Starlink en danger ? Un projet de ballon stratosphérique pourrait venir menacer l’hégémonie de l’Américain sur l’Internet dans les zones à faible densité

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Quand l’internet renaît à 18 000 mètres d’altitude.

Un ballon géant dans la stratosphère capable de maintenir internet dans les zones sinistrées. Voilà la promesse des plateformes HAPS, ces stations flottantes autonomes imaginées par l’américain Sceye et financées en partie par le japonais SoftBank. Une technologie discrète, légère… et radicalement différente des satellites.

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Une plateforme à hélium dans la stratosphère pour proposer Internet dans le monde entier

Les ingénieurs de Sceye n’envoient pas de fusée, ni d’avion. Ils gonflent un ballon géant au gaz hélium et l’envoient dériver entre 18 000 et 20 000 mètres d’altitude, soit deux fois plus haut qu’un avion de ligne. Ce ballon embarque des antennes, des capteurs, des batteries, des panneaux solaires, et surtout la capacité de maintenir une couverture internet dans des zones où plus rien ne fonctionne après une catastrophe.

Contrairement aux satellites comme Starlinlk, trop éloignés, ou aux drones, trop dépendants du sol, cette plateforme aérienne combine proximité et autonomie. Elle reste en vol non pas pendant des heures ou des jours, mais pendant des mois, voire une année complète, grâce à des batteries lithium-soufre à haute densité (425 Wh/kg) et des panneaux solaires puissants.

C’est cette capacité à flotter sans discontinuer qui change la donne.

Le futur plus grand avion du monde serait prêt à être détourné de sa mission initiale pour devenir le “bon à tout faire” du transport aérien

Une antenne mobile pour terrains inaccessibles

L’un des grands intérêts de cette technologie réside dans sa stabilité de position. Même exposée à des vents changeants, la plateforme reste arrimée à sa zone cible. Elle agit ainsi comme une tour relais mobile qui permet de rétablir internet dans les zones ravagées par un séisme, coupées par une inondation ou isolées par des incendies.

Elle peut aussi couvrir des régions structurellement mal desservies : îles éloignées, massifs montagneux, déserts. Pour les populations locales, cela signifie accès au réseau, à l’information, à la santé connectée ou à l’éducation à distance, sans attendre de coûteuses infrastructures terrestres.

Les capacités de cette plateforme ne se limitent pas à internet. Elle peut aussi embarquer des capteurs environnementaux, pour surveiller la qualité de l’air, les incendies ou les fuites de méthane. C’est un outil de télécommunication, mais aussi de surveillance écologique proactive.

Un géant japonais à la manœuvre

Le projet HAPS de Sceye a pris une autre dimension depuis que SoftBank, l’un des plus gros opérateurs télécoms asiatiques, est entré dans la danse. L’entreprise japonaise a investi dans un vol de démonstration prévu pour 2026 au-dessus du Japon. Son ambition : créer une constellation de plateformes stratosphériques, complémentaire de ses réseaux terrestres et satellites.

SoftBank n’en est pas à son coup d’essai. Depuis plusieurs années, le groupe explore la connectivité non terrestre, convaincu que la stratosphère est un espace sous-exploité mais stratégiquement décisif pour la future architecture du numérique.

Dans son discours lors de l’assemblée générale des actionnaires, le PDG de SoftBank a déclaré que ces plateformes deviendront une infrastructure centrale pour le futur réseau 6G.

Une alternative aux satellites, avec de vrais avantages

Par rapport aux satellites traditionnels, les HAPS offrent plusieurs avantages :

  • Moins de latence, donc une meilleure réactivité.
  • Moins de coûts de lancement, car pas besoin de fusée.
  • Possibilité de maintenance au sol entre deux vols.
  • Déploiement ciblé, adapté aux besoins géographiques réels.
  • Recyclage possible des composants.

En comparaison, les satellites en orbite basse (LEO) comme ceux de Starlink ont besoin de centaines, voire de milliers d’unités, pour couvrir la planète. Ils sont coûteux, plus difficiles à rediriger, et très énergivores pour le service final.

Avec un seul ballon, une couverture de plusieurs centaines de kilomètres carrés est possible. Ce n’est pas adapté à toute la population mondiale, mais c’est idéal pour des régions ciblées ou des urgences humanitaires.

Des performances techniques poussées à l’extrême

Sceye insiste sur la résilience de son enveloppe. Le ballon serait 1 500 fois plus étanche aux gaz qu’un dirigeable classique, et bien plus résistant aux ultraviolets et à l’ozone. Ces matériaux avancés, combinés à une électronique embarquée très légère, autorisent des charges utiles élevées tout en maintenant une flottaison stable.

