Cela fait tellement de bien de voir qu’il y a de très belles initiatives et des innovations ultra prometteuses dans ce domaine. Le monde du génie climatique est influencé uniquement par les fabricants constructeurs qui ne voient que leurs profits, comme tout industriel. La pollution générée par les fluides frigorigènes mais aussi les déchets des appareils en fin de vie est une catastrophe pour notre planète. Article très intéressant et avancées prometteuses.
faut arrêter avec le discours des industriels qui ne cherche que le profit. pas plus que les consommateurs qui ne cherchent que le confort.
Falcone S.
Félicitations pour les articles publiés. J’apprécierais être informé sur la réalisation concrète des articles publiés dans le passé.