Ce satellite à 74,5 millions d’euros et au rôle vital pour l’humanité vient d’être perdu plus de 3 ans avant la fin de sa mission

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La disparition prématurée de MethaneSAT esrt un drame pour la recherche sur le climat.

Un petit objet de 350 kilos a disparu au milieu du vide spatial, emportant avec lui un pan entier de nos espoirs climatiques. Lancé pour traquer le méthane, gaz à effet de serre redoutable, le satellite MethaneSAT est devenu muet le 20 juin 2025. Silence radio. Plus aucune donnée. Et ce, après seulement 15 mois de mission sur les 5 ans prévus.

Cette disparition, annoncée par l’Environmental Defense Fund (EDF), à l’origine du projet, met en lumière à la fois la fragilité des technologies spatiales et l’urgence de suivre les émissions industrielles invisibles.

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On connaît bien le dioxyde de carbone mais son petit cousin, le méthane (CH₄), mérite aussi sa place sur le banc des accusés. Sur une période de 20 ans, une molécule de méthane piège 80 fois plus de chaleur qu’une molécule de CO₂. Autrement dit, en matière de réchauffement, c’est quasiment ce qui se fait de mieux. Il s’échappe partout où l’on extrait, transporte ou brûle du gaz naturel.

Ce gaz s’échappe aussi de sources naturelles comme les zones humides. Pourtant, la majorité des émissions évitables provient de l’activité humaine, notamment les fuites sur les pipelines, les puits de pétrole mal scellés ou les torchères mal réglées.

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Un satellite pas comme les autres

MethaneSAT ne venait pas du giron d’une agence spatiale classique. Il était le fruit d’une organisation à but non lucratif, financée notamment par un don de 100 millions d’euros du Earth Fund de Jeff Bezos (fondateur d’Amazon).

Il a été conçu pour combler le vide laissé entre deux types de satellites : ceux qui donnent une vue d’ensemble à très large échelle (comme Sentinel-5 de l’ESA), et ceux qui pointent du doigt des émissions très localisées, comme une raffinerie ou une usine de traitement.

MethaneSAT faisait les deux. Il était capable de cartographier des champs entiers d’exploitation pétrolière et gazière, tout en détectant des anomalies fines sur l’équivalent de quatre terrains de football. Sa sensibilité ? 2 parties par milliard de méthane, soit l’équivalent de chercher une aiguille de méthane dans une botte de dioxyde de carbone.

Une fin prématurée, un mystère non élucidé

Le 20 juin, tout s’est arrêté. Sans alerte, sans pic de température, sans surtension. Juste un silence opaque. Depuis, les équipes cherchent l’origine du problème, en vain. Le satellite ne répond plus.

Pour Steven Hamburg, responsable scientifique de l’EDF, c’est un coup dur. Plusieurs années de travail, 74,5 millions d’euros investis, et une promesse de données fines sur un gaz que peu de capteurs savent suivre aussi bien.

Rien ne laissait prévoir cette perte. Aucune panne de batterie, aucun bug logiciel. Le satellite semble s’être évanoui dans l’infini, laissant derrière lui une mission incomplète.

Des données encore exploitables

Tout n’est pas perdu. Les 15 premiers mois de données sont en cours d’analyse. Elles pourraient déjà révéler des milliers de fuites jusque-là invisibles. Et surtout, les algorithmes développés pour interpréter ces données ne sont pas partis avec le satellite.

Ils pourraient être adaptés à d’autres instruments, comme le tout récent GOSAT-GW japonais, lancé le 28 juin. Ce satellite, dédié aussi à la surveillance des gaz à effet de serre, pourrait reprendre le flambeau, du moins en partie.

Une perte qui creuse un vide dans la surveillance mondiale

Selon Riley Duren, directeur de Carbon Mapper, un autre projet de satellite dédié au suivi du carbone, la perte de MethaneSAT crée un trou béant. Aucun autre instrument en orbite aujourd’hui n’offre cette combinaison d’ampleur de couverture et de précision.

Carbon Mapper prévoit de lancer plusieurs satellites similaires, capables eux aussi de cartographier finement les émissions. Mais ils ne remplaceront pas à l’identique la vision panoramique de MethaneSAT. Autrement dit : on voit plus près, mais moins large.

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Une aventure spatiale menée par des scientifiques, pas des industriels

Ce qui rendait MethaneSAT particulièrement innovant, c’était sa gouvernance. Un satellite conçu, financé et opéré par une ONG. Pas de logique commerciale, pas de secret défense. Juste de la science au service de la transparence.

Paul Wennberg, chercheur en sciences atmosphériques au California Institute of Technology, qui a accompagné le projet depuis ses débuts, souligne : “C’était la preuve qu’un autre modèle était possible. Une initiative citoyenne de surveillance globale.”

L’avenir de ce type de projet reste incertain. EDF ne s’est pas encore prononcée sur un éventuel MethaneSAT 2. Pour l’heure, le temps est au deuil scientifique, et à l’analyse des données déjà collectées.

Source : https://www.methanesat.org/project-updates/methanesat-loses-contact-satellite

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Guillaume AIGRON
Guillaume AIGRON
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