Airbus parie sur le carburant vert pour les 40 ans de de coopération avec l’industrie aéronautique chinoise.
Ah, la Chine et Airbus, c’est une vieille histoire d’amour ! Cette année, pour célébrer leur 40 ans de coopération (noces d’émeraude), Airbus ne s’est pas contenté d’un gâteau d’anniversaire ou d’un bouquet de fleurs : l’avionneur européen s’est engagé aux côtés de Pékin pour booster la filière du carburant d’aviation durable, ou SAF (Sustainable Aviation Fuels) dans la langue de Shakespeare.
Ce carburant, bien moins polluant que le kérosène classique, est l’un des grands espoirs pour réduire les émissions de CO₂ dans l’aviation. Et Airbus ne mâche pas ses mots : la Chine aurait tout en main pour devenir un leader mondial du SAF d’ici 2030 !
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Airbus croit dans les capacités de la Chine à devenir un leader dans la production carburant d’aviation durable avec 12 millions de tonnes d’ici 2030
Objectif chiffré : 12 millions de tonnes produites par an dès 2030. Une performance de haut vol quand on sait que cela représente près d’un tiers de la consommation mondiale actuelle de carburant aérien.
Actuellement, le pays vise 20 000 tonnes de SAF consommées en 2025. C’est encore peu, mais l’idée, c’est de décoller doucement avant de passer à la vitesse supersonique. Une rampe de lancement progressive, en quelque sorte.
Avec cette feuille de route, la Chine prépare sa mue énergétique dans les airs, et Airbus compte bien être à bord pour le voyage. Entre géopolitique, industrie et climat, on assiste ici à un vrai ballet aérien aux allures de révolution verte.
Claire Kauffmann, responsable de l’écosystème mondial de SAF chez Airbus, résume la vision : « En tant que plus grand contributeur, le SAF contribue à la décarbonation de l’industrie de l’aviation. Par rapport au carburant d’aviation fossile, il peut réduire des émissions de carbone de 80% en moyenne pendant tout le cycle de vie du SAF ».
Les atouts de la Chine pour produire du SAF
La Chine a plusieurs cordes à son arc pour prendre la tête du SAF. D’abord, ses ressources abondantes : huiles de cuisson usagées, déchets agricoles et forestiers, déchets organiques urbains.
Ensuite, un secteur des énergies renouvelables en plein essor, qui permet de verdir la chaîne de production.
Enfin : sa puissance industrielle, ses politiques gouvernementales coordonnées et son environnement commercial stable donnent un cadre propice aux investissements massifs.
Airbus et la Chine, une relation qui vole haut
Au-delà du SAF, Airbus continue de s’enraciner dans l’empire du Milieu. À Tianjin, le site d’assemblage final de l’A320 va doubler ses capacités avec une deuxième ligne opérationnelle début 2026. C’est un signal fort envoyé par Airbus qui ne voit pas la Chine comme un simple client, mais comme un partenaire stratégique à long terme.
Le constructeur européen se montre aussi très attentif aux principes du commerce équitable et de la coopération mutuellement bénéfique, valeurs partagées par la Chine qui mise sur une ouverture commerciale « de haut niveau ».
La course mondiale au SAF est lancée
La Chine n’est pas seule à vouloir verdir les réservoirs des avions. L’Union européenne et les États-Unis ont également mis en place des politiques incitatives pour favoriser l’usage du SAF. Une convergence qui montre bien que la décarbonation de l’aviation ne sera pas un sprint, mais un marathon collectif.
Dans son 14e Plan quinquennal, la Chine a fixé des objectifs clairs : le volume cumulé de SAF consommé entre 2021 et 2025 doit atteindre 50 000 tonnes. La barre des 20 000 tonnes par an en 2025, elle, n’est qu’un premier palier.
Où en est le carburant d’aviation durable en Europe et en France ?
En 2025, le marché mondial du SAF atteindra environ 2,3 milliards d’euros, avec une croissance prévue de 45 % par an jusqu’en 2037. Un bond impressionnant, propulsé par la législation européenne comme le ReFuelEU Aviation qui, dès 2025, exige 2 % de SAF dans les carburants des aéroports européens. L’objectif final ? 70 % d’ici 2050, pour viser la neutralité carbone.
Mais pour atteindre ces chiffres vertigineux, l’Europe doit produire 28 millions de tonnes de SAF chaque année. Cela suppose une sacrée montée en puissance des usines, la chasse aux matières premières durables et un gros coup de pouce à la logistique. Une ambition qui montre à quel point le transport aérien est à un tournant !
En France, la production de SAF reste modeste, même si Air France et TotalEnergies sont déjà sur la ligne de départ. En 2023, la production atteignait 600 millions de litres, soit moins de 1 % de la consommation totale. Une goutte d’huile dans le moteur, mais la France espérait doubler la mise à 1,3 milliard de litres en 2024 (les chiffres n’ont pas encore été communiqués pour savoir si cette promesse a été tenue).
Des ambitions à la mesure du défi climatique
Le secteur aérien est souvent pointé du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre (même si il faut garder la tête froide : le GIEC parle d’1% du total annuel). Le SAF est donc un levier à ne pas négliger pour tenir les objectifs climatiques de l’Accord de Paris, dont la feuille de route est ambitieuse : limiter le réchauffement climatique à +2°C d’ici 2100.
Airbus, en misant sur la Chine, parie sur un géant industriel capable de transformer la promesse du SAF en réalité à grande échelle.
À suivre, car la course pour le ciel propre ne fait que commencer !
Source : french.peopledaily.com