Prolonger la vie d’un réacteur nucléaire c’est possible et Framatome va le prouver encore en Belgique.
Gérer une centrale électrique, ce n’est pas simplement veiller à ce que cette dernière soit apte à fournir l’énergie qui est attendue d’elle. Ce sont aussi des milliers de capteurs, de moteurs, de circuits et de pompes qui assurent la stabilité de tout l’édifice et qu’il faut maintenir en état. Imaginez maintenant le cas d’une centrale nucléaire où cette vigilance atteint son paroxysme !
C’est exactement ce qui se joue actuellement en Belgique, où Framatome vient de signer deux contrats décisifs avec Electrabel. L’Objectif ici est prolonger la vie des réacteurs Tihange 3 et Doel 4, deux unités de type REP (réacteur à eau pressurisée) dont l’arrêt définitif devait initialement survenir vers 2025. Changement de programme : ces mastodontes du réseau électrique belge joueront les prolongations.
À condition d’être mis à jour comme il se doit !
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2 chantiers pour Framatome sur les “vieillissantes” centrales nucléaires belges de Tihange 3 et Doel 4
Le RIC : un GPS neutronique pour le cœur du réacteur
Dans le réacteur, le système RIC (“Réinstrumentation du Cœur”) joue un rôle de chef d’orchestre. Il ne dirige pas la musique, mais surveille de très près la partition. Son rôle est de mesurer avec une précision extrême la répartition de la puissance nucléaire à l’intérieur du cœur.
Imaginez une carte thermique en 3D, mise à jour en temps réel, sur laquelle chaque variation compte. Car si la puissance est mal répartie, c’est un peu comme faire chauffer un plat au micro-ondes avec un seul coin bouillant : ce n’est pas optimal. À l’échelle d’un réacteur nucléaire, cela devient surtout dangereux.
Le chantier prévoit le remplacement complet du système actuel : études, composants électroniques et mécaniques, tests de conformité, montage sur site, maintenance, tout est compris. Une opération chirurgicale qui s’étendra sur plusieurs années.
Les GMPP : pomper sans faillir à travers l’acier
Dans une centrale REP, le circuit primaire transporte la chaleur du cœur du réacteur jusqu’aux générateurs de vapeur. Et dans ce circuit, les GMPP, Groupes Moto-Pompes Primaires, font office de moteur cardiaque. Il s’agit de pompes gigantesques, capables de faire circuler des milliers de litres d’eau sous pression, à plus de 150 bars et 300 °C.
Chaque groupe est entraîné par un moteur de plusieurs mégawatts, associé à un stator, pièce centrale qui génère le champ magnétique permettant la rotation. Framatome va moderniser trois stators sur les unités de Tihange 3 et Doel 4. Et puisqu’on parle d’équipements critiques, il ne suffit pas de remplacer une pièce : il faut aussi anticiper. L’entreprise fournira des pièces de rechange neuves, taillées au micron près, à partir de ses sites de production à Jeumont et Maubeuge, dans le nord de la France.
Deux chantiers, un seul mot d’ordre : précision
Ces deux chantiers sont loin d’être anecdotiques. Ils sont la preuve qu’on peut prolonger la vie d’une centrale en garantissant son niveau de sécurité initial, voire en l’améliorant. Une centrale nucléaire, ce n’est pas un appareil que l’on allume et que l’on oublie. C’est un organisme complexe, qui demande une attention continue.
Moderniser un système comme le RIC, ou réviser les moteurs des GMPP, revient à remettre à neuf le cœur et les artères d’un colosse énergétique. Cela demande des moyens humains, des savoir-faire pointus, et une chaîne industrielle capable de livrer au millimètre près, dans un calendrier verrouillé.