Depuis ses débuts, le projet a déjà réalisé plus de 20 vols d’essai avec succès. Chaque vol a permis d’ajuster les systèmes embarqués, de tester les communications en condition réelle, et de valider les trajectoires de vol contrôlé dans la haute atmosphère.

Un aspect souvent sous-estimé : la nuit, sans soleil, la plateforme passe sur batteries. Et c’est là que les cellules lithium-soufre entrent en scène, avec leur rapport poids/énergie supérieur à celui des batteries lithium-ion classiques. Cette technologie, encore peu utilisée à grande échelle, pourrait bien devenir une norme dans les systèmes aériens autonomes.

Une technologie d’avenir ou un ballon d’essai ?

Tout cela reste pré-commercial, bien que très avancé. Le vol prévu en 2026 au Japon servira de preuve de concept grandeur nature. Si l’expérience est concluante, SoftBank pourrait industrialiser ces ballons à l’échelle continentale, pour renforcer son réseau dans les zones à faible densité ou sur les théâtres de catastrophe naturelle.

D’autres acteurs travaillent aussi sur le sujet. SoftBank développe en parallèle un HAPS plus lourd que l’air, à ailes fixes, pour augmenter la charge utile et la durée de service. Il s’agit là d’un système plus proche du drone-avion, complémentaire au ballon, et plus mobile.

L’avenir du numérique ultra-connecté ne passera peut-être pas que par les câbles sous-marins ou les satellites à 36 000 kilomètres. Il pourrait bien passer aussi… par un ballon gonflé à l’hélium, suspendu au-dessus de nos têtes.

La France mise aussi à sa façon sur ces géants des airs

Pendant que les Américains s’élèvent à 20 000 mètres avec leurs plateformes HAPS pour rétablir internet dans les zones sinistrées, la France, elle, mise sur une autre altitude et une autre mission : faire renaître le zeppelin pour transporter du concret. Avec le LCA60T de Flying Whales, c’est une véritable révolution logistique à basse altitude qui s’amorce, pensée pour livrer jusqu’à 60 tonnes de marchandises dans des régions que ni camion ni rail ne peuvent atteindre. Là où Sceye flotte dans la stratosphère pour connecter, Flying Whales plane à 600 mètres pour reconstruire, sans kérosène ni béton, avec des moteurs électriques et de l’hélium non pressurisé. Ce mastodonte silencieux, conçu en Gironde, est plus qu’un dirigeable : c’est une réponse tangible aux défis logistiques, écologiques et territoriaux du XXIe siècle. Dans un monde qui redécouvre que l’air peut porter plus que des passagers, le zeppelin redevient un outil, pas une relique. Et s’il vole plus bas que les satellites, il vise tout aussi haut.

HAPS vs Satellite vs Antenne terrestre

Critère HAPS (Sceye) Satellite LEO Antenne terrestre
Altitude 18 000 à 20 000 mètres 500 à 2 000 kilomètres 20 à 50 mètres
Coût de lancement Faible Élevé Modéré
Maintenance possible Oui (retour au sol) Non Oui
Latence Faible (10-20 ms) Moyenne à élevée Très faible (<5 ms)
Zone de couverture Large (200-300 km) Très large (pays entiers) Locale (quelques kilomètres)
Temps de déploiement Quelques jours Plusieurs mois Quelques semaines
Autonomie Plusieurs mois 5 à 10 ans Illimitée

Sceye et SoftBank préparent donc un nouveau maillage du ciel, discret mais stratégique. Si le ballon réussit à tenir ses promesses, ce ne sera pas juste un progrès technique : ce sera un changement de paradigme pour les télécommunications en période de crise.

Source : Communiqué de presse de Sceye

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
Très curieux et tourné vers l'économie, la science et les nouvelles technologies, (particulièrement ce qui touche à l'énergie et les entreprises françaises) je vous propose de de découvrir les dernières actualités autour de cette passion

1 COMMENTAIRE

  1. Oui cela va vite se développer et se propager car trés peu de frais de lancements dans la stratosphère , aucune bases spécifiques et coûteuse la aussi !! Mais d énormes possibilités de communications , observations et surveillances ! Je devine déjà l entreprise de communication novatrice et performante française se placer en pointes pour ses réseaux mobiles communications et internet et…! Pourtant les ballons spaces ne datent pas d hier !!! Je pense à d autres systèmes délaissés qui vont rux aussi surprendre nombres de pionniers qui vont s en inspirer ! Même l armée j ai bien peur qui se fait largement dépassér par les choses les plus simple mises au goût du jour où de l époque !!!
    Bublle !
    Merci Thank you merci a vous et à Tous

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