Une dynamique industrielle au service de la transition
La Belgique, il faut le rappeler, avait programmé la sortie du nucléaire pour 2025. Elle souhait fermer progressivement ses sept réacteurs et miser sur un mix à base d’éolien, de solaire, et d’importations depuis ses voisins. Ce scénario a tenu jusqu’à ce que la réalité rattrape les ambitions : flambée des prix de l’énergie, tensions géopolitiques et instabilité du réseau ont mis en lumière les limites d’un abandon trop rapide. Résultat : en 2023, un accord historique est signé avec ENGIE (dont Electrabel est une filiale) pour prolonger Doel 4 et Tihange 3 de dix ans, jusqu’en 2035. Framatome rejoint donc le français pour apporter toute son expertise dans le nucléaire.
Ces contrats s’inscrivent dans une tendance européenne bien réelle : prolonger en toute rigueur la vie des centrales existantes pour éviter les trous dans la raquette énergétique. Car les énergies renouvelables progressent certes dans le mix énergétique européen mais s’avèrent pour le moment incapable de prendre le relai du nucléaire, sauf en cas d’appoint avec des centrales au gaz ou pire, au charbon (ce qui semble reculer pour mieux sauter).
En prolongeant Doel 4 et Tihange 3, la Belgique renforce son mix bas carbone tout en gardant une production stable, non intermittente et compatible avec les objectifs climatiques. Le nucléaire devient alors un pilier de transition, non pas en opposition avec les énergies vertes, mais comme un complément stratégique.
Et ce virage n’est pas que belge. La France, les Pays-Bas, la Suède et même certains Länder allemands remettent sur la table le rôle des centrales existantes. Avec un maître mot : sûreté.
Une industrie nucléaire qui sait se renouveler
Framatome, issue du paysage énergétique français, démontre ici son expertise sur des composants à très haute exigence technologique. Son intervention ne se limite pas à vendre du matériel : elle inclut des études de conception, des essais de qualification, de la maintenance assistée et même du support opérationnel auprès des équipes belges.
Ce savoir-faire est précieux. En 2025, tous les pays ne disposent pas de la capacité industrielle pour produire des moteurs de pompe de 8 tonnes ou des capteurs neutroniques résistant à des radiations intenses pendant 40 ans.
Avec ses usines de Maubeuge et Jeumont, l’industriel français reste l’un des rares en Europe à maîtriser l’ensemble du cycle de vie des équipements lourds du nucléaire.
Source : Communiqué de presse de Framatome
Image : Centrale nucléaire de Tihange, Huy, Belgique (wiki Commons)
Ils ont besoin de la France pour leurs centrales mais ils achètent des avions americains F 35 et pas des rafales
Aucun rapport autre que notre ego ..ils sont dans l air du temps de l anti francais…les usa mettent une sacré pression avec leur f35 voir les suisses.les espagnols et les portugais ils n achèteront pas rafales
.c acte..voir les anglais que veulent se rapprocher des 800 milliard de l Europe.. les italiens n en parlons pas…trop d incertitude avec les usa et.surtout ne pas fâché..donc plus facile de contrarié les français que se fâcher avec l oncle Sam…et nous accrocher à notre superbe on prend des claques de partout…
Il faut arrêter avec le melon. Electrabel fait appel à Framatome comme à tout autre expert dans le nucléaire. La Belgique n’a pas de société capable de réaliser ce genre d’opération et fait donc appel à une société étrangère. Dans le milieu du nucléaire, rien d’anormal. La Belgique (Tractebel et Electrabel) ont réalisé eux-mêmes tout le dossier de prolongation des 2 unités, sans l’aide de la France, et dans un temps reccord. Ils ont donc aussi des gens très compétents.
L’histoire des F35 ou autre n’a absolument rien à voir.
Bref, les Français doivent se calmer et redescendre sur terre. Ils sont bons, certes, mais il y a des gens compétents ailleurs. Et le fait de faire appel à Framatome est juste lié aux compétences spécifiques de cette entreprise, et rien d’autre. D’ailleurs, sachez qu’il y a une filiale belge de Framatome, avec majoritairement des Belges et non des Français